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Astrees organisait le 19 juin dernier un débat autour de la dimension du travail en Europe.

 

Ampoule Europe

Greet Vermeylen a présenté les résultats de la cinquième enquête sur les conditions de travail. Enquête réalisée auprès de 43 816 personnes en emploi par la fondation de Dublin (2010). Il en ressort que l’intensité du travail a cru dans l’Europe de 27 (En France notamment). D’après l’indicateur de santé mentale, un Européen sur 5 est en dépression. Le risque de la perte d’emploi a augmenté partout sauf en Pologne, au Pays-Bas et en Allemagne, et ce dans toutes les catégories de métiers. Le tableau est varié selon les pays sur la question des salaires.

 

Philippe Pochet donne à son exposé un titre cinglant : « Crise de l’Europe, fin de l’Europe sociale ou la revanche du banquier central ». Le directeur de l’Institut Syndical Européen (ETUI) a procédé à un court historique de l’Europe sociale. Non pas des « quelques directives pour spécialistes », mais plutôt des tendances longues : la « réinvention des thèmes et des méthodes ». La création du marché intérieur et des premières mesures de protection dans les années 60. L’harmonisation dans le progrès dans les décennies qui suivent : égalité homme-femme, santé au travail. La bifurcation des années 80-90 qui cherche à créer un socle de droits fondamentaux sur les conditions de travail, grâce notamment au dialogue social. À partir de 2000, les politiques sociales s’intéressent à l’emploi, à l’exclusion sociale et à la santé, par la méthode ouverte de coordination (MOC) et le « soft dialogue ».

 

Avec la crise, « les institutions sont cassées, les salaires minimum brisés, les acteurs collectifs bridés ». La structure de dialogue social change radicalement. L’élément de social qui subsiste est « la pauvreté des enfants ». Philippe Pochet pose donc la question : si les enfants sont pauvres, c’est bien que leurs parents le sont ? Les gouvernants devraient plutôt s’interroger sur les inégalités de salaires et le travail décent.

 

Fin de la conciliation

Amer, il estime que l’Union economique et monétaire telle qu’elle est conçue vise à privatiser la protection sociale, une partie de l’éducation dans les universités. Il déplore le déficit démocratique. La DG Ecfin  « contrôle tout ». En réaction aux mesures d’austérité imposées par la troïka, le recours au langage émotionnel en Grèce ou en Espagne pour parler de l’Europe fait le lit du populisme. C’est la fin de l’Europe de la conciliation.

 

Emmanuel Jullien, responsable des affaires européennes au MEDEF s’est réjoui que la vision de l’Europe sociale ne soit plus « simpliste » et soit devenue « holistique ». Il a critiqué des coût-horaire trop divers entre les Etats-membres et la mauvaise compétitivité de la France. Il affiche son optimiste sur les déroulements récents qui renforcent la gouvernance économique. Il regrette cependant qu’il n’y ait pas de véritable gouvernance européenne et que José Manuel Baroso et Herman Van Rompuy soient trop faibles.

 

 

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