par Planet Labor
Le groupe Fiat a annoncé aux syndicats la mise en « Cassa Integrazione » de 5 000 cols blancs à Turin pour le mois de mars. Le malaise provoqué par le chômage partiel qui se prolonge a déclenché un premier conflit dans la région de Naples. Un millier d’ouvriers de l’établissement de Pomigliano D’Arco, où la reprise de l’activité a été de nouveau reportée, ont été violemment dispersés par la police lors d’une manifestation non autorisée.
« Ce n’est pas avec la police que l’on résoudra les problèmes de l’établissement de Pomigliano D’Arco, ni ceux de tous les autres établissements Fiat de notre pays « , a commenté le secrétaire général de Fiom, Gianni Rinaldini, suite aux incidents entre manifestants et policiers dans la région de Naples. « Pour affronter la crise, a-t-il poursuvi, il faut ouvrir la discussion entre le gouvernement, l’entreprise et les syndicats ».
Une situation sociale insoutenable
Après quinze semaines d’arrêt pour chômage technique, la reprise de l’activité dans l’établissement de Pomigliano d’Arco, prévue début février, a été de nouveau reportée au 9 mars prochain, en raison d’une grève chez un équipementier qui a provoqué l’épuisement des stocks. Jeudi 5 février dernier, suite à une assemblée qui s’est tenue aux portes de l’établissement, un millier d’ouvriers ont décidé de manifester pour attirer l’attention sur leur « condition dramatique » provoquée par la longue durée de la Cassa Integrazione et pour demander des garanties sur le maintien de leur emploi. Mais ils ont été violemment dispersés par la police alors qu’ils tentaient de bloquer l’autoroute Rome-Naples avec un « sit-in ». Selon Gianni Rinaldini, cette mobilisation «est le symptôme évident d’une situation sociale qui devient de plus en plus insoutenable ». Condamnant l’action de la police, les syndicats Fim, Fiom, Uilm et Fismic de Naples ont demandé au gouvernement des mesures de soutien aux revenus des travailleurs en CIG et des salariés précaires. Ils ont, en même temps, demandé à la Fiat de préciser ses projets pour l’établissement de Pomigliano. Il s’agit d’un pôle économique essentiel pour la région, dont dépendent quelque 20000 emplois directs et indirects. Les syndicats craignent, suite à des indiscrétions dans les médias, que la Fiat n’en décide la fermeture définitive en raison de la crise. Gianni Rinaldini a, de son côté, sommé Fiat de « présenter un plan industriel sur ses nouveaux modèles et donc sur les perspectives de production confiées à ses divers établissements italiens », prévenant que « toute hypothèse de fermeture est incompatible avec des mesures publiques. La réponse des syndicats et des travailleurs serait en ce cas très dure ».
Hausse du recours au chômage technique
Le 22 janvier dernier, le groupe avait annoncé une diminution de 20% de la demande en 2009, définissant cette année comme la « plus difficile depuis toujours ». Mais, lors de la rencontre avec les syndicats, « aucune hypothèse crédible de sortie de la crise n’a été évoquée », selon le leader de la Fiom, qui a jugé cette rencontre « négative ». Le 23 janvier, le groupe annonçait le prolongement de la CIG des 5000 salariés des carrosseries de l’établissement Mirafiori de Turin, pour la dernière semaine de février et les deux premières semaines de mars. Une autre semaine de CIG a été également programmée pour l’établissement de Melfi (Potenza) du 2 au 6 mars. Tandis que, le 4 février, la Fim-Cisl annonçait que le groupe avait communiqué aux syndicats les recours à la CIG pour 5000 cols blancs de Fiat Group Automobiles, Fiat Powertrain et Fiat Purchasing, la plupart dans la province de Turin, pour les deux premières semaines de mars. La semaine dernière déjà, 2000 cols blancs ont entamé les deux semaines de CIG annoncées en janvier. Le rapport de la CGIL sur l’évolution du chômage partiel en 2008, montre qu’au cours du dernier quadrimestre 2008, le recours à la CIG a augmenté de 54,61% par rapport aux premiers huit mois de 2008 dans les provinces où sont implantés les établissements Fiat et leurs équipementiers.
Des mesures publiques de soutien de l’industrie automobile insuffisantes
Vendredi 6 février dernier, le Conseil des ministres a approuvé les mesures d’aide à l’industrie automobile avec un bonus de 1 500 € pour le remplacement des voitures polluantes par l’achat de véhicules moins polluants. Une mesure fort critiquée par Giorgio Airaudo, le secrétaire de la Fiom turinoise, car non seulement cette aide n’est pas conditionnée au maintien de l’emploi, comme le demandaient les syndicats, mais ces incitations pourraient, selon lui, au mieux accroître la production de 25 000 à 30 000 voitures, ce qui « est insignifiant si l’on considère qu’un établissement comme Mirafiori peut produire environ 700 voitures par jour », a-t-il souligné.
Planet Labor 11 février 2009, n°090147 – www.planetlabor.com
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