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par François Gault, Varsovie

1990 : les Polonais retrouvent la liberté, la démocratie et s’initient au dialogue social. Avant – sous régime communiste -,  dans les entreprises, les rapports  hiérarchie-employés sont limités, secs et rigides. Kazimierz Sedlak, docteur en psychologie, a ouvert le premier cabinet de conseil en Ressources Humaines. Aujourd’hui, dans toute la Pologne, il en existe près de 4000.

 

Pologne RH

« L’économie de marché imposait de changer de fonctionnement à tout niveau, surtout dans les services de gestion du personnel. Les premiers directeurs des ressources humaines (DRH) ont mené ces changements. C’était une véritable révolution ! ». A juste titre, certains ont évoqué un « choc culturel », car les RH sont d’abord apparu dans les grandes entreprises étrangères. Peu à peu, avec prudence mais aussi avec souci d’économies, au fil des années 2000, un certain nombre de PME polonaises a suivit le mouvement. Ces méthodes ont profité aux employeurs, en normalisant les recrutements, la formation, l’avancement. »

 

Le nouveau patronat polonais

Les DRH ont renforcé les fonctions de direction en améliorant la gestion des relations sociales au sein des entreprises, surtout des plus grandes. Réunissant autour d’une table de négociation : direction, syndicats et salariés, les DRH ont supprimé de nombreuses sources de conflits. Les patrons manquaient souvent de formation pour endosser leurs responsabilités de chefs d’entreprise. Les DRH devaient presque tout leur enseigner : comment négocier au sein de l’entreprise, comment échanger des bonnes pratiques au sein des branches et peser sur les politiques publiques.

 

Sous le régime communiste, les organisations patronales n’existaient pas. Aujourd’hui, les entrepreneurs se regroupent en trois principales organisations : Business Center Club, Lewiatan et KPP (Confédération des Employeurs Privés). Elles fonctionnent comme des Clubs, pratiquant le lobbying auprès des parlementaires, des partis politiques et des administrations. Depuis 1999, le dialogue social s’appuie sur une Commission nationale tripartite (gouvernement-patronat-syndicats) dont le caractère et les décisions restent consultatifs. Ce sont le gouvernement et le Parlement qui tranchent.

 

Encore une ou deux générations

La situation reste néanmoins difficile : il existe toujours des freins au paritarisme, une méconnaissance des principes de la négociation des deux côtés de la table des négociations. Les employés ne s’identifient pas ou peu à l’entreprise. Et les méthodes des employeurs sont bien souvent directives. 

Les deux millions de Polonais qui travaillent dans les autres pays de lUnion Européenne depuis 2004, ont découvert des relations au travail très différentes. Comme Slawomir Szostak, enseignant, parti à Londres, rentré en Pologne et reparti travailler à Londres : « Le problème principal en Pologne, ce sont les relations entre employeurs etemployés : à l’étranger, dit-il, on est mieux traité. On nous respecte, tandis qu’ici, c’est le Moyen-Age ! »

 

Depuis quelques années, les Ecoles supérieures polonaises forment des spécialistes des RH. En 20 ans, la Pologne a su créer des méthodes modernes de gestion des ressources humaines. Mais, pour vraiment changer les mentalités dans les relations sociales au sein des entreprises, sans doute faudra-t-il encore du temps : une ou deux générations.

 

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