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par David Marquet

Photo William Hamon.

retraites

L’accord sur les retraites complémentaires entre syndicats et patronat, prévoyant une revalorisation des pensions pour un départ à 64 ans vient tout juste d’être validé vendredi dernier. Il prévoit, en taux plein, une majoration de 10 % des pensions pour un salarié cessant son activité deux ans après l’âge légal, et une décote de 10 % pour ceux qui choisiraient de s’arrêter avant celui-ci.

 

 

 

 

« Travailler plus pour gagner plus », disait Nicolas Sarkozy. « Mais comment donc, quelle bonne idée », répondent aujourd’hui les syndicats signataires de l’accord sur les retraites complémentaires. La CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont donc validé vendredi 30 octobre la mesure qui incitera fortement les salariés à reculer l’âge de leur départ en retraite. Devant être signée mercredi avec le MEDEF, elle récompensera les travailleurs assidus qui auront à cœur de quitter leur entreprise le plus tard possible. En effet, s’ils décident de cesser leur activité deux ans plus tard que l’âge légal, soit à 64 ans, ceux-ci auront la chance de voir leur pensions majorées de 10 % pendant un an, jusqu’à ce qu’ils perçoivent leur retraite à taux plein.
Quant aux autres, qui auraient la mauvaise idée de s’obstiner à vouloir leur retraite à l’âge légal de 62 ans, ils se feront sèchement taper sur les doigts : ces mêmes 10% représenteront la décote qu’ils subiront durant cette même période. Et, peu importe la pénibilité de leur tâche, leur lassitude, leur état de santé ou leur faiblesse physique : ces garnements iront au coin. L’accord se prévaut pourtant d’être équitable, puisqu’il touchera tous les salariés, cadres comme non-cadres.

 

Cadre ou non-cadre, un même manque à gagner

Concrètement, qu’est-ce que cela représente ? Selon Le Monde, qui a fait faire une simulation par le cabinet de conseils Optimaretraite, l’écart entre les travailleurs vieillissants (mais résistants) et les autres est appréciable. D’autant que celui qui travaille moins perdra une somme plus importante que celui qui travaille plus ne gagne. Explications.

Un salarié non-cadre, avec un revenu annuel de 20 544 euros, en partant en retraite à 62 ans, touche aujourd’hui 12 783 euros les trois premières années de sa retraite. En travaillant deux ans de plus, ce même salarié non-cadre touchera 14 515 euros la première année. Celui qui part à l’âge légal n’obtiendra lui que 12 404 euros pendant les trois premières années.

Un cadre dont le salaire atteint 54 000 euros, avec les mêmes pré-supposés, touche aujourd’hui 29 290 euros en cessant de travailler à l’âge légal. En reculant son départ à 64 ans, il obtiendra 33 512 euros la première année. Le cadre qui quittera ses fonctions à 62 ans ne percevra quant à lui que 28 049 euros.

 

En résumé : en travaillant une année de moins, on subira trois ans durant 10 % de pertes sur ses pensions par rapport à la législation en vigueur, contre 10 % de gain sur un an en dépassant la limite de l’âge légal.

Dans ce cas, pourquoi ne pas travailler plus tard encore ? L’accord a justement prévu ce cas de figure, car à partir de soixante-cinq ans, le bonus est de 20 %. De quoi faire s’accrocher à son bureau ou sa machine-outil…

Mais la mesure reste timide. Il faudra bien envisager, dans un prochain accord, de majorer de 30 % les pensions des salariés partant à 70 ans sur deux ans, et baisser sur six ans celles de ceux qui se prendraient encore à rêver d’une retraite à 60 ans. Celle qu’avait promis de maintenir le président Hollande avant d’appliquer le programme de son prédécesseur.

 

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