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par Thomas Schnee

AirbusQuelle est l’importance de la sous-traitance ?
Dans l’aéronautique allemande, la structure de la sous-traitance est composée de centaines de PME de petite taille, en moyenne 50 salariés. Il est donc difficile de savoir combien dépendent d’Airbus et seront éventuellement touchées par Power 8. Une partie d’entre elles se sont réunies dans l’association Hanse Aerospace. Dans le nord de l’Allemagne, environ 14 000 personnes sont employées dans le secteur auxquels s’ajoutent les salariés des sous-traitants installés en Bavière et dans le sud. En règle générale, pour un salarié d’Airbus Deutschland, nous comptons un salarié dans la sous-traitance. Soit environ 22 000. Certaines ont un personnel fortement syndiqué, d’autre pas. Cela dépend de l’histoire, de la culture d’entreprise et de la taille de la structure.

A quel point les sous-traitants allemands sont-il touchés par Power 8 ?
Power 8 prévoit de réduire le nombre des sous-traitants d’Airbus. Lesquels et dans quelle mesure, personne ne le sait encore clairement. Il est donc difficile d’effectuer des prévisions sur l’emploi. Je reviens tout juste d’un salon consacré à l’aménagement des cabines d’avions. Le moral des entreprises sous-traitantes est plutôt bon. Bien sûr, les retards de livraison de l’A380 posent de gros problèmes de liquidité à certains, mais dans la plupart des cas, ils peuvent bénéficier d’aides publiques pour surmonter cette mauvaise passe. Ce que beaucoup font remarquer, c’est qu’il existe des contrats de livraison qui ne peuvent être dénoncés n’importe comment et que le programme A 380 est, certes, retardé mais en aucun cas annulé.

Avez-vous une gestion commune de la crise Airbus, ou une coopération entre l’IG Metall et les sous-traitants ?

Bien qu’il y ait des adhérents et des représentants de l’IG Metall dans certaines d’entre elles, il y a un réel problème de communication et de représentation des entreprises. Il est question depuis plusieurs années de créer un groupe de discussion ou une fédération qui regrouperait la plupart d’entre elles et constituerait un interlocuteur représentatif pour l’IG Metall. Cela ne permettrait pas seulement de traiter plus efficacement les questions de représentation des salariés et de défense de l’emploi dans le secteur, mais aussi de créer des coopérations au niveau national et européen. Là, nous aurions besoin de l’aide de la politique. Hélas, la discussion est ancienne et le projet n’a toujours pas abouti.

Comment envisagez-vous la coopération avec vos collègues français ?
Au début, les relations n’ont pas été toujours faciles. Ici où là, il existe parfois des résistances individuelles. Mais de manière générale, des plates-formes de discussions ont été établies, notamment via le CE européen et nous recherchons en commun une solution où personne ne doit sortir perdant. La focalisation des médias sur le site de Toulouse ou sur le transfert de la production de l’A 350 à Hambourg est réductrice. Il y a beaucoup plus de choses que cela dans la balance. Par exemple, on n’entend pas grand-chose sur la vente de certaines usines françaises. L’application de Power 8 ne fait que commencer et il y a beaucoup à négocier. Bien sûr, même si Airbus est une « entreprise politique », qui donc besoin de la politique pour régler certains de ces problèmes, la fin de la campagne électorale française devrait apaiser le débat.

Propos recueillis par Thomas Schnee

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