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par Krastyo Petkov

Avec la crise, l’Etat fédéral américain est devenu l’actionnaire principal des Télécoms bulgares. Improbable, mais vrai.

BTC

En quatre ans, la Bulgarian Telecom Company (BTK) a changé quatre fois de propriétaire. Rien de moins. (Lire aussi: Histoire d’une privatisation criminelle) Le dernier en date était l’assureur américain AIG. La banqueroute et la nationalisation du géant fait aujourd’hui de l’Etat américain l’actionnaire majoritaire.

L’ancien monopole d’Etat a connu des privatisations consécutives plutôt singulières. La première privatisation a lieu en 2004. Le conglomérat offshore Viva Ventures acquiert les 2/3 des parts du BTK, qu’il revend en 2006 au milliardaire islandais Thor Björgólfsson. Un an plus tard, AIG s’impose comme l’acheteur stratégique : pour quelques mois seulement.

Cette histoire est doublement instructive. Elle divulgue tout d’abord les méthodes d’investissement des acteurs internationaux dans le secteur des hautes technologies. Le cas des Télécoms bulgares s’inscrit ici dans une stratégie d’achat et de revente opportuniste dont l’objectif est purement lucratif. Elle montre aussi les conséquences complexes des restructurations sur l’emploi et le dialogue social.

L’entreprise est bradée

Deux millions de clients, une infrastructure développée avec couverture nationale, les Télécoms bulgares pèsent lourd. Les investisseurs ne s’y trompent pas. Viva Ventures, créée spécialement pour l’occasion par le fond de pension américain Advent achète la majeure partie des parts de l’entreprise. L’entreprise est alors bradée pour 250 millions d’Euro. L’homme d’affaire Thor Björgólfsson réussit ensuite à acquérir les parts de Viva Ventures, alors qu’il lui est en principe interdit d’effectuer des transactions financières pendant trois ans. Il revend d’ailleurs ses parts à AIG quelques mois plus tard, pour un prix quatre fois et demi supérieur.

Les principaux perdants de ces privatisations sont les employés et leurs représentants syndicaux, car ces privatisations en série ont eu raison de plus de 20 000 emplois. En 2004, sur les 24 000 employés initiaux, 9 000 sont immédiatement licenciés, 4 000 suivent l’année d’après. Une partie des services ferment ou sont confiés à la sous-traitance. Externaliser et décentraliser sont les mots d’ordre des différentes directions, sans compter les milliers annoncés pour 2009.

La crise financière est un nouveau coup dur. Les Telecoms bulgares sont pourtant une institution à la santé financière solide. Ils ont transféré en octobre dernier 200 millions d’euro à la maison mère souffreteuse. AIG a perçu ainsi la majeure partie des bénéfices générés sur les neuf derniers mois. Le gouvernement bulgare qui possède encore la part-or des BTK garde une position attentiste. Le propriétaire a une dette de 50 millions d’euro envers lui. Mais la confusion règne, lequel des propriétaires ? Rien n’est moins clair.

Krastyo Petkov, professeur d’économie à l’université de Sofia.

Papier traduit et mis en forme par Clotilde de Gastines

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