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Sanofi Aventis : négocier à l’échelle européenne

publié le 2008-01-01

Représentante syndicale CFDT et secrétaire du comité d’entreprise européen de Sanofi-Aventis, Françoise Pierre plaide pour un accroissement des pouvoirs de la représentation européenne du personnel et notamment celui de pouvoir négocier.

Quels sont vos différents mandats ?

J’interviens à deux niveaux. A l’échelon local, je suis déléguée syndicale CFDT sur le site de Bagneux en région parisienne. Je suis aussi élue au comité d’entreprise de l’établissement. Enfin, je suis présente à un niveau plus global grâce à mon mandat de secrétaire du comité d’entreprise européen de Sanofi Aventis.

Quelles difficultés posent ces différents niveaux d’information-consultation et de négociation ?

Il est capital pour une grande entreprise d’avoir les trois niveaux possibles de représentation : local, national et européen. Le problème est moins lié aux instances et à leurs prérogatives qu’à l’articulation, en particulier, entre le comité européen et les instances représentatives des pays. Prenons le cas d’une réorganisation de la recherche chez Sanofi Aventis qui déborde le périmètre national. Le projet fait l’objet d’une procédure d’information-consultation au niveau du comité central d’entreprise. Le comité d’entreprise européen n’est seulement informé ce qui est frustrant pour ses représentants. Le problème se pose a fortiori lorsque certaines décisions prises à un niveau global sont susceptibles d’affecter un établissement ou une filiale d’un seul pays. Ce décalage nécessite pour les représentants un vrai travail d’organisation pour faire circuler l’information en passant notamment par le canal syndical. Le souci c’est de poursuivre ce travail de coordination entre deux réunions et non pas seulement au seul moment des pleinières.

Pourquoi vouloir créer une instance européenne de négociation ?

Si nous voulons rendre l’Europe plus concrète pour les salariés, il faut accepter que les instances représentatives européennes puissent négocier. Cette volonté est partagée par la direction de Sanofi Aventis. Nous avons créé un groupe de travail dont est sorti un projet de création d’une structure pérenne de négociation. Que ce soit sur la formation, les conditions de travail, les questions de santé et de sécurité… des accords cadres fixeraient des principes communs qui ouvriraient à des négociations pays par pays. Nous avions déjà, quatre ans auparavant, proposé d’instaurer cette possibilité de négociation au niveau européen mais nous n’avions pas reçu le soutien de l’Emcef, notre fédération européenne des mines, chimie et énergie. Nous avons revu notre copie et attendons le résultat de la consultation avec l’Emcef. J’espère que le syndicalisme européen est aujourd’hui parvenu à un stade de maturité suffisante pour accepter ce principe. Dans le cas contraire, ce serait une erreur politique.

Qu’ attendez-vous d’une révision de la directive européenne sur les comités d’entreprise européenne et de la présidence française de l’Union européenne ?

Il faut un vrai pouvoir pour les comités d’entreprise européens en leur attribuant des prérogatives plus fortes. Il faut renforcer notamment les procédures d’information-consultation et pouvoir sortir d’une gestion des sujets pays par pays alors que les décisions sont prises en amont à un niveau global. En ce qui concerne la présidence française de l’Union européenne, j’espère surtout que nous n’allons pas réitérer le râtage de la précèdente présidence au moment du traité de Nice. J’attends autre chose que des paillettes !

Propos recueillis par Frédéric Rey

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