par Pierre Tartakowsky
Le 7 octobre 2008, les organisations CFDT, CFE-CGC, CGT, FSU, Solidaires et UNSA appellent les salariés à participer massivement à une journée d’action syndicale mondiale pour le travail décent à l’initiative de la CSI.
L’initiative revêt donc une double dimension : d’un côté le pari fait par la récente internationale syndicale de « lancer » un agenda revendicatif mondialisé ; de l’autre côté, la capacité qu’auront ou non les organisations françaises à surmonter leurs différences – voire davantage – pour atteindre un seuil de visibilité suffisant. La difficulté majeure et commune à ces deux dimensions étant de dégager un langage commun pour exprimer des situations continentales, certes toutes impliquées dans la mondialisation des marchés, mais sur des modes très inégaux.
La réponse avancée par la CSI tient dans l’expression travail décent. « Toute personne dans le monde, déclare-t-elle, doit avoir un emploi lui permettant de mener une vie digne répondant à ses besoins essentiels. » Cette approche particulièrement large devrait, pense-t-elle, permettre de faire converger à la fois les revendications portant sur les libertés et les droits civiques, celles des pays du sud, soumis à une misère profonde et celles des pays du nord, confrontés eux, à des processus de précarisation et d’exclusion.
Un appel relayé par la CES
Le pari n’a rien d’évident. Mis à part le succès historique du 1er mai, il n’y a guère d’autres exemples de « journées internationales » réussies, exceptions faites pour le 8 mars, journée internationale des femmes et la taxe Tobin qui, en peu de temps avait réussi, elle aussi, à devenir une sorte de slogan mondialisé. Encore n’a-t-elle pas trouvé « sa » journée… La mondialisation a-t-elle créé les conditions pour un nouveau rendez-vous du type du 1er mai, mais plus nettement revendicatif ? Il faudra sans doute quelques années pour répondre. En Europe, où la Confédération européenne des syndicats (CES) relaie cet appel, on peut s’attendre à ce que les thèmes mis en avant correspondent aux revendications majeures des organisations syndicales nationales, même si ces dernières font un effort pour les articuler aux situations vécues par les salariés des pays du sud. Les thèmes des délocalisations, des politiques migratoires, des biens communs de l’humanité devraient ainsi s’y retrouver.
En France, l’une des retombées de l’initiative pourrait être de consolider les liens entre organisations membres de la CES. A condition que les dynamiques de concurrence et les cultures de différence ne l’emportent pas. Pour l’heure, mis à part Force ouvrière qui continue de cultiver le banc de touche, quitte à s’isoler fortement en Europe et même au sein du syndicalisme mondial, le rassemblement domine. CGT, CFDT, CFTC et Unsa se sont engagées autour de thèmes fédérateurs : emplois de qualité, librement choisis, dotés de garanties de protection sociale, de salaires librement négociés assortis de garanties minimales, et de conditions de travail respectant la santé et la dignité des individus. La journée, qui devrait donner lieu à des initiatives sur l’ensemble du pays se terminera à Paris par un rassemblement festif à 17h au Trocadéro.
Pierre Tartakowsky
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