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par Planet Labor

Près de trois mois après l’annonce très controversée, le 15 janvier 2008, de la fermeture de l’usine de Nokia à Bochum, le géant finlandais de la téléphonie et le comité d’entreprise ont fixé, le 8 avril, à Düsseldorf, les grandes lignes d’un plan social d’un volume de 200 millions d’euros, soit presque trois fois plus que prévu initialement. L’usine, qui emploie quelque 2300 salariés, fermera ses portes le 30 juin.

nokia bochum

Lors d’une conférence de presse commune, des représentants de la direction et du CE ont précisé que les 2300 salariés seraient libérés dès le 30 mai de leurs fonctions tout en conservant leurs salaires. À compter du 1er juillet, les préavis de licenciement seront fixés de façon individuelle pour tous les salariés en fonction de la durée de leur appartenance à l’entreprise. Ils seront compris entre 1 et 7 mois. Tous les salariés licenciés seront ensuite repris pendant un an par une société de transfert (Transfergesellschaft), chargée jusqu’à début 2010 de les aider à trouver un nouvel emploi. Sur les 200 millions d’euros payés par Nokia, 15 millions d’euros seront affectés au financement de cette société et 185 millions au paiement d’indemnités de licenciement. Les modalités de versement des indemnités seront fixées dans les deux semaines à venir, a précisé le CE.

Recherche de repreneurs. Par ailleurs, deux domaines de l’usine seront vendus : « Line Fit Automotive Business » ainsi qu’une partie du département Développement de logiciels. Ce qui devrait permettre de maintenir 300 emplois. La direction a assuré qu’elle cherchait encore d’autres repreneurs avec le soutien du Land de Rhénanie du Nord-Westpahlie (RNW) et de la ville de Bochum. « Les discussions sont bien engagées. Nous en saurons plus à la fin de l’année » , a confirmé Ulrike Kleinebrahm, responsable de l’IG-Metall à Bochum.

Le résultat d’une forte mobilisation. Visiblement satisfaits, les représentants des salariés ont salué l’accord obtenu. Nokia ne voulait nous donner au départ « que 70 millions d’euros à titre de compensation », a rappelé Gisela Achenbach, présidente du CE. Oliver Burkhardt, chef de l’IG-Metall en Rhénanie de RNW a estimé, pour sa part, que ce résultat n’avait été rendu possible que par la « forte mobilisation des salariés et la solidarité de l’opinion publique ». L’annonce de la fermeture du site de Bochum et de sa délocalisation en Roumanie avait en effet déclenché une immense vague de protestations. La Fédération européenne des métallurgistes (FEM) avait dénoncé « l’information tardive de son CE européen » et « une évidente violation de la directive sur les comités d’entreprise européens » (v. dépêche nº 80042). Accusant Nokia de lâcher Bochum après avoir encaissé d’importantes subventions étatiques, des hommes politiques de premier plan avaient appelé indirectement au boycott des téléphones mobiles Nokia. Le CE et l’IG-Metall avaient organisé des manifestations géantes. Selon l’IG-Metall, cette mobilisation n’a certes pas permis de sauver l’usine, mais elle a obligé le groupe finlandais à faire d’importantes concessions.

Remboursement des aides régionales. Reste à savoir à présent si le Land de RNW va continuer à réclamer à Nokia le remboursement de 60 millions d’euros (41 millions plus 18 millions d’intérêts) de subventions étatiques. Le Land estime en effet avoir subventionné 2860 « emplois durables » sur le site de Bochum qui n’emploie que 2300 personnes. Mais l’entreprise, qui compte également les salariés intérimaires et les employés des services de nettoyage et de sécurité, assure employer 3200 personnes à Bochum. S’estimant dans son bon droit, elle a donc refusé de réagir à l’ultimatum lancé par le Land, qui avait menacé de porter plainte si Nokia ne remboursait pas les 60 millions d’euros d’ici à fin mars. « Nous espérons trouver une solution dans les prochains jours », a déclaré Veli Sundbäck, président du conseil de surveillance de Nokia Deutschland. « Notre position dépendra du résultat des discussions très constructives que nous menons actuellement avec Nokia pour créer de nouveaux emplois dans la ville de Bochum », a confié à Planet Labor un porte-parole du ministère de l’Économie du Land de RNW.

Planet Labor, 9 avril 2008, n° 080283 – www.planetlabor.com

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