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par Planet Labor

Dans une déclaration intitulée « Maîtriser la crise – maintenir l’emploi », les directeurs de ressources humaines de 27 entreprises, dont Audi, BASF, Daimler, Eon, MAN, RWE, Siemens, Bosch, mais aussi d’entreprises familiales comme Drägerwerk et Trumpf, se sont engagés, le 16 janvier 2009, à mener une « politique de gestion du personnel responsable » face à la crise.

chomage partiel

Ils ont exhorté les entreprises à ne pas privilégier une politique du court terme en procédant à des licenciements secs pour ajuster leurs capacités de production, mais à exploiter tous les instruments existants pour maintenir leur personnel.

Selon le professeur Gerold Frick, directeur de l’association allemande pour la gestion des Ressources humaines (Deutsche Gesellschaft für Personalführung ou DGFP), dont les DRH signataires sont membres, l’idée de cet appel est née en novembre dernier lors d’un entretien entre des DRH sur la meilleure politique RH à mener face à la crise. « Nous avons exprimé l’inquiétude que les entreprises ne rééditent les erreurs commises lors des crises précédentes en licenciant trop de salariés et trop rapidement avant d’avoir épuisé toutes les mesures de flexibilité du temps du travail. Nous avons voulu lancer un signal fort », a confié à Planet Labor M. Frick. Car selon les DRH, l’enjeu est capital. Les entreprises qui se séparent aujourd’hui de leurs salariés qualifiés pour améliorer à court terme leur situation financière ne disposeront pas du personnel nécessaire en période de reprise pour asseoir leur succès et leur développement. Et de mettre en garde : « Une mesure qui semble ainsi justifiée à court terme peut se révéler nocive à long terme pour l’entreprise ».

Un appel à préserver l’avenir

« Il s’agit aussi d’une question culturelle. Aucune entreprise ne s’imagine vendre ses machines pour réagir à une chute de ses ventes alors qu’elle pense souvent à son personnel comme variable d’ajustement », critique M. Frick. Et d’ajouter : « nous appelons les entreprises à mener une politique de gestion du personnel stratégique tournée vers le long terme ». Selon lui, les entreprises doivent, d’une part, épuiser tous les instruments de flexibilité pour éviter des licenciements, tels que l’utilisation des comptes épargnes-temps, la réduction du temps de travail, le chômage partiel, etc. D’autre part, elles doivent définir les groupes de salariés stratégiques pour leur avenir et veiller à ne pas les licencier. Selon Günther Fleig, DRH de Daimler et signataire de la déclaration, cette attitude est d’autant plus importante que les licenciements économiques peuvent se révéler très onéreux et très longs pour les entreprises. Car chaque salarié ainsi licencié peut décider de saisir la justice. Par ailleurs, les plans sociaux dotés de fortes indemnités coûtent cher à l’entreprise.

Des demandes de nouvelles améliorations du dispositif de chômage partiel

Tout en saluant les mesures adoptées par le gouvernement fédéral pour rendre les mesures de chômage partiel plus attractives, l’association DGFP a appelé ce dernier à procéder à de nouvelles améliorations. Car selon elle, les entreprises, qui font une demande de chômage partiel auprès des agences fédérales pour l’emploi, doivent suivre une « procédure administrative très lourde ». Autre grief : une entreprise ne peut bénéficier de ces mesures que si elle a vidé tous les comptes épargne-temps de son personnel. « Dans la pratique, cette condition se révèle difficile à satisfaire », souligne M. Frick, assurant que le ministère fédéral de l’Emploi serait prêt à assouplir sous peu ce dernier critère.

Planet Labor 23 janvier 2009, n°090076 – www.planetlabor.com

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