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Dans toute l’Europe, la crise induit un « changement de décor » dépourvu de cadre clairement défini, qui remet en cause les réponses, les responsabilités, les méthodes et les ressources mis en place pour faire face au changement.

Ampoule Europe

Pendant un an, 125 spécialistes des services de l’emploi (acteurs territoriaux, employeurs, syndicalistes et représentants de salariés européens, experts de la santé et universitaires) issus de 15 pays différents ont discuté des meilleures pratiques en matière de gestion responsable des restructurations, en mettant en exergue les innovations réussies, mais également les barrières et obstacles, qui découlent souvent de leurs propres méthodes et structures.

Comment réagir face à une récession qui s’annonce longue ? Nos filets de protection sociale sont-ils adaptés face au retour du chômage, des inégalités et de la pauvreté ? Avons-nous besoin de repenser les cadres d’action et les pratiques ? Dans quelle mesure les conséquences de la crise financière mondiale doivent-elles être financées par des entités et des individus qui n’en sont pas responsables ? Pour les membres du réseau IRENE (Innovative Restructuring – European Networks of Experts), le contexte actuel nécessite des innovations à très grande échelle ainsi que des politiques de l’emploi et des mesures sociales alternatives. Voici donc les hypothèses et les propositions dans sept domaines-clés qu’ils viennent de rendre publiques.

1. Légitimité du changement et communication
La légitimité du changement, surtout à l’heure actuelle, est largement menacée par tous des abus multiples et doit être refonder. Objectifs, procédures et modes de communication internes et externe s sont à revoir.
2. Inégalités et justice sociale
Les restructurations ne pas équitables. Il est donc urgent de repenser les critères de sélection, ainsi que les procédures décisionnelles, en prenant en compte les droits sociaux fondamentaux et en envisageant des mesures sociales pour tous, quelle que soit la forme de l’emploi occupé.
3. Transitions et responsabilisation
Les restructurations nécessitent d’aménager des périodes de transition pour les individus et les territoires. Il convient dans ces conditions de responsabiliser les salariés et les instances de dialogue social ; les services de l’emploi doivent cesser de ne voir en eux que des victimes passives. Des structures de transition stables doivent être mises en place afin d’aboutir à un concept d’employabilité allant au-delà de la sécurité de l’emploi. Les projets et responsabilités en termes d’aménagement territorial des entreprises en restructuration doivent être pris en considération.
4. Dialogue social élargi et professionnalisme
Le dialogue social ne prend toujours pas suffisamment en compte les processus de restructuration récurrents, la diversité des relations sociales et les impacts transnationaux, sectoriels et logistiques. Il faut de nouvelles instances de dialogue, de nouveaux acteurs et davantage de ressources afin de mieux armer les représentants des parties prenantes. Il est nécessaire de ne pas s’arrêter à l’information et à la consultation et d’ouvrir davantage le dialogue.
5. Santé et mesures sociales
Les restructurations ne sont pas toujours bénéfiques pour la santé des entreprises ou des individus. La santé doit constituer un nouveau domaine de responsabilité, incluant davantage de justice sociale, ainsi que des évaluations et un suivi de l’impact sanitaire en cas de restructuration. Les concepts d’employabilité doivent être élargis et de nouveaux acteurs être associés pour prévenir et atténuer des conséquences sanitaires, aujourd’hui très néfastes.
6. Normes et financements européens communs
En dépit des nombreuses normes européennes, le sujet des restructurations paneuropéennes est négligé. Les restructurations nécessitent un cadre réglementaire approprié incluant notamment un code de conduite européen contraignant et une révision des financements européens afin de gérer au mieux la crise actuelle et les changements organisationnels qui en découlent.
7. Parties prenantes associées et pluridisciplinarité
La gestion des restructurations a eu tendance à être une affaire d’initiés et s’est souvent révélée peu efficace. Or, une gestion pluraliste doit être développée elle aussi. La pluridisciplinarité doit être encouragée afin de parvenir à des transitions réussies pour les individus, les entreprises et les territoires.

Pour aller plus loin

le rapport IRENE

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