Les écoles secondaires et professionnelles, les universités et les centres de formation d’adultes européens contribuent à l’accueil des réfugiés par des actions dans le domaine linguistique mais aussi en vue de développer et/ou de reconnaître leurs compétences, notamment pour les réfugiés sans document ni preuve de leur passé académique et professionnel. Dans tous les cas, il s’agit de favoriser leur insertion sociale et professionnelle.
Comme on le sait, les pays membres se sont engagés dans cette voie de façon dispersée, voire pas du tout, et ont souvent laissé libre cours aux initiatives décentralisées des institutions d’enseignement et de formation professionnels, des universités, des centres de formation, des collectivités locales et des ONG. Dans ce contexte la Commission européenne s’efforce malgré tout d’accompagner et de renforcer le mouvement par le biais du programme Erasmus+ et d’autres initiatives mises en œuvre par la direction générale éducation et culture (DGEAC). C’est ainsi qu’une page spéciale a été créée au sein du site consacré à l’éducation et à la formation. Cette page (uniquement disponible en anglais) présente le soutien que le programme Erasmus+ est susceptible d’apporter aux initiatives des uns et des autres. Elle décrit les types de soutien qu’apportent les différentes composantes d’Erasmus+ (actions « mobilité », partenariats stratégiques, etc.) aux actions destinées aux migrants et aux réfugiés dans les domaines de l’enseignement supérieur, de l’enseignement et de la formation professionnels, des écoles européennes et du multilinguisme. Des enquêtes ont été lancées dans les différents domaines afin de recueillir des informations sur les actions en cours et sous le nom d’ « inspiring practices », des listes d’initiatives ont été établies afin de renforcer la mobilisation et de susciter de nouveaux projets. Une enquête est en cours auprès des institutions d’enseignement supérieur parmi lesquelles 160 ont déjà répondu, provenant de 15 pays différents.
Erasmus + pour les réfugiés
D’ores et déjà, la Commission a publié une liste d’actions en cours engagées par des institutions d’enseignement supérieur qui répondent aux besoins des réfugiés sur de nombreux plans : humanitaire (logement, nourriture, santé, etc.) et linguistique, mais aussi quant à leur manque de connaissance du pays d’accueil et de son système de formation, à l’absence de documents justifiant les diplômes et les niveaux de qualification et de compétences, et même aux difficultés (voire à l’impossibilité) d’accès à l’éducation, comme c’est le cas dans les camps installés en Jordanie ou en Turquie. Des actions spécifiques visent à lutter contre le racisme et à prévenir la radicalisation, tandis que d’autres cherchent à impliquer les universitaires et les entreprises dans des échanges basés sur les connaissances et les expériences des réfugiés. Par ailleurs les centres ENIC/NARIC (centres d’information sur la reconnaissance académique et professionnelle des diplômes) sont mobilisés notamment à partir de réunions organisées par la Commission en novembre et décembre. Enfin l’appel à propositions Erasmus+ 2016 offre des possibilités variées de soutien à l’intégration des réfugiés.
Une autre enquête lancée en novembre 2015 auprès des écoles, des institutions d’enseignement et de formation professionnelle et d’éducation des adultes recense 256 initiatives développées principalement dans le cadre d’Erasmus+ et couvrant la formation linguistique, l’intégration dans les systèmes d’éducation et de formation avec un accent particulier sur la dimension interculturelle et l’apprentissage de la citoyenneté, l’insertion dans le marché du travail, l’intégration dans la société, le soutien aux personnes aux plans pratique et psychologique, ainsi que des mesures de soutien aux institutions d’accueil notamment par la formation des enseignants et des autres personnels concernés.
Des initiatives propres à favoriser le développement des compétences et l’insertion professionnelle
• En Lettonie, un projet Erasmus+ a été développé en partenariat avec des écoles secondaires du Portugal, de Chypre, de Croatie, d’Allemagne et d’Islande afin de faciliter la scolarisation des réfugiés au plus près de leurs besoins, de leurs motivations et de leurs comportements spécifiques.
• En Italie, le projet Grundtvig, un programme de l’ancienne génération « Art made man », s’adresse aux femmes réfugiées dont il cherche à développer les compétences dans les domaines de la danse et des activités artistiques et artisanales pour faciliter leur intégration. Une coopérative La Città del Sole organise des rencontres et des activités avec les familles réfugiées afin de faciliter la scolarisation des enfants y compris sous la forme de cours spécifiques. L’Institut Ramiro Fabian participe activement à la mise en œuvre d’un projet Erasmus+ « supporting schools for a better Europe. Fighting xenophobia with education » destiné à faciliter l’intégration des réfugiés. Le projet « Lo sapevi che ? » vise, lui, à informer les réfugiés sur leurs droits concernant la participation au marché du travail. Aussi, La Fondazione Casa di Carità Arti e Mestieri Onlus participe à un projet Erasmus+ « Valorize High Skilled Migrants » destiné à encourager l’insertion dans l’emploi de migrants de qualification moyenne ou élevée.
• Aux Pays Bas, un consortium dédié à la formation professionnelle des réfugiés met en œuvre un soutien global incluant :
une préparation linguistique spécifique permettant à l’individu de s’orienter dans le marché du travail,
une formation professionnelle combinée avec un travail afin de déboucher sur une qualification à travers un examen dont les conditions ont été assouplies pour la circonstance, par exemple en autorisant l’usage d’un dictionnaire pendant les épreuves.
• En France, en partenariat avec la Région PACA, les centres AFPA sont particulièrement mobilisés sur ce sujet et offrent à 2 000 réfugiés une formation « à l’intégration ».
• En Finlande, un lycée de Tampere organise des cours préparatoires d’une durée d’un an destinés aux réfugiés décidés à poursuivre des études secondaires. Des étudiants finlandais soutiennent ces initiatives par le biais d’échanges interculturels portant sur les langues et sur la nourriture. A Kalojaki, le lycée et la municipalité organisent des activités propres à préparer les réfugiés à la participation à la vie démocratique et à la construction européenne.
• En Allemagne, le lycée de Marienthal mobilise les étudiants et leurs parents afin de proposer aux réfugiés la participation aux activités sportives, l’organisation de cours de langues et l’usage des salles de classes pour des activités spécifiques. Ces activités doivent permettre aux réfugiés d’accéder aux cursus « normaux » du lycée au bout d’un an. (Voir l’article de Nicola Düll)
• En Norvège, l’Agence pour l’assurance qualité dans l’éducation a défini des conditions spécifiques pour la prise en compte des réfugiés dans les procédures de validation des acquis.
• Le projet Leonardo « Skillsbank » est un outil multi-langues destiné à décrire et définir les qualifications, organiser les évaluations individuelles des acquis d’apprentissage et favoriser les développements de carrière. Développé en coopération entre la Bulgarie, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Norvège, la Pologne, le Portugal et l’Espagne, il dispose maintenant d’une version en arabe en cours de test dans un collège universitaire norvégien.
• Le projet EDINA (Education of international newly arrived migrant pupils) rassemble des chercheurs, des écoles secondaires et des décideurs de Finlande, de Belgique et des Pays-Bas dans le but de soutenir les municipalités, les écoles et les enseignants dans l’accueil et la scolarisation des migrants.
Le programme Erasmus+ se révèle ainsi être un puissant moyen au service d’approches nationales et européennes destinées à faciliter la scolarisation et l’insertion sociale et professionnelle des migrants et des réfugiés. Et on peut voir que les initiatives des associations et des établissements ne manquent pas. Il reste certainement à mieux valoriser ces actions auprès de publics plus vastes. Puisse cet article y avoir contribué.
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