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par La rédaction

Pour favoriser cette transition entre l’école et l’emploi un peu stable qui est loin d’être simple, et dont la durée s’est allongée, de nombreuses initiatives, d’origine politique, ou privée, ou associative, essaient de marier la formation et le travail, l’engagement et les projets :

Cuisine mode d’emploi(s)

Porté par le chef étoilé Thierry Marx, cet organisme de formation prépare gratuitement aux métiers de la restauration, de la boulangerie et du service en salle. Cuisine Mode d’emploi(s) a signé sa première convention sur le territoire de la région des Hauts de France (Marcq-en-Barœul) en septembre 2018.
« C’est une idée novatrice, portée par un chef de renom, et qui a une dimension humaine très concrète et réaliste », souligne Bernard Gérard, maire de cette commune de la Métropole européenne de Lille de 40 000 habitants. L’ensemble sera installé dans le quartier de la Briqueterie, classé zone prioritaire de la Ville. Les partenaires financiers sont nombreux, parmi lesquels : la Région (100 000 euros), la Métropole (200 000 euros) au titre de la politique de la Ville, et Marcq (via le foncier, 300 000 euros).

Après huit semaines de formation et trois semaines de stage, le stagiaire pourra passer un certificat de qualification professionnelle reconnu par la profession et l’État. Avec ce dispositif, 94 % des stagiaires trouvent un emploi dans les trois mois qui suivent cette formation. « Nous retenons les personnes sur leur motivation et leur projet professionnel. On leur explique clairement les contraintes aussi : dans la restauration, on ne compte pas ses heures, c’est fatiguant, mais c’est un métier de passion », note Halim Lettifi, le chef formateur en cuisine, lui-même ancien élève de l’Institut Bocuse et qui interviendra à Marcq-en-Barœul.

Au programme, toutes les techniques de cuisine : sauces, modes de cuisson, travail des légumes et de la présentation. « Pour les postulants, c’est une chance d’avoir une école d’excellence sur leur propre territoire », explique Véronique Carrion, directrice générale de Cuisine Mode d’Emploi(s). 120 à 150 personnes seront accueillies chaque année : un public éloigné de l’emploi, car en décrochage scolaire, en rupture sociale ou avec le statut de réfugié.

Les coopératives Jeunesse de services

Importées du Québec, les CJS permettent à des jeunes âgés de 16 à 18 ans d’expérimenter la création de leur propre activité durant la période estivale. Encadrés par des animateurs, dans le cadre d’un projet éducatif impliquant les acteurs du territoire, ils pourront acquérir de nouvelles compétences tout en étant sensibilisés aux principes de l’économie sociale et solidaire.

Jardinage, garde d’animaux, distribution de flyers… : les 15 jeunes membres de la CJS Actio’jeunesse de Trélazé, dans la banlieue d’Angers, ont présenté en juillet dernier leur gamme de services aux entreprises et aux particuliers à l’occasion de portes ouvertes. « Pour nos prestations, nous avons fixé un prix plancher de 13 euros de l’heure qui tient compte des charges patronales et salariales ; car en tant que coopérants nous sommes à la fois patrons et salariés », expose Thomas, qui œuvre au comité finances d’Actio’jeunesse. À 17 ans, son bac S tout juste obtenu, il fait partie des 800 jeunes qui participent durant ces deux mois d’été à une CJS en France.

Davantage qu’un simple job d’été : si le portage juridique est assuré par une coopérative d’activité et d’emploi (CAE), chaque CJS n’en est pas moins une véritable entreprise où les décisions sont prises collectivement. « Les CJS sont un projet d’éducation à l’entrepreneuriat coopératif qui repose à la fois sur les fondements de l’ESS et de l’éducation populaire », explique Nelly Lechaplain, déléguée générale CJS chez Coopérer pour entreprendre. Avec une rémunération de l’ordre de 250 à 500 euros pour deux mois, participer à une CJS est moins intéressant financièrement qu’un job d’été. « Mais le projet va permettre de développer la coopération et l’autonomie. Nous aidons également les jeunes à prendre conscience de leurs compétences, de leurs savoir-faire et savoir-être », ajoute-t-elle. La CJS est aussi « un moyen de découvrir le monde du travail », estime Maxime, lycéen en 1ère de bac pro systèmes numériques.

Autre originalité des coopératives jeunesse de services : elles sont un projet de territoire, mis en place par des acteurs locaux. La structure à l’initiative d’une CJS (CAE, acteur de l’ESS, collectivité locale…) doit ainsi constituer un comité local, comprenant au moins un acteur économique. Le budget, de l’ordre de 25 000 à 30 000 euros par projet, est pris en charge selon le lieu par les collectivités territoriales, les caisses d’allocations familiales, la politique de la ville ou des mécènes privés.

Pour l’été 2018, 53 CJS ont été mises en place en France dans 10 régions.

À noter, enfin : l’expérimentation récente des coopératives de jeunes majeurs (CJM), à destination d’un public plus âgé rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi qui vont peut-être se développer.


Les étudiants-entrepreneurs

Officiellement lancé en 2014, le statut d’étudiant-entrepreneur a pour ambition de permettre à des étudiants ou jeunes diplômés d’initier une expérience entrepreneuriale pendant leurs études ou jusqu’à trois années après l’obtention de leur diplôme. Un accompagnement et des aménagements spécifiques leur sont proposés pour atteindre cet objectif.

Depuis la création du statut, le nombre d’étudiants-entrepreneurs a progressé de 1000 étudiants supplémentaires chaque année.

Le statut a été mis en place dans le cadre du Plan étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE), plan financé par les ministères concernés et la Caisse des dépôts et consignations.

Pour les étudiants souhaitant s’orienter vers l’entrepreneuriat, le statut d’étudiant-entrepreneur offre un cadre juridique solide et apporte de la crédibilité à leur projet. Ce statut cible deux profils :
• Les étudiants qui souhaitent créer une entreprise tout en poursuivant leurs études ;
• Les jeunes diplômés, qui peuvent ainsi conserver leur statut étudiant pendant la création de leur entreprise pendant 1 an et d’avoir une couverture sociale pour les moins de 28 ans.
Les étudiants-entrepreneurs ont un accompagnement double : un tuteur enseignant et un tuteur professionnel, l’accès à un espace de co-working.

2680 étudiants-entrepreneurs sur 2016-2017, 3500 sur 2017-2018, ces projets ont abouti sur la création de plus de 500 sociétés.

Le statut d’étudiant-entrepreneur concerne en premier lieu l’étudiant, mais les établissements de formation dans lesquels sont inscrits ces étudiants sont également impactés par la mise en place du dispositif. Lorsque l’étudiant remplace un de ses stages par un projet de création d’entreprise, l’université ou l’école doit pouvoir assurer un suivi du travail effectué et doit pouvoir évaluer pédagogiquement le travail réalisé pendant cette période. Comme toutes les formes d’alternance travail/études, ce dispositif apporte aux jeunes concernés et aux établissements d’enseignement supérieur.

Ces éléments sont tirés d’articles du Quotidien de la formation (Centre Inffo) et du site The Conversation

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