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L’inégalité s’accroît, ce n’est pas nouveau mais ça devient insupportable. L’OCDE tire la sonnette d’alarme.

 

Les indignés d’Europe et d’ailleurs en témoignent, les économistes, les syndicalistes et quelques responsables politiques s’en emparent. Barack Obama déclarait à Osawatomie, dans le Kansas le 6 décembre  » le revenu moyen des américains a perdu 6% sur la dernière décennie… dans le même temps, le patron qui gagnait 30 fois plus que son ouvrier ou son employé gagne maintenant 110 fois plus ». Ce discours dénonçant les inégalités croissantes aux Etats-Unis s’adressait à la classe moyenne, car l’essentiel de la croissance repose sur cette catégorie de la population qui se fragilise.

 

A son tour, l’OCDE vient de publier un rapport intitulé « Toujours plus d’inégalité, pourquoi les écarts se creusent ». Indignation de son secrétaire général Angel Gurría qui exhorte les gouvernants de la planète à agir vite et autrement. « Il est urgent de recentrer les politiques sur les plus défavorisés ».

 

Les revenus des plus riches ont progressé plus vite que ceux des plus pauvres

Au cours des quelques vingt années précédant la crise (1985-2008), le revenu des 10% des ménages les plus riches a crû plus rapidement que celui des 10% les plus pauvres. Tendance particulièrement marquée en Suède, au Royaume Uni, en Israël, aux Etats-Unis, en Norvège.
Contrairement à certaines idées reçues, l’inverse s’est produit en Grèce, en France, en Belgique ou en Espagne, pays dans lesquels les revenus des plus pauvres ont augmenté plus vite que ceux des plus riches.

 

inegalite revenus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la tendance enregistrée sur plus de 20 ans est significative, il faut la pondérer en fonction de l’écart réel de revenus entre riches et pauvres, or les disparités entre les 27 pays analysés par l’OCDE sont importantes. Les écarts de revenus restent faibles dans les pays scandinaves qui conservent la palme de l’égalité, mais ils sont supérieurs à la moyenne au Royaume Uni, en Italie ou aux Etats-Unis. A cet égard, certains pays émergents hors OCDE comme le Brésil connaissent des écarts considérables de revenus, mais la tendance est au rétrécissement de l’échelle, contrairement à ce qui observé pour la très grande majorité des 27 pays de l’OCDE.

 

Lors du lancement du rapport à Paris, Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE a déclaré : « Le contrat social commence à se lézarder dans de nombreux pays. Cette étude balaie l’hypothèse qui voudrait que les bienfaits de la croissance économique se répercutent automatiquement sur les catégories défavorisées et qu’un surcroît d’inégalité stimule la mobilité sociale. Sans stratégie exhaustive de croissance solidaire, le creusement des inégalités se poursuivra ».

 

L’OCDE a identifié les principales causes des inégalités :

Une évolution des salaires et revenus du travail affectés notamment par l’introduction des nouvelles technologies qui profitent davantage aux revenus élevés.
Une incidence négative de la flexibilité croissante des marchés du travail qui se traduit par le développement du temps partiel, les petits boulots mal rémunérés, le travail précaire.
La baisse d’imposition des revenus les plus élevés.
La diminution des prestations de protection sociale et la réduction de leurs conditions d’octroi.

 

Angel Gurría recommande donc de développer des emplois productifs et convenablement rémunérés pour les plus démunis, d’investir dans l’éducation et la formation, de réformer les politiques fiscales pour restaurer une meilleure redistribution des revenus. Pour les pays émergents, il recommande d’instaurer des services publics de qualité, notamment en matière d’éducation et de santé.

 

« Go social » déclarait le secrétaire général de l’OCDE en conclusion.

Pour en savoir plus :

Le rapport OCDE « Toujours plus d’inégalité, Pourquoi les écarts se creusent »

 

 

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