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Péril jaune : quand le droit du travail chinois s’éveillera

publié le 2006-11-01

Nous nous faisions l’écho dans le précédent numéro de Metis, (cf interview de Aiquing Zheng), des projets de loi sur la réglementation du travail en Chine. Comme elle nous le signalait, ces projets ne sont pas du tout du goût des entreprises américaines. La chambre de commerce de Pékin, qui représente des entreprises comme Dell, Ford, General Electric, Microsoft et Nike, s’est lancée dans une vaste opération de lobbying afin de persuader le gouvernement chinois de revenir sur certaines mesures, voire d’abandonner le projet dans sa totalité. Quant aux sociétés européennes, si elles se montrent moins offensives, elles soulignent néanmoins, via leur chambre de commerce, certains impacts négatifs. Elles fondent leur argumentation sur des réglementations européennes, jugées très favorables aux salariés et trop coûteuses, qui sont la cause des délocalisations…

Il est déjà difficile de licencier mais avec ces nouvelles règles …

Que contient ce texte pour effrayer à ce point les grandes sociétés occidentales ? Un ensemble de dispositions qui visent à renforcer les droits des salariés chinois dans les domaines de l’hygiène et de la santé, du temps de travail, de la rémunération et à protéger davantage contre les risques de licenciement. Une évolution insupportable pour les entreprises qui ont dénoncé un retour au communisme ! «Vous embauchez, par exemple, un commercial à qui vous fixez des objectifs mais s’il ne les atteint pas, vous ne pourrez pas vous en séparer, explique Andreas Lauffs, un juriste du cabinet Baker & McKenzie à Hong-Kong. Il est déjà difficile de licencier quelqu’un, mais avec ces nouvelles règles, cela devient impossible ».

Les grandes entreprises ne contribuent pas à l’élévation des standards sociaux

La chambre de commerce américaine pointe une hausse des coûts du travail, ce qui les conduirait à ralentir leurs investissements en Chine. Face à cette offensive, la camp adverse rallie aussi bien le parti communiste, la fédération chinoise des syndicats que des militants associatifs et des avocats. L’organisation « Global labor strategies » http://www.laborstrategies.org/, qui cherche à promouvoir les droits syndicaux à travers le monde, va rendre public un rapport dénonçant cette campagne d’opposition aux droits des travailleurs. « Cela montre bien, explique un des animateurs de Global labor strategies, que les grandes entreprises et la globalisation ne contribuent pas à l’élévation des standards sociaux à travers le monde ».

Frédéric Rey d’après le New York Times

China Drafts Law to Boost Unions and End Abuse – New York Times

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