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par Metis avec AFP, Courrier International, Clés du social

Deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine, le Bangladesh a une économie très dépendante du textile, secteur qui, en 2012, représentait 80% de ses exportations. Mais le pays pouvait – il fermer les yeux sur les conditions de sécurité de ses usines alors que plusieurs accidents industriels ont eu lieu ces mois derniers provoquant la mort de centaines de salariés ? C’est dans ce contexte que 70 grands groupes internationaux ont signé lundi 8 juillet un accord visant à améliorer les conditions de travail dans les usines textiles du pays. Quelles en sont les principales dispositions ?  

Si les Américains Walmart et Gap ont refusé de s’engager par écrit, Carrefour, Tesco, Zara, Benetton, H&M pour ne citer que les plus connus ont signé cet accord « incendie et sécurité » juridiquement contraignant avec les fédérations syndicales internationales IndustriAll et UNI, accompagnées par plusieurs ONG. Soucieux de leur image de marque et sensibles au scandale lié à ces drames, ces grands groupes de distribution, essentiellement européens, se sont engagés à inspecter toutes les usines de textile du pays et à effectuer les travaux de sécurisation indispensables, sans toutefois prendre d’engagements financiers précis : le coût de la modernisation des ateliers a été estimé par une étude locale à 2,3 milliards d’euros. Néanmoins, ces entreprises s’engagent non seulement sur la sécurité, mais aussi sur la durée de leur relation commerciale avec le Bangladesh puisque le texte est signé pour cinq ans. Le texte prévoit des normes minimales de gouvernance, d’inspection et de réalisation des travaux. Ces dernières s’appliqueront à tous les fournisseurs des entreprises signataires qui seront tenues d’en fournir une liste et de s’assurer qu’ils acceptent les obligations prévues par l’accord.  

 

Parmi les dispositions importante dudit accord figure la mise en place d’un comité de sécurité transnational chargé de mettre en place un programme d’inspection de la sécurité. Composé à parité de représentants syndicaux et de représentants des entreprises signataires, le comité comptera également un représentant de l’Organisation Internationale du Travail. Il tiendra à jour la liste unique des fournisseurs et de leurs sous-traitants désignés par les parties à l’accord. Le comité pourra aussi décider, par consensus ou à la majorité, des modalités de règlement d’éventuels différents entre ses membres. Il nommera un inspecteur en chef indépendant qui supervisera une équipe d’inspecteurs travaillant conformément aux règles internationales sur la sécurité des lieux de travail comme aux normes bangladaises, entretemps revues et renforcées. L’ensemble des usines couvertes par l’accord feront l’objet d’une première inspection dans les deux prochaines années. En cas de danger imminent pour la sécurité des travailleurs, l’inspecteur du travail informera immédiatement la direction de l’entreprise et le comité de contrôle afin de conduire des travaux dans des délais précisément impartis. Seront aussi développés, sous l’autorité d’un responsable ad hoc, des programmes de formation aux procédures de sécurité et aux mesures de prévention. Visant outre les responsabilités éminentes des employeurs, ceux-ci devront également préparer les travailleurs à interpeller leurs directions en matière de sécurité en s’appuyant sur un mécanisme d’alerte prévu par l’accord. Enfin l’accord transnational prévoit que les fournisseurs des entreprises signataires mettent en place un comité santé et sécurité.  

 

Quel sera le sort concret de cet accord ? Comment coopéreront entreprises européennes et autorités locales ? L’Association bangladaise des fabricants et exportateurs de textile (BGMEA), qui représente les 4.500 usines du pays, avait initialement salué l’accord avant de revoir sa position, estimant que le gouvernement et les propriétaires d’usines auraient dû être associés. Et ce d’autant que l’accord prévoit d’être administré depuis… Amsterdam ! Selon une déclaration du vice-président du BGMEA faite à l’AFP, « on aurait dû inclure la BGMEA et les fabricants de vêtements dans l’accord et ses instances de décision. Après tout, ce sont nos usines qu’ils vont inspecter ». Légitime cette demande sera-t-elle prise en compte ? Et si oui, au prix de quels compromis ?

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