A qui la palme des grèves ? La France, l’Italie, le Danemark, la Pologne ? La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de Dublin vient de publier un rapport sur l’évolution des grèves en Europe sur la période 2005-2009.
Les comparaisons entre pays sont difficiles à effectuer prévient la Fondation, les modalités de recueil des actions et leur définition même variant d’un pays à l’autre. Est-il cependant pertinent d’établir quelques comparaisons et d’essayer d’en tirer quelques enseignements ?
Jours de travail perdus sur la période 2005-2009
C’est le Danemark, suivi de près par la France puis la Belgique, qui, en moyenne annuelle sur la période observée, a enregistré le plus grand nombre de journées de travail perdues : 159,4 jours pour mille salariés. La moyenne est de 132 jours pour la France et de 78,8 jours pour la Belgique. L’Autriche détient aussi un record : aucune journée de travail perdue pour fait de grève ! On note également que les dix membres de l’Union les plus récents, ont un score quatre fois inférieur à celui des anciens membres.
Pour aller plus loin
Le droit de grève en Europe (Metis – février 2015)
Des pratiques et des situations nationales
Les arrêts de travail dus aux grèves ont globalement baissé entre 2005 et 2009. En 2005, la moyenne de l’ensemble des pays observés s’élevait à 35,4 jours/ 1000 salariés, elles tombait en 2006 à 22,3 jours, en 2007 à 21,1 jours avant de culminer en 2008 à 50,5 jours et retomber en 2009 à 24, 3 jours.
Si l’on regarde de plus près, on constate de fortes disparités entre pays et il semble bien difficile de discerner une quelconque tendance européenne. La crise économique semble avoir eu des effets forts différents d’un pays à l’autre en matière de conflits du travail.
On constate pour bien des pays observés des variations parfois conséquentes d’une année sur l’autre. Ce sont essentiellement les situations sociales nationales qui expliquent ces variations. Si l’Espagne connaît une progression constante année après année du nombre de jours de travail perdus, le Danemark, apparemment champion d’Europe des grèves sur la période 2005-2009, a en réalité connu une année 2008 très exceptionnelle : la grève pendant deux mois de certains personnels de santé et de soins à la petite enfance, grève très suivie d’où une moyenne cette année là qui monte à 702 j/1000 salariés. Dès 2009 le Danemark n’enregistrait plus qu’une moyenne de 6 jours. C’est en 2009 que l’Irlande, habituée à des scores très bas, voyait ses statistiques exploser à la suite d’une grève d’une journée de l’ensemble de la fonction publique. En Belgique et en Finlande, c’est l’année 2005 qui constitue l’exception.
Manifestement, sur une période 5 ans, les analyses ne sauraient être que limitées. La Fondation de Dublin classe les pays en trois catégories selon la moyenne annuelle de jours non travaillés :
– A moins de 20 jours/1000 salariés, on trouve tous les pays d’Europe du Centre et de l’Est, mais également l’Autriche, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays bas, le Portugal et la Suède.
– Avec une moyenne de 20 à 60 jours, Chypre, Malte, Italie, Irlande, Norvège, Royaume Uni auxquels on pourrait ajouter le Danemark en retirant des statistiques l’année 2008.
– Au-delà de 60 jours, la France, la Belgique, La Finlande, L’Espagne.
L’usage des grèves varie en fonction des systèmes nationaux de relations sociales : grèves d’avertissement limitées, dépôt de préavis avec négociation immédiate limitant la réalisation effective de la menace ou grèves préalables aux négociations. Ces pratiques nationales expliquent pour une bonne partie les différences entre pays.
Le rapport « Developments in industrial action 2005-2009 »
Le droit de grève en Europe (Metis – février 2015)
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