Belgique : les syndicalistes acteurs clé de la reconversion
publié le 2007-02-01
Entretien avec Anny Poncin, coordonnatrice des plans d’accompagnement des reconversions au Forem, le service de l’emploi public de la région wallonne de Belgique
Quelle est l’expérience du Forem en matière de reclassement ?
La force de nos cellules provient d’un partenariat entre notre service public de l’emploi et les organisations syndicales représentatives. Ce sont elles qui demandent la mise en place d’une cellule de reconversion. Le partenariat est ensuite étendu aux autres acteurs concernés. Suite, par exemple, aux licenciements collectifs des travailleurs de Louis De Poortere et de la cessation d’activités de la filature Lainière du Nord , la cellule de reconversion « Artlane » (Accompagnement des Reconversions des Travailleurs de la laine) vient d’être créée pour une année avec les syndicats CSC et FGTB, la fédération belge du textile Febeltex, les pouvoirs publics.
Elle fonctionnera grâce à la collaboration entre les conseillers en accompagnement professionnel du Forem et les accompagnateurs sociaux qui sont tous des ex-délégués syndicaux des entreprises précitées. C’est toute l’originalité de notre expérience. Si notre organisme intervient dans ses missions normales liées à l’emploi, les cellules de reconversion confient des missions d’aide sociale aux représentants syndicaux. C’est leur présence qui garantit les liens de proximité avec les salariés licenciés et permet de prendre les mesures adéquates d’accompagnement. Ces cellules réalisent un travail de qualité puisque en moyenne 75% des travailleurs participant aux dispositifs trouvent des solutions de reconversion.
Quels enseignements tirez-vous des échanges dans le cadre Mire ?
Il existe une pratique générale d’accompagnement de ces personnes. C’est un bon point, mais il est vrai aussi que nous, petits wallons, avons en la matière une bonne longueur d’avance par rapport aux autres pays. Nulle part, je n’ai retrouvé l’intensité de cette collaboration avec les organisations syndicales. D’une manière générale, les échanges ont été très intéressants, mais ce que j’ai entendu durant ces mois a aussi fait naître quelques inquiétudes. En effet, j’ai constaté une tendance très nette à l’augmentation du temps de l’activité professionnelle. Les pays, que l’on nous cite souvent en modèle, sont tous engagés dans cette voie.
Or, nous avons en Belgique développé, dans les plans sociaux, une politique de fins de carrière avec des formules de départs anticipés qui ont permis à des ouvriers du textile, de l’industrie de la céramique ou du verre, usés par le travail, de partir assez tôt. Cette gestion des départs précoces nous a valu d’être taxé de mauvais élève de l’Europe. Après avoir vu ce qui se passe ailleurs et constaté cette pression de plus en plus forte à allonger la durée de vie active, je suis effectivement préoccupée pour toute une population dont les conditions de travail sont difficiles et qui ne pourra probablement plus bénéficier de ces mesures.
Repère :
Des cellules de reconversion paritaires et très opérationnelles (75% de réussite) dans lesquelles, les ex délégués syndicaux restent délégués syndicaux des chômeurs en reconversion. Quand on pense aux perpétuels échecs syndicaux en Europe pour continuer à syndicaliser les chômeurs, il y a là une voie belge qui devrait inspirer les autres confédérations syndicales européennes et aussi la CES, censée les fédérer. Mais peut-être les confédérations syndicales belges ont-elles les patronats et les pouvoirs publics qu’elles méritent ?
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