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par Christophe Teissier

B. Palier, France more liberalized than social democratized? France followed the typical « Bismarckian » trajectory of welfare reforms, paper for the conference « The Nordic Models: the solutions to Continental Europe’s problems?, Center for European Studies, Harvard University, 9-10 mai 2008

Présentée à l’occasion d’une conférence organisée récemment aux Etats-Unis par l’un des meilleurs spécialistes français des questions de politiques sociales, cette contribution entend proposer une interprétation des réformes de l’Etat Providence « continental ». L’auteur fournit en première partie un cadre d’analyse général. Il souligne ainsi les liens étroits existants durant les Trente Glorieuses entre les politiques macro économiques d’inspiration Keynésiennes et les politiques sociales. De 1945 à 1975, les mécanismes de la protection sociale permettent d’entretenir la croissance économique, notamment en soutenant une consommation de masse. En retour, la croissance économique permet, elle, de développer les politiques sociales. De ce point de vue « démarchandisation » du travail et politique économique interagissent positivement. Plus avant, le système français de sécurité sociale est présenté, du point de vue  des idées qui fondent sa création, comme un instrument de politique économique. Les deux univers commencent néanmoins à se dissocier à la fin des années 70 et au début des années 80. Crise économique et demandes sociales croissantes conduisent à creuser les déficits publics et ouvrent la voie aux développements de politiques économiques, cette fois d’inspiration néo-classique, principalement dans les années 80. L’accent alors placé sur le développement de l’offre (plutôt que la demande) fait apparaître la protection sociale comme un coût. Il en résulte une évolution des systèmes de protection sociale davantage orientée vers une « re-marchandisation » du travail. Dans ce contexte, la tendance n’est plus au développement de systèmes de protection sociale à vocation universelle, mais au recentrage des dépenses sur les publics les plus en nécessité. Aujourd’hui, à la lumière des réformes menées durant les années 90 /2000(promotion des modalités de retraite par capitalisation, politiques d’activation du marché du travail, etc.), l’auteur souligne le développement de la dualisation du système de protection sociale, à savoir une distance accrue entre les bénéficiaires des assurances sociales (les insiders) et ceux couverts par les mécanismes d’assistance (outsiders).  La deuxième partie de l’article entend démontrer que les évolutions du système français suivent les orientations générales précédemment décrites. Il en résulte que le système français de protection sociale est aujourd’hui mis au service de la compétitivité économique. L’auteur regrette que l’on ait assisté jusqu’ici, essentiellement, à une «adaptation » de la protection sociale, menée largement à l’écart d’une véritable délibération collective. Cette dernière est sans doute nécessaire si l’on veut éviter que la « libéralisation » du système français aille finalement trop loin.

http://www.ces.fas.harvard.edu/conferences/nordic/papers/France.pdf

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