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par Nathalie Moncel

Menée à la demande du comité de groupe européen de PSA Peugeot Citroën par le Céreq (Centre d’études et de recherche sur les qualifications), une étude sur l’intégration de jeunes opérateurs dans des usines de montage automobile situées dans trois pays européens (Espagne, Grande-Bretagne et France) a fourni une occasion unique de comparer les conditions d’accès à l’emploi ouvrier dans des contextes technico-organisationnels similaires mais situés dans des systèmes d’emploi et des contextes de socialisation professionnelle très différents.

Ainsi les jeunes opérateurs affichent des profils contrastés reflétant les conditions générales de formation et l’état de la concurrence pour l’emploi sur les marchés locaux du travail. Et les modes d’accès à l’emploi dans les usines PSA sont spécifiques à chaque site et les intermédiaires et réseaux sociaux mobilisés pour le recrutement diffèrent : candidatures spontanées en Angleterre, appui de la famille et des syndicats en Espagne, passage par les agences de travail temporaire en France. Les emplois sont tous à durée limitée lors de la première entrée des jeunes, mais les formes d’emplois sont régulées à différents niveaux : les sites français pratiquent l’externalisation de l’embauche par le recours à l’intérim ; le site espagnol recrute sur des contrats à durée déterminée renouvelés après une interruption de six mois ; le site anglais a crée ses propres catégories de contrat qui mènent progressivement à l’intégration dans le noyau stable des salariés.

La sélection pour le passage à l’emploi stable met en jeu des procédures et des acteurs là aussi différents selon les sites, relevant de la hiérarchie, mais aussi de la famille et des syndicats. Toutefois, au-delà des diversités, les jeunes opérateurs en emploi temporaire se vivent dans un modèle de file d’attente et dans un système de dépendance où la décision conditionnelle de leur intégration ne s’appuie pas de façon décisive sur leurs qualités de travail.

Tendue vers la perspective de stabilisation en emploi, l’intégration dans l’entreprise passe par le modelage progressif et plus ou moins conflictuel aux exigences de l’entreprise et à la dureté du travail. Les attentes et perspectives des jeunes opérateurs sont floues, répondant en cela au manque de transparence dans les procédures de stabilisation et de promotion. Toutefois l’attachement à l’entreprise prévaut mais transparaît parfois comme un choix par défaut résultant de la façon dont ces jeunes perçoivent leurs possibilités d’emploi à l’extérieur.

Nathalie Moncel

Référence de l’étude : Nathalie Moncel, Emmanuel Sulzer (ed), L’intégration des jeunes opérateurs chez PSA Peugeot Citroën – Contextes sociétaux, effets de sites et identités au travail, Céreq, Notes Emploi Formation n°22, Juillet 2006.

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