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Retour sur l’Allemagne, unique leader de l’Europe malgré elle, tour à tour admirée, imitée, critiquée et… bouc émissaire ! Gerhard Schröder, père de cette Allemagne au redressement spectaculaire, est à nouveau au coeur des commentaires. L’agence Bloomberg analyse les effets de sa réforme du marché du travail sur le syndicalisme.

 

ig metall

Lorsque le Chancelier allemand décide en 2003 de lancer ses réformes du marché du travail, le taux de chômage est de 10%, l’un des plus élevés d’Europe, et la croissance s’essouffle rapidement. Dix ans après, l’Allemagne enregistre une baisse remarquable du chômage, 3 millions d’emplois ont été créés, mais le syndicalisme paye un lourd tribut, ses adhérents ont diminué de 21 %. Ces mêmes syndicats auxquels les Allemands doivent un modèle économique et social sans équivalent et qui a fait la preuve de son efficacité.

 

En 2000, le taux de syndicalisation est de 25%. En 2011, le taux chute à 18%. Effet collatéral des quatre lois Hartz ?
La première loi simplifie les mesures d’embauche avec des agences pour l’emploi qui, faute de mieux, proposent des postes d’intérimaires.
La seconde loi crée les mini jobs et les midi jobs rémunérés entre 400 et 800 euros par mois.
Hartz III restructure les agences pour l’emploi.
Hartz IV est la plus importante : baisse des allocations chômage, suppression de l’allocation aux chômeurs qui refusent un emploi, obligation pour les chômeurs d’accepter les travaux d’utilité publique rémunérés 1 € de l’heure (qui s’ajoute à leur allocation), réduction à 12 mois de la durée d’indemnisation des chômeurs.

 

Conséquence, une explosion du travail temporaire ou précaire. Deux classes de travailleurs se forment constate Bloomberg, les salariés permanents et les autres, intérimaires, précaires, chômeurs de longue durée. Une pauvreté et une précarité durables se développent. La disparité salariale s’installe. Les syndicats perdent leurs adhérents et leur influence. Depuis 10 ans, la négociation collective régresse, 63% des entreprises fixaient les salaires par accords collectifs en 2001, elles ne sont plus que 47% en 2006. Angela Merkell déclarait récemment à la fédération DGB qu’il fallait garder un œil sur le travail précaire car « il risque de servir à contourner de plus en plus des accords collectifs raisonnables ». Le salaire minimum pour tous est une revendication syndicale mais la chancelière y est hostile.

 

Les syndicats IG Metall et Ver.di reconnaissent s’être trop longtemps intéressés aux salariés permanents et avoir négligé les contractuels et les intérimaires. IG Metall a réagi et récupère de nouveaux adhérents depuis 2 ans, mais Ver.di a perdu 25% des siens depuis 2001.

 

Le responsable du DGB Michael Sommer déclarait récemment « C’était et c’est toujours notre économie exportatrice, nos organisations flexibles du travail, notre co-détermination, le système de négociation collective et les sages politiques impulsées pour contrer la crise en 2008 et 2009 …qui ont fait et font le succès de l’économie allemande… les réformes du marché du travail se traduisent par le dumping sur les salaires, l’emploi précaire, un secteur à bas coût et la pauvreté pour les seniors ».

 

Unions That Built Germany Eroded by Rules Buoying Economy Bloomberg

 

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