« Une interview comme vous n’en avez jamais lue » annonçait caustique le quotidien économique allemand Handelsblatt le jeudi 12 octobre. La double page d’interview avec le patron de la BNP Baudouin Prot comportait 28 questions, sans réponse.
L’angoisse de la page blanche ? Plutôt la chape de plomb. Baudouin Prot avait reçu deux journalistes Nicole Bastian et Robert Landgraf début septembre, pour une publication prévue le 12 octobre. La volonté de contrôle des éléments de langage par la BNP a conduit à ce que les réponses soient retravaillées plusieurs fois. À la date ultime, l’interview n’avait toujours pas été validée. Le quotidien a préféré publier cette entrevue fantôme dans son édition papier pour dénoncer la frilosité de l’élite financière à parler franchement de la crise actuelle et de leur responsabilité.
Entre temps BNP a publié une version intégrale en anglais de l’entretien sur son site. Impossible de savoir si les réponses sont originales ou édulcorées en tout cas le pdf est la Version 4.
Les questions qui fâchent.
La France mérite-t-elle encore son triple A ? Une baisse de la note coûterait chaque année 5 milliards. Cela ne vous empêche-t-il pas de dormir ? Au-delà, la croissance peut-elle repartir en Europe ?
Une des réponses validées est finalement publiée sur le site du Handelsblatt. En substance : « une croissance est possible, même à faible taux. La réforme des retraites en France est un signe que les mesures nécessaires ont été prises et que la notation n’est pas menacée. De plus, la croissance démographique de la France, une exception en Europe, assure que la population en bonne santé peut assurer la croissance, alors qu’en Allemagne le déficit démographique se creuse. Cela va compter dans les années qui viennent ».
Vous dites que les marchés sur-réagissent. Alors que les banques ne se prêtent-elles plus entre elles et préfèrent déposer de l’argent à la banque centrale européenne. Faites-vous encore confiance au secteur bancaire ou non ? Finalement la situation est aujourd’hui à peu près similaire à celle qui a suivi la faillite de Lehman Brothers.
Que pensez-vous de la nomination de Christine Lagarde au la tête du FMI, qui a fait un revirement total dans ses propos sur la solidité des banques européennes ? Quelle est l’exposition de la BNP aux dettes grecques et italiennes ?
Une autre réponse figure également sur le site internet du Handelsblatt sur une probable sortie de la Grèce de la zone euro. Elle laisse rêveur.
« Cela aurait des conséquences sévères sur le système bancaire européen. Cela provoquerait une faillite économique totale du pays. L’ancienne monnaie, le drachme serait très dévaluée, cela rendrait les produits moins chers et améliorerait la compétitivité internationale ».
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