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En publiant « La nouvelle Europe, carnets de route », Danielle Kaisergruber fait œuvre utile et nous enchante.

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Œuvre utile puisqu’elle nous informe et nous instruit sur les pays de la nouvelle Europe : Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Lituanie, Estonie, Lettonie, Slovénie… L’information est de première main. Elle nous donne à voir ce qui se vit, se fabrique, se transforme, se pense dans ces pays. Les titres des chapitres disent exactement la succession des regards et des angles choisis pour l’analyse : « Portraits et paysages : arrêts sur images », « Le grand chambardement économique », « Le terrain de jeu des grandes entreprises de l’Ouest », « Le paradis des emplois atypiques », « Migrations en Europe : des mouvements en tous sens », « Des salariés et des citoyens encore mal protégés ».

Quelques courts extraits. Sur l’élargissement et la transition : « Pour les discussions préparant l’élargissement par exemple, vous n’imaginez pas le nombre de rapports et de notes macroéconomiques préparés par les meilleurs spécialistes, et jamais un mot sur l’emploi, sur les hommes, sur les changements de qualification, de modes de travail qu’il faudrait assumer » ou « Toute une première génération de responsables a ainsi été une génération d’intellectuels et d’humanistes de grande culture. Ensuite sont venus les technocrates. Et sont restés ou réapparus les anciens cadres communistes ». Sur un enjeu plus actuel : « La gouvernance européenne d’un ensemble d’Etats-nations s’invente et se fabrique au jour le jour, mais les citoyens ne la voient pas. Il lui manque cette dimension essentielle à la démocratie que sont les passions politiques, la possibilité d’identification à des hommes et des femmes. En ce sens, seul Jacques Delors a su compter…. Ce sont des valeurs, des idées, des musiques qu’il faut chercher du côté du Danube. Au moins autant que des relais de croissance ».

Et enchantement, puisque Danielle Kaisergruber mêle alertement mise en perspective historique, curiosité pour la géographie, précision des données économiques, connaissance précise des soubresauts de la vie politique et réflexions, anecdotes ou impressions plus personnelles. Enchantement aussi puisque le livre est court, vif, bien écrit. Comme une politesse à l’égard des lecteurs. Politesse rare et toujours appréciée. Enchantement enfin parce qu’au final, dans cette période de replis nationalistes, c’est un livre optimiste sur la possibilité de faire l’Europe. Non pas parce qu’il n’y aurait pas d’autre choix ou parce que la formule magique de la bonne constitution serait enfin trouvée, mais parce que l’Europe serait simplement désirable.

Jean-Marie Bergère

Danielle Kaisergruber est directrice de DKRC, société d’études et de conseil
« La nouvelle Europe » est éditée aux Editions de L’Aube

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Directeur d’une Agence régionale de développement économique de 1994 à 2001, puis de l’Association Développement et Emploi, devenue ASTREES, de 2002 à 2011. A la Fondation de France, Président du Comité Emploi de 2012 à 2018 et du Comité Acteurs clés de changement-Inventer demain, depuis 2020. Membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire des cadres et du management. Consultant et formateur indépendant. Philosophe de formation, cinéphile depuis toujours, curieux de tout et raisonnablement éclectique.