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par Blanca Jiménez Garcia

Depuis quelques mois, la population indienne se réveille et manifeste dans la rue. Elle réclame plus de protection, moins d’inégalités, une amélioration des conditions de travail. Confrontations entre tradition et modernité.

 

inde

Il faut se rappeler qu’une des caractéristiques de l’Inde est son système de castes socio-professionnelles qui règle et organise la société, bien que la ségrégation due aux castes soit théoriquement prohibée par la constitution. C’est de ce système que proviennent les principales inégalités. Ces castes représentent un frein à la mobilité sociale des Indiens puisqu’ils ne peuvent appartenir qu’à une caste et qu’il leur est impossible d’en changer. Cependant, la situation est en train de se modifier. Le développement de l’économie indienne et de secteurs tels que l’informatique favorise la mobilité sociale et le mélange entre castes.

 

L’Inde est également l’un des producteurs majeurs de biens industriels et de services dans le monde. Néanmoins, si elle est source de croissance mondiale (l’OCDE prévoit que la contribution de l’Inde à la croissance économique mondiale sera de 20% en 2030 et de presque 30% en 2060), elle est aussi source d’énormes inégalités et injustices sociales. L’égalité entre les hommes et les femmes est loin d’être atteinte. Près de 25% de la population se trouve en dessous du seuil de pauvreté -un quart de la population survit avec moins de un dollar par jour- et près de 80% de la population en âge de travailler le fait dans le secteur « inorganisé », sans revenu régulier et en tant que travailleurs occasionnels.

 

En septembre dernier, une grève nationale était organisée contre les nouvelles réformes économiques considérées comme anti-pauvres par une bonne partie de la société. Ces réformes concernaient la grande distribution : les grandes multinationales telles que Tesco (anglaise), Walmart (américaine) ou Carrefour (française) allaient pouvoir acquérir la plupart des commerces multi-marques indiens. Jusqu’alors, ces entreprises déjà présentes sur le marché indien n’étaient pas autorisées à vendre directement aux consommateurs afin de protéger les commerçants indiens. Les petits et grands commerçants indiens sont donc sortis dans la rue protester contre cette nouvelle réforme.

 

Les protestations citoyennes ne se sont pas arrêtées là : en décembre dernier, des milliers de personnes manifestaient contre les violences faites aux femmes suite au viol et au décès d’une étudiante.

En début d’année, les revendications sociales ont gagné de l’ampleur. Le 28 février dernier, une grève générale était lancée par l’ensemble des syndicats qui réclamaient un renforcement du droit du travail. Le gouvernement rencontre certaines difficultés à mettre en place ses réformes et la population indienne n’a trouvé d’autre moyen pour se faire écouter que de déclencher une grève générale. Le peuple protestait contre la « politique anti-travail » du gouvernement. Les Indiens exigeaient l’instauration d’un salaire minimum et des contrats à durée indéterminée pour une cinquantaine de millions de travailleurs temporaires (soit, pour donner un ordre de grandeur, la quasi-totalité de la population espagnole).

 

Le secteur économique indien semble prêt aux réformes, mais est-ce le cas pour la société ? Le peuple indien est il prêt à ces transformations ?

 

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