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par Albane Flamant

Forte de ses 20 ans d’expérience au Parlement Européen, la nouvelle commissaire à l’emploi et aux affaires sociales Marianne Thyssen a fait bonne impression lors de son audition devant les représentants du Parlement Européen. Que pouvons-nous espérer de cette nouvelle actrice de la question sociale européenne ? Metis vous propose un retour sur les grands points de son audition.

 

Thyssen

Dans la tourmente de ses négociations gouvernementales, la Belgique a remis bonne dernière le nom de sa candidate au poste de commissaire européen. A l’inverse de la majorité de ses collègues, la Belge n’a jamais exercé de fonction plus élevée que celle d’eurodéputée. C’est pourtant à la chrétienne-démocrate Marianne Thyssen que Jean-Claude Juncker a décidé de confier l’important portefeuille de l’emploi et des affaires sociales.  

 

« La crise n’est pas terminée et elle ne le sera pas aussi longtemps que 26 millions d’hommes et de femmes seront sans emploi », expliquait-elle dans une de ses réponses écrites aux questions des eurodéputés. « Mon rôle sera de contribuer à créer les conditions permettant à chacun de retrouver du travail dans notre marché unique toujours inachevé. »

 

Face aux représentants du Parlement, le discours de la commissaire belge était cohérent par rapport aux engagements du président Juncker pour une Europe sociale « AAA ». Pour elle, la compétitivité et l’équité sociale « sont deux côtés d’une même pièce et forment la base de l’économie sociale ».

 

Au fil de la présentation se sont dégagées des priorités claires : la garantie jeunesse, qui doit devenir une réalité de terrain, la lutte contre la pauvreté, un marché du travail tourné vers l’intégration, un dialogue renforcé avec le Parlement, les Etats membres et les partenaires sociaux, et finalement une plus grande égalité salariale.

 

« La croissance en elle-même n’est pas assez. Elle est nécessaire, mais nous devons nous assurer qu’elle permette de créer des emplois », a déclaré Thyssen pendant son audition.

 

Pour ce faire, elle se propose de stimuler les nouvelles entreprises en réduisant les lourdeurs administratives et en lançant une nouvelle politique d’investissement dans la recherche et le développement pour restaurer la croissance et créer l’emploi. Thyssen s’est aussi prononcée pour une continuance de la politique d’austérité budgétaire mais insiste pour une plus grande prise en compte des indicateurs sociaux dans les décisions de la Commission.

 

Malgré le succès relatif de la commissaire belge au cours de son audition, la problématique des travailleurs détachés reste au centre des préoccupations des eurodéputés. La socialiste Jutta Steinruck (S&D – Allemagne) s’est par exemple déclarée déçue par le manque de précisions quant aux actions concrètes que la commissaire compte mener pour lutter contre le dumping social. Comme elle l’a répété, la priorité de Thyssen sera de mettre en oeuvre la directive existante. pendant une période d’évaluation de deux ans, afin de déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans la directive, puis éventuellement la revoir.

 

Le seul véritable rebondissement de cette audition plutôt calme a eu lieu suite à une question d’un député de l’UKIP sur la mobilité des travailleurs dans l’Union Européenne : l’audience a applaudi la résolution de Thyssen de ne pas toucher à cette liberté, qu’il est selon elle impossible de dissocier du marché intérieur et de la libre circulation des biens. Notons aussi sa réponse à une question sur la possibilité d’un salaire minimum européen : s’il n’en tenait qu’à elle, il deviendrait une réalité, mais cela reste au-delà des compétences de l’Union Européenne.

 

De l’égalité salariale à l’impact du TTIP sur les standards sociaux européens, les sujets évoqués durant cette audition ont été plus que variés. Mais à la fin, comment jugerons-nous de l’efficacité de Thyssen en tant que commissaire de l’emploi et des affaires sociales ? Elle nous a elle-même fourni son étalon en guise de conclusion de son audition: à la fin de son mandat, le taux d’emploi devra avoir augmenté, et la pauvreté réculé.

 

Pour aller plus loin

Lueur d’espoir à Bruxelles ? 

Les vidéos de l’audition Marianne Thyssen  


Crédit image : CC/Flickr/Marianne Thyssen

 

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