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par Planetlabor

harald

Le retour aux racines, Harald Børsting l’avait promis lors de son élection à la présidence de la centrale syndicale LO, il y a six mois. Le but ? Arrêter l’hémorragie des effectifs qui touche LO depuis 1996. La situation est si grave que, sans remèdes efficaces rapides, le nombre d’adhérents pourrait passer sous la barre du million. Dès le début de son mandat, le nouveau président a ainsi privilégié le renforcement des unités locales et le soutien des représentants du personnel sur les lieux de travail. « Nous sommes en train de bâtir un grand laboratoire expérimental, où nous développons de nouvelles idées et essayons diverses méthodes », a expliqué M. Børsting à l’hebdomadaire syndical U4, ajoutant que LO doit offrir à tous ses adhérents la possibilité d’échanger les expériences et de soutenir le recrutement de nouveaux membres dans les diverses unions syndicales.

Des habits neufs pour des valeurs anciennes. Une des méthodes actuellement mise en œuvre par plusieurs syndicats de Copenhague se révèle efficace. Faisant sortir les syndicalistes de leurs bureaux, elle « débureaucratise » le syndicat pour le rendre aux travailleurs. Paradoxalement, cette pratique a été empruntée aux syndicats anglais T&G et américain SEIU, dans des pays où le syndicalisme est plus faible qu’au Danemark, mais où cette méthode leur a permis d’augmenter significativement le nombre d’adhérents. Le modèle est simple : un syndicaliste formé au développement, nommé organizer, visite les entreprises dans le but d’organiser les salariés et d’activer les membres des syndicats sur les lieux de travail. Il parle avec les employés et identifie parmi eux les « leaders » qu’il formera ensuite, afin qu’ils organisent leurs collègues. Comme l’a expliqué à U4, Bo Rosschou, vice-président du syndicat des peintres en bâtiment de la capitale (Malernes Fagforening Storkøbenhavn), lui-même organizer : « Les membres doivent participer à l’organisation sur les lieux de travail, ainsi tous se sentent partie du syndicat ». Suivant cette méthode, ce syndicat a mis en place un projet sur la sécurité qui a débouché sur l’établissement d’une unité pour la sécurité au travail sur plus de 50 chantiers.

Retour aux lieux de travail. Le syndicat HK/Service Hovedstaden a mis en oeuvre cette méthode dans les trois branches où il était le plus faible : la santé, les centres d’appel et le transport. Avec succès. Le premier test s’est déroulé dans une entreprise de l’aéroport avec plusieurs centaines d’employés, dont seulement 60 syndiqués. Désormais six leaders sont déjà actifs parmi eux et, dès février, le syndicat a enregistré plus de 50 nouveaux membres. Ce n’est que le début, a assuré à U4 Søren Hallum Andersen, l’organizer qui, fin avril, a aussi animé la première formation danoise sur cette méthode. Onze stagiaires de sept syndicats de la capitale se sont exercés pendant une semaine à apprendre les ficelles théoriques et pratiques de cette pratique de reconquête syndicale.

Le prix. Ce nouveau modèle a un coût que l’organisation syndicale doit payer si elle veut changer. Un coût réel car les syndicats qui l’utilisent déjà ont mis de coté jusqu’à 10% de leur budget total, comme HK/Service Hovedstaden. Et un coût également politique, car cela nécessite de revoir le rôle de prestataire de services que s’est construit le syndicalisme danois. Divers experts voient dans ces premières expériences, bien qu’encore limitées à la capitale, le début d’un changement de mentalités vers plus d’activisme et moins de bureaucratie.

Planet Labor, 22 mai 2008, n°080417 – www.planetlabor.com

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