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par Planetlabor

grève allemagne

Ces dernières années, le nombre de grèves, souvent spectaculaires, a sensiblement augmenté outre-Rhin. L’Allemagne demeure toutefois un pays, en comparaison internationale, peu touché par les grèves. Telles sont les principales conclusions de la nouvelle édition 2008 du manuel tarifaire de l’Institut de science économique et sociale WSI de la Fondation Hans-Böckler, proche des syndicats, présenté le 29 avril 2008, à Berlin.

Selon l’auteur de cette analyse, Heiner Dribbusch, la récente hausse du nombre de grèves a été d’autant plus remarquée outre-Rhin qu’elle fait suite à une période de très grande stabilité sociale à la fin des années 90. « Certains indices montrent que cette phase touche à sa fin. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’Allemagne soit devenue une République des grèves », explique M. Dribbusch. Les années 2006 et 2007 ont été marquées par d’importantes grèves et la tendance se poursuit en 2008. Ainsi, les grèves d’avertissement lancées dans les secteurs de la sidérurgie et de la fonction publique en ce début d’année ont réuni, à elles seules, plus de 470 000 salariés. Selon l’auteur de l’étude, ce phénomène s’explique par la plus forte disposition des salariés à faire grève.

Le chercheur distingue, entre autres, trois types de grèves :

  • Les « grèves d’avertissement efficaces », perçues comme une véritable menace de grève par le patronat. En font partie les grèves d’avertissement menées ces dernières années dans la métallurgie et la sidérurgie ainsi que dans la fonction publique.

  • Les « grèves offensives », visant à imposer un accord salarial spécifique, comme celles menées par le petit syndicat des conducteurs de train GDL ou par celui des médecins Marburger Bund.

  • Enfin les « grèves défensives », en forte augmentation, visant à lutter par exemple contre une augmentation du temps de travail, comme en 2007 chez Deutsche Telekom ou en 2008 chez Deutsche Post , ou encore contre la fermeture d’un site, comme par exemple chez AEG Nürnberg .

Très faible recours à la grève. Toutefois, l’Allemagne reste, en comparaison internationale, un pays largement épargné par les grèves. Ainsi, entre 1995 et 2006, le nombre de journées de travail supprimées, suite à une grève, par 1000 salariés s’est élevé en moyenne annuelle à 3,6 outre-Rhin, contre 203,4 au Canada, 134,8 en Espagne, 91,4 en France et 74,3 en Norvège. Le seul pays à obtenir un score plus faible que l’Allemagne est la Suisse avec 2,8 jours de travail perdus. Selon M. Dribbusch, cette faible intensité des conflits sociaux s’explique notamment par le droit de grève assez restrictif en vigueur outre-Rhin (en Allemagne, les grèves politiques sont interdites). D’autres facteurs y contribuent également, comme l’existence de syndicats uniques et donc peu nombreux, le modèle de la cogestion ainsi que le système des accords de branche (Flächentarifverträge), qui permettent de rejeter les conflits à l’extérieur de l’entreprise. L’analyse s’achève par une mise en garde : une augmentation du nombre d’accords d’entreprise (Firmentarifverträge), souhaitée par le patronat, pourrait avoir une influence sur le nombre et l’intensité des conflits sociaux.

Planet Labor, 14 mai 2008, n°080384- www.planetlabor.com

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