Pour la confédération générale du travail (CGT), l’Europe a toléré trop d’atteintes au droit social. Après sa conférence de presse de rentrée, Bernard Thibault était reçu par l’Association des journalistes de l’information sociale le 7 septembre, l’occasion de faire le point sur l’Europe et la situation grecque.
L’Europe est en crise « sur sa finalité » estime le secrétaire général de la CGT. « Certains s’orienteraient même vers un nouveau traité européen » confie-t-il. Ce qu’est venu confirmer depuis un communiqué : « la CGT milite pour une révision des Traités européens pour assurer la primauté du droit social sur celui du Marché et soustraire les services publics des règles de la concurrence ».
L’esprit qui anime la CGT se veut constructif. « L’Europe doit être un espace où le progrès social est encore une réalité » dit Bernard Thibault. Il faut pour cela « redonner une place au travail rémunéré dans l’économie ». Là encore, le communiqué développe sur la répartition des richesses au sein de l’Union européenne. En trente ans, la part du PIB consacré au salaire et à la protection sociale a reculé de 9,3 % ce qui représente, pour la seule année 2008, un manque à gagner de 1 100 milliards d’euros pour les salariés européens.
Rien qu’en France les dividendes versés aux actionnaires des entreprises non financières s’élèvent à 210 milliards d’euros en 2010, soit un tiers de la masse salariale de ces sociétés, et davantage que leurs investissements. « Intenable » selon le leader de la CGT, qui avait développé ce point dans une interview pour Libération fin août. Il précise lors de cette conférence de presse que la cure d’austérité décidée cet été aura un « impact colossal sur l’emploi et le social », notamment sur le service public, où les élections des représentants syndicaux se dérouleront en octobre. Paradoxalement, le service public français est « privatisé, alors que le secteur privé n’a jamais été autant aidé ». D’après les calculs de l’organisation syndicale : la somme des aides accordées aux entreprises (exonération, aide, accompagnement) font grimper l’addition à 70 milliards par an. « C’est une nationalisation des emplois privés ».
Autre problème, le travail au noir s’étend en Europe. En France, il atteint désormais 4% du PIB, soit 260 milliards de cotisations sociales perdues. En Italie : 16%, en Espagne 25%, et en Grèce 40%.
En Grèce, la situation est « inextricable, dit-il. Du point de vue social, avec la baisse des salaires et des pensions. Du point de vue de la démocratie même ». Les modalités du plan de « redressement » sont rediscutées tous les mois. « Comment croire que rester dans cette même logique a du sens ? S’interroge le leader de la CGT, avec pessimisme. Comment croire qu’un pays peut rembourser 16% d’intérêt sur sa dette ? Les institutions financières se font du gras sur la situation grecque. On est dans un cycle suicidaire ».
– Le communiqué de la CGT Pour une autre Europe porteuse de progrès social
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