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L’été ça passe vite finalement, et plus encore quand la météo est belle. L’air du temps de la rentrée n’est jamais celui du début juillet.

Les news de l’été : attendues pour certaines, déconcertantes pour d’autres. Dans le désordre : Trump a voulu acheter le Groenland, la Grande-Bretagne et l’Italie jouent avec les institutions de la démocratie parlementaire. Les étudiants de Hongkong ne se contentent pas d’un système de représentation corporatiste qui convient si bien au pouvoir de Pékin.

A Madrid, les juges ont condamné Deliveroo pour fraude à la Sécurité sociale, et la question des droits sociaux des travailleurs des plateformes se fait une place un peu partout dans le monde : « Quel point commun entre le coursier à vélo, le Youtubeur à Berlin (“modérateur de contenu”), le chauffer Uber qui manifeste à New Delhi, et le micro-travailleur de Manille ? C’est de l’évasion sociale » (Christophe Degryse, ETUI, Le Monde du 15 août 2019). Ce sont tous des travailleurs d’avant les droits sociaux, des tacherons de l’Internet, d’avant la création de l’OIT dont on célèbre cette année le centenaire.

Dans les hôpitaux, les urgentistes sont massivement en grève (tout en assurant leur travail) : certains services sont sortis du mouvement dès lors que des solutions locales ont pu être trouvées, d’autres y sont entrés. Coordonnés par le collectif Inter-urgences, ils vont poursuivre, car les réponses ne sont pas pour l’instant à la hauteur.

La « prime d’activité » a bénéficié à un million de personnes supplémentaires du fait de ses nouvelles conditions d’attribution.

19 milliards d’euros ont été versés en 2018 aux salariés au titre de l’intéressement et de la participation.

Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu a généré 1 milliard de rentrées fiscales non prévues.

110 000 adultes ayant obtenu le bac depuis longtemps se sont inscrits sur Parcours Sup pour reprendre des études, surtout dans le secteur de la santé… Personne n’avait songé à cette formule inattendue de formation tout au long de la vie, tandis que le Compte Personnel de Formation (CPF) patine.

Moi, j’aime bien les rentrées. Les vacances nous simplifient : moins de vêtements, moins de livres, plus de temps que l’on peut laisser filer. A la rentrée on retrouve la complexité, et la curiosité surtout.

On aura les réformes attendues : celles de la retraite qui va encore faire beaucoup discuter, celle des minima sociaux avec la création du RUA (Revenu Universel d’Activité), des réformes de société (PMA) qui changent beaucoup de choses pour chacun, et surtout chacune.

On va s’essayer à la méthode de démocratie participative des « conférences de citoyens » avec la Convention Climat qui va rassembler 150 personnes tirées au sort pour débattre, travailler (ils seront indemnisés et rétribués pour 6 week-ends durant le dernier trimestre de cette année) sur les mesures écologiques à prendre pour répondre en même temps à l’urgence climatique et à l’impératif de justice sociale. C’est une première après les impatiences brouillonnes du Grand Débat national de l’hiver dernier et c’est une vraie première en termes de méthode : il sera passionnant de voir comment cette nouvelle légitimité peut se construire. Metis y reviendra.

Répondre à la double exigence écolo et sociale nous engage tous, et il n’y a pas de consensus dans la société sur les règles et incitations à construire. Des activistes ont décroché des portraits du Président de la République présents dans toutes les mairies, outre la puérilité du geste, c’est se tromper de cible. Dimanche dernier sur l’Autoroute A15, il était clairement indiqué « Pollution : vitesse réduite de 20 km/h » : eh bien quasiment aucun automobiliste n’a respecté cette limitation, et bon nombre m’ont klaxonnée, tellement ils me trouvaient ridicule de le faire !

Certes, je me retrouve dans cette phrase de Lévi-Strauss « l’univers existait avant nous, il existera après », et je suis profondément pénétrée de l’extrême modestie de l’aventure humaine sur la terre. Mais il faut garder vivante et vigilante la curiosité de la suite.

Pour peu que les catastrophistes de tous bords et de tous âges ne fassent pas comme si tout était écrit, la rentrée, c’est la curiosité du lendemain.

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Philosophe et littéraire de formation, je me suis assez vite dirigée vers le social et ses nombreux problèmes : au ministère de l’Industrie d’abord, puis dans un cabinet ministériel en charge des reconversions et restructurations, et de l’aménagement du territoire. Cherchant à alterner des fonctions opérationnelles et des périodes consacrées aux études et à la recherche, j’ai été responsable du département travail et formation du CEREQ, puis du Département Technologie, Emploi, Travail du ministère de la Recherche.

Histoire d’aller voir sur le terrain, j’ai ensuite rejoint un cabinet de consultants, Bernard Brunhes Consultants où j’ai créé la direction des études internationales. Alternant missions concrètes d’appui à des entreprises ou des acteurs publics, et études, européennes en particulier, je poursuis cette vie faite de tensions entre action et réflexion, lecture et écriture, qui me plaît plus que tout.