Portraits
La Consommation, c’est du travail
En plus d’être citoyens, nous sommes (souvent) travailleurs et (presque toujours) consommateurs. Mais ce qui change, c’est que nous sommes en recherche de congruence, c’est-à-dire que nous essayons de faire en sorte que ces différents rôles ne se trouvent pas en contradiction. De même, les mutations du travail et de la consommation sont en interactions permanentes.
L’établi
C’était il y a un peu plus de cinquante ans. En France, les accords de Grenelle puis les élections législatives de juin ont refroidi « l’explosion utopique » du mois de mai 1968. Décidés à « continuer le combat » en y associant plus étroitement la classe ouvrière, des militants parmi les plus politisés se font embaucher en usine. Robert Linhart, normalien, agrégé de philosophie, est l’un d’eux. Il « s’établit », selon l’expression de l’époque et conformément à un appel de Mao Tsé-toung pour que les intellectuels, qui sont « appelés à servir les masses ouvrières et paysannes » aillent, pour les comprendre, vivre la vie de ces dernières — « par exemple deux ou trois ans voire plus ». Le film de Mathias Gokalp, L’établi, raconte son aventure de quelques mois dans l’usine Citroën de la Porte de Choisy à Paris.
La fabrique du consommateur
Le concept de « société de consommation » questionnait notre propension à faire de la possession des choses le principe et la finalité de nos vies. La consommation est simultanément, et souvent contradictoirement, vue sous des angles différents. L’un d’eux est économique. Consommer est une question de prix et de pouvoir d’achat. Un autre est utilitaire. L’objet qui me rendrait service est-il disponible ? Des considérations politiques, éthiques et écologiques peuvent intervenir, comme lorsque nous décidons de ne plus consommer d’aliments carnés. Le livre d’Anthony Galluzzo en explore la portée symbolique. Il retrace les grandes étapes de « notre conversion à la consommation » qui a fait « des objets et des pratiques de consommation les dispositifs centraux de la définition et de la mise en scène de soi ».
La société de supermarché
Leader mondial, gardien du pouvoir d’achat, aménageur de territoire, arbitre des consommations : ainsi aime à se présenter la grande distribution française. Mais pour Jérôme Fourquet et Raphaël Llorca, c’est encore trop peu : véritable matrice des rapports sociaux et des modes de vie contemporains, elle fait de nous les sujets de la « société du supermarché ». Propos recueillis par Jean-Louis Dayan.
Pour un développement raisonné de l’apprentissage dans les lycées professionnels
À l’heure où la ministre de l’Enseignement et de la formation professionnelle Carole Grandjean et ses équipes mettent la dernière main à leurs propositions, attendues dans les semaines qui viennent, il est intéressant de revenir sur les travaux engagés depuis 2 ans sur la question du développement de l’apprentissage dans les lycées professionnels, principalement par l’association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET), mais aussi par l’association des inspecteurs de l’éducation sans frontière (IESF), et d’en rappeler les principaux messages. Jean-Raymond Masson fait le point après s’être entretenu avec Philippe Dole et Roland Kastler, Président et Vice-Président de l’AFDET, ainsi qu’avec Jean-Claude Bellanger, ancien Secrétaire de l’Association ouvrière des Compagnons du devoir et du Tour de France et fondateur du cabinet INDICOM qui intervient auprès des CFA.
Dialogue social et travailleurs indépendants
Le développement de l’achat en ligne et son corollaire la livraison à domicile, ou au bureau, dans des délais de plus en plus courts font partie des évolutions des modes de consommation notables et récentes. Le sujet de la livraison à domicile concerne un grand nombre de travailleurs. Son organisation est en pleine structuration, notamment pour ce qui concerne le dialogue social, moyen choisi par l’administration française pour améliorer les conditions de travail. L’Autorité des Relations sociales des Plateformes d’Emploi (ARPE) a été créée le 21 avril 2021. Joël Blondel, qui en a été nommé directeur général par décret du 29 novembre 2021, revient sur la mise en place d’un dialogue social hors norme. Il répond aux questions de Fanny Barbier.