par Marjatta Pitkänen, Claude Emmanuel Triomphe
Malgré sa place de champion sur le podium de l’étude PISA 2009, la Finlande n’est pas exempte de tensions au sein de son système éducatif. Marjatta Pitkänen du syndicat de l’éducation (Opetusalan Ammattijärjestö OAJ) dresse le bilan des dernières réformes et dessine les perspectives.
Quels changements sont intervenus dans le travail quotidien des enseignants finlandais, ces dernières années ? Quels sont les changements frappants ? Quelles sont les difficultés et les défis ?
Le contenu du travail des enseignants a changé. Aux tâches classiques d’éducation et d’instruction, s’ajoutent à présent de nouvelles tâches. Elles recouvrent entre autres des ateliers littéraires, du travail en groupes, en équipe et d’autres formes de coopération. La difficulté réside dans la prise en compte de ces changements en termes de temps de travail et de rémunération.
L’éducation et l’enseignement ont changé. Les groupes d’élèves sont plus hétérogènes qu’avant car les immigrés et les élèves ayant des besoins spécifiques ont été intégrés aux filières générales. Les réseaux d’école aussi ont changé. Les petites écoles ont été fermées et regroupées en grandes unités. Cela pose un problème de « leadership » dans la gestion des ressources humaines et la pédagogie. Les enseignants travaillent davantage et de plus en plus souvent dans l’urgence.
Les supports éducatifs et l’environnement d’apprentissage ont évolué avec la diffusion de l’e-apprentissage et le développement des nouvelles technologies. Ce faisant, les risques de violence ont augmenté. Le e-harcèlement est un nouveau phénomène contre lequel de nouvelles règles doivent être mises en place pour régir l’utilisation des réseaux sociaux.
De nombreuses familles ont du mal à accompagner le travail scolaire de leurs enfants, ce qui se ressent à l’école. La coopération entre l’école et les familles a changé. Les écoles sont de plus en plus sollicitées par par courrier électronique de parents qui ont l’impression que l’enseignant est disponible 24/24h.
Les bâtiments existants sont vieillissants et il y a eu des problèmes de construction ce qui fait que certaines écoles ont des problèmes d’humidité et de chauffage. Les communes [qui financent les écoles] ne disposent pas toutes des mêmes moyens financiers. Les inégalités se sont accrues entre les différentes régions de Finlande.
Le système d’éducation finlandais prépare-t-il bien les jeunes au monde du travail ? Quelles sont selon vous ses forces et ses faiblesses ?
Le système de conseil et d’orientation professionnelle des étudiants existe depuis plusieurs années mais toutes les régions n’y allouent pas les mêmes ressources. L’objectif est que tous les élèves qui achèvent le parcours secondaire continuent dans le supérieur. Il n’est pas encore totalement atteint.
Au cours du secondaire, des périodes d’orientation à la vie professionnelle et un système d’apprentissage sur le lieu de travail facilite l’intégration professionnelle. Un point fort du système est de suivre un modèle double : études supérieures et apprentissage professionnel. Une attention particulière est portée aux étudiants qui font des études longues afin de les motiver pour qu’ils obtiennent plus rapidement leur diplôme.
Quelles réformes du système éducatif finlandais sont intervenues ces dernières années ? Quelles sont les réformes en cours ou prévues ?
La législation concernant l’école primaire et secondaire a été révisée. Un budget spécifique leur est alloué. Les universités sont devenues des établissements publics leur donnant ainsi une plus grande indépendance. Les programmes et les examens d’entrée ont été revus.
Les personnes en difficulté ont vu leurs droits renforcés, notamment pour avoir rapidement accès au soutien et aux services scolaires. Les autres secteurs concernés : social, santé et éducation échangent davantage leurs informations pour apporter une réponse appropriée à leurs besoins. Un projet spécifique vise à prévenir les brutalités entre enfants.
Concernant la formation des enseignants, le niveau de formation requis pour les enseignants des filières professionnelles a baissé. Des projets visant la formation continue des enseignants sont en cours.
Un programme de développement durable est coordonné au niveau national. Le ministère de l’Education et le Conseil National de l’Education se penchent sur les propositions de la Fondation Okka qui visent à certifier les écoles où les professeurs donnent une éducation quotidienne, premier pas dans un grand projet national de développement durable.
Les élections législatives vont avoir lieu au printemps. Le nouveau gouvernement définira alors un nouveau programme d’action pour les quatre prochaines années.
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