Les articles de Jean-Marie Bergère

Directeur d’une Agence régionale de développement économique de 1994 à 2001, puis de l’Association Développement et Emploi, devenue ASTREES, de 2002 à 2011. A la Fondation de France, Président du Comité Emploi de 2012 à 2018 et du Comité Acteurs clés de changement-Inventer demain, depuis 2020. Membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire des cadres et du management. Consultant et formateur indépendant. Philosophe de formation, cinéphile depuis toujours, curieux de tout et raisonnablement éclectique.

Numéro Une

Étrange démonstration que celle proposée par Tonie Marshall. Emmanuelle Blachey, pas encore quarante ans, est une femme comblée. Membre du Comité de direction d'une entreprise industrielle, polytechnicienne, souriante, elle a l'oreille de son patron. Elle seule parle couramment chinois, avantage incomparable pour s'imposer sur un marché stratégique. Cette position suscite quelques jalousies et quelques piques, mais une courtoisie de bon aloi les rend supportables. Certes, Emmanuelle travaille beaucoup, mais elle prend le temps d'accompagner son fils à l'école, de rendre visite à son père hospitalisé et d'embrasser son mari, lui-même très occupé et souvent en déplacement.

Repenser la formation, repenser le travail

Alors qu'une nouvelle réforme de la formation professionnelle est annoncée, l'AFPA, le CNAM et la revue Éducation permanente organisaient le 14 septembre une journée d'étude « Analyses du travail et intentions formatives ». Car la formation se pense. Car les stages et les bancs de l'école ne font pas tout. Car on peut apprendre, mais aussi désapprendre en situation de travail. Car les entreprises doivent faire confiance en l'expertise de leurs salariés. Jean-Marie Bergère a assisté à cette journée et y retourne dans ce papier pour les lecteurs de Metis.

Portraits de travailleurs. Comprendre la qualité de vie au travail

Une précédente note de la Fabrique de l'Industrie, « La qualité de vie au travail : un levier de compétitivité » mettait l'autonomie au cœur de la qualité de vie au travail et concomitamment au cœur de la performance. Il s'agit cette fois, en exploitant les données de l'enquête DARES « Conditions de travail », de dresser les portraits-types des travailleurs en fonction des « déterminants objectifs et subjectifs de la qualité de vie au travail ». Logiquement la relation hiérarchique, envers de l'autonomie, y joue un rôle essentiel.

La loi de moralisation, devenue retour de la confiance en l’action publique

La morale, la légalité et la politique ne traitent pas des affaires humaines de la même manière. Quelques affaires récentes ont sévèrement rappelé à l'ordre ceux qui en avaient conclu que leur action politique n'avait pas à s'embarrasser de considérations légales ou morales, et que nous les jugerions selon des critères exclusivement politiques. Ainsi de Jérôme Cahuzac ou de François Fillon. Le suffrage des électeurs ni ne disculpe ni n'absout. La politique, la morale et la loi ne se confondent pas, mais elles sont liées. Seule leur convergence rend possible une vie commune démocratique et confiante. C'est ce que signifie à mon sens le vote d'une loi « pour la confiance dans la vie politique », dite « loi de moralisation ».

Petit paysan

Pierre, 35 ans, plutôt beau gosse, a repris la ferme de ses parents. Il l'exploite seul. Trente vaches laitières, par ordre d'apparition à l'écran Griotte, Verdure, Topaze, Biniou... Sa sœur Pascale est vétérinaire. Une façon de rester proche. Les parents ne sont pas loin. Ils ne lâchent pas vraiment l'affaire, fiers lorsque Pierre annonce qu'il est premier quant à la qualité de son lait, mais sans complaisance lorsqu'ils constatent qu'il est sixième quant à la production. Angélique, la boulangère qui se verrait bien épouser Pierre, complète le tableau.

Quand les activités bénévoles s’invitent au travail

Alexandra Bidet est chargée de recherche en sociologie au CNRS, Centre Maurice Halbwachs. Ses recherches et publications portent sur l'engagement dans le travail et la pluralité des engagements. Jean-Marie Bergère l'a lue et rencontrée. Il en tire ces réflexions sur les liens entre travail rémunéré et activités bénévoles

Retour à Forbach

Régis Sauder voulait oublier jusqu'à l'existence de Forbach. Adolescent, à l'étroit dans cette ville et dans son milieu social il les rejette et les fuit. A cet âge-là il est urgent de se construire « contre » et cela vaut mieux que le conformisme des « fils de », que les assignations à résidence et à communauté. Il faut dire que la ville de plus de 20 000 habitants est experte en amnésie. Le déni y est plus répandu que le culte d'un passé compliqué. Au 19e et 20e siècle, Forbach et Sarrebruck ont été alternativement françaises et allemandes. Après la Première Guerre mondiale et jusqu'en 1935, la France administre au nom de la Société des Nations la Sarre, toute proche, et y dispose de la propriété des houillères. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la rue principale de Forbach s'appelait « Adolf Hitler Strasse »

Corporate

Corporate prête aux malentendus. On annonce un film sur le management et il nous raconte l'histoire d'une conversion. Emilie Tesson-Hansen, adepte d'un culte barbare où seuls échappent à la damnation ceux qui conquièrent le pouvoir et l'exercent sans états d'âme, est mise à l'épreuve et va progressivement trouver le salut dans la quête de justice. On pense y trouver une critique du travail en entreprise, travail des managers et travail des managés. Le film se révèle être un panégyrique de celui de Marie Borrel, inspectrice du travail et femme résolue

QVT et collectifs « heureux » : le rôle du manager

La QVT qu'est ce que c'est ? Qu'est-ce qui pousse les dirigeants à s'en emparer ? Et pourquoi ne pas aller vers l'entreprise libérée ? Les collectifs sont-ils morts ? Dans un entretien croisé, une conversation entre Yves Grasset, sociologue du travail et auteur de Nourrir le collectif - sortir de l'individualisation pour sauver le travail et Martin Richer spécialiste de la Responsabilité Sociale des Entreprises et co-auteur du rapport Qualité de vie au travail : un levier de compétitivité, ces questions vont trouver réponse... et le manager sa juste place

L’autre côté de l’espoir

Aki Kaurismäki aime les ports, Le Havre en 2011, Helsinki aujourd'hui. La vie de ses personnages se fraie un chemin sur des quais vastes et déserts, à l'ombre des cargos et des grues. Elle adopte leur rythme lent, leurs mouvements obstinés, leur démesure aussi. Le sujet est le même : quelqu'un débarque, un migrant, un clandestin. Il cherche un refuge, il rencontre un mélange d'hostilité et d'hospitalité. De temps en temps, il croise des rockers d'un autre âge et leurs guitares nous parlent de ce que l'humanité a fait de mieux

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