par Christophe Teissier
A. Supiot, Fragments d’une politique législative du Travail, Communication au séminaire Conventions, EconomiX, Février 2012
Nul besoin de présenter au lecteur de METIS le grand professeur de droit du travail (au sens plein du terme !) qu’est Alain Supiot. Dans cet article récent, par ailleurs publié par la célèbre revue Droit social (décembre 2011), l’auteur poursuit le développement d’une pensée marquée, il y a déjà quelques années, par la publication d’une brillante « Critique du droit du travail ». L’auteur identifie ici les jalons, « les fragments », de ce que pourrait être une politique législative du travail. Il ne s’agit de rien de moins que de contribuer à la définition d’une voie alternative à « l’ultralibéralisme », ce qui conduit en premier lieu l’auteur à constater l’absence cruelle d’une politique du travail. Cette dernière cèderait en effet devant une marchandisation du travail, sans cesse renouvelée par notre classe politique.
Elle conduirait à soustraire du domaine du droit la « dimension qualitative du travail » abandonnée, soumise, à une pure « rationalité technoscientifique ». C’est à cela que devrait répondre une politique législative du travail, rendue éminemment nécessaire par la remise en cause brutale, dans les faits, d’un compromis fordiste qui avait pu, un temps, rendre la situation acceptable. Il ne peut plus être question de cela à l’heure de la globalisation, de l’éclatement de l’entreprise, du développement du précariat, etc. Bien au-delà du seul droit du travail, le droit de l’entreprise mais aussi le droit public sont convoqués pour envisager une politique du travail qui reconnaisse, prenne pour fondements, l’importance à accorder au sens du travail ainsi qu’aux nécessaires communautés de travail. En bref, une politique qui cesse de prendre les personnes pour des choses !
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