– Bernard Jarry-Lacombe et Jean-Marie Bergère, propos recueillis par Danielle Kaisergruber –
Bernard Jarry-Lacombe et Jean-Marie Bergère ont publié un livre écrit avec François Euvé et Hubert Tardieu, Pour Un numérique au service du bien commun. Ils répondent aux questions de Danielle Kaisergruber.
Ce livre est le résultat d’un processus de travail collectif (il porte d’ailleurs quatre signatures) : pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui a motivé et ce travail et ce livre ? Comment avez-vous travaillé entre vous, et avec d’autres ?
Bernard Jarry-Lacombre (BJL) : Ce livre est en effet le fruit d’un travail collectif mené par le groupe de réflexion Innovation et société créé à l’initiative du Service national Famille et société de la CEF (Conférence des évêques de France) et ouvert à de nombreux contributeurs de compétences, parcours, convictions et horizons divers.
Nos échanges avaient pour sujet le croisement des points de vue sur les usages des technologies numériques et sur leurs effets dans la vie des individus, des citoyens et des sociétés humaines. Pour cela, nous avons interviewé une trentaine d’experts, chercheurs, industriels, médecins, philosophes, théologiens, etc.
Nous nous sommes intéressés aux premiers signaux d’un ébranlement anthropologique et au questionnement éthique : le numérique est-il ou peut-il être mis au service du bien commun, et comment ? Quelles sont les promesses attendues ou potentielles, et inversement peut-on identifier des risques et des menaces pour l’avenir ?
Jean-Marie Bergère (JMB) : J’ai répondu à l’alléchante invitation de Bernard que j’ai connu à l’Observatoire des cadres et du management (OdC)… Ensuite les auditions suivies d’échanges très sincères et approndis entre nous ont été vraiment très riches. La diversité de nos formations, de nos parcours professionnels, de nos histoires personnelles, de nos convictions a nourri nos réflexions, ce qu’aucun entre-soi n’aurait permis.
Seriez-vous d’accord pour affirmer que votre démarche peut être définie comme « connaitre et comprendre pour maitriser » ?
BJL : Connaître et essayer de comprendre la technologie numérique et ses différents usages, oui certainement. On a affaire à un phénomène massif aux conséquences mondiales… On dénombre en effet aujourd’hui dans le monde de l’ordre de 3 milliards de smartphones et 4 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux pour bientôt 8 milliards d’humains.
Les questions abordées sont d’une grande actualité. Les thèmes principaux mis en avant en juin 2022 à Paris dans le plus grand salon européen dédié aux technologies numériques, intitulé « Vivatech », en témoignent : l’impact du numérique sur le travail, sur la mobilité, sur la santé et sur l’inclusion sociale, le Web3 et le métavers. Ces sujets sont au cœur de notre réflexion et au cœur du livre.
Mais parler de « maîtriser », ce serait bien ambitieux ! Nous avons voulu faire prendre conscience que cet outil est à la fois formidable par tout ce qu’il permet de faire, mais aussi très prégnant, au point de pouvoir tout envahir et de devenir addictif. Chacun de nous, individuellement et collectivement, est appelé à une forme de maîtrise de ses usages au même titre qu’en matière de consommation, d’énergie ou d’écologie. Nous avons cherché à identifier et proposer des leviers de compréhension et d’action pour faire de cette technologie un outil au service des humains et des sociétés démocratiques et non un outil supplémentaire d’asservissement individuel et collectif.
JMB : J’ajouterais que nous n’étions pas en situation d’observateurs extérieurs au sujet de son étude. Nous sommes tous aussi des utilisateurs… Cela rend forcément modeste quant à la capacité de maîtriser, ce rêve né avec le cartésianisme et que le « solutionnisme technologique » remet à l’honneur !
Justement pour connaitre mieux, vous revenez longuement sur l’histoire d’Internet, son invention, sa diffusion, sa marchandisation. Qu’est-ce que votre groupe a retenu de la tension entre le côté foisonnant, « libertaire » du moment de création du web (qu’analyse très bien le livre de Dominique Cardon Culture numérique auquel vous référez), et la suite marquée par un développement franchement capitaliste, voire hyper-capitaliste caractérisé par l’expression « the winer takes all » (les GAFAM) ?
BJL : Il est intéressant et nécessaire de distinguer l’« informatique » et le « numérique ». L’informatique a pris son essor dans les années 1950 (grâce à des ordinateurs et des programmes de plus en plus puissants, qui ont permis le traitement des informations codées sous forme de 0 et de 1, leur stockage organisé ainsi que des calculs de plus en plus complexes). Le « numérique » est lui issu de l’interconnexion des ordinateurs via les réseaux de télécommunications (dans les années 60) et d’inventions successives : internet en 1985, le web entre 1985 et 90, les navigateurs en 1995, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux dès 2003, etc. C’est une aventure humaine et technique extrêmement riche et rapide, commencée en Californie dans un contexte de libération des mœurs, de créativité et d’innovation, avec la contribution scientifique de chercheurs français notamment.
Ce foisonnement a suscité la naissance entre 1995 et 2005 de « start-up » du numérique devenues très rapidement des géants, tels Amazon, Google, Facebook, etc. On a quitté le monde des pionniers pour rejoindre le monde industriel et capitaliste. La compétition technique et économique est devenue exacerbée, au fur et à mesure de la consolidation du secteur.
Une nouvelle étape a été franchie avec l’arrivée du haut débit fixe puis avec celle des smartphones à partir de 2007 environ, ouvrant la voie à l’internet mobile.
Il est frappant de voir comment cette histoire du jaillissement et de l’adoption d’une nouvelle technologie a rencontré et accompagné l’histoire sociale, la montée de l’individualisme, la consommation de masse, l’explosion des transports, la compétition économique et la mondialisation. Le capitalisme, libéral ou étatique, domine aujourd’hui ce domaine industriel et de services.
JMB : La genèse et l’histoire sur lesquels nous revenons sont indispensables si on veut « comprendre ». Les deux moments opposés, contraires à bien des aspects, celui de l’effervescence de la création et celui des géants du numérique, ont en commun leur méfiance vis-à-vis des règles et des interventions de la puissance publique. Il est temps maintenant d’inventer les régulations et les instances qui favorisent les usages privés et professionnels qui, tout en s’inscrivant dans l’esprit émancipateur des pionniers, prennent en compte le développement du numérique très rapide et qui affecte tous les domaines de la vie. C’est la conclusion du livre, élaborer une « nouvelle utopie » qui fasse du numérique un « facteur de l’évolution des sociétés vers plus d’échange, de fraternité, d’égalité, d’inclusion, de coopération, d’émancipation et de démocratie ». Ce n’est pas gagné, ça ne se fera pas tout seul, mais c’est possible !
Votre critique des excès (ceux des grandes entreprises, voire ceux des usagers) est marquée par votre volonté de vous inscrire dans un courant humaniste chrétien : faut-il en revenir à Pascal « Tout le malheur des hommes vient de ne pas être capable de rester enfermé dans une chambre ? »
BJL : Nous n’avons pas voulu observer et analyser cette évolution et ces excès en nous inscrivant dans un courant particulier, politique, philosophique ou religieux, chrétien ou autre. C’est plutôt une dimension humaniste qui nous a rassemblés, chacun ayant de toute façon ses propres convictions philosophiques ou religieuses pour penser l’humanisme. Nous sommes partis de l’idée que nous sommes partie prenante d’une même aventure technologique et sociétale et qu’il est important d’y réfléchir en tant que personnes et citoyens responsables. Nos échanges ont fait apparaître de nombreuses convergences. Nous nous sommes tout particulièrement retrouvés sur la dimension relationnelle, sur le questionnement éthique et sur ce que nous avons appelé dans le livre une société désirable.
JMB : Pour ma part, j’accepte cette inscription du livre dans un courant humaniste, mais je ne pense pas que cet humanisme soit l’apanage des seuls chrétiens… iI m’est arrivé lors de nos échanges de rappeler aux chrétiens, dominants — numériquement — dans le groupe, que personne n’en a le monopole. Il me semble qu’in fine nous étions d’accord pour admettre que nous pouvions souhaiter la même chose à partir d’histoires et de principes différents, y compris sur les questions éthiques qui auraient pu nous opposer. Le fait de partir d’auditions, une trentaine, de cas concrets, de témoignages, je pense à celui de Marie-Claude Bossière sur les phénomènes d’addictions aux écrans de très jeunes enfants, a évidemment favorisé cet accord sans lequel le livre n’aurait pas pu aboutir. J’étais particulièrement heureux que nous puissions développer ensemble ce que nous avons appelé « une anthropologie relationnelle et réflexive » qui s’accorde à des usages divers des technologies numériques en les enrichissant d’un contenu éthique et politique, d’où le titre du livre.
Le numérique transforme aussi très profondément le travail et la période de pandémie a accéléré ce processus. C’est la place même du travail dans la vie qui change laissant entrevoir une vie davantage faite de consommation et de loisirs, celle qu’imaginaient déjà Marcuse et André Gorz dans les années d’avant 1968… Comment a travaillé votre groupe sur cette problématique ?
BJL : Nous avons voulu passer en revue différents domaines de l’activité humaine, qui sont « impactés » d’une manière ou d’une autre par le numérique, sachant que le numérique, ce n’est pas seulement internet, mais c’est aussi les algorithmes et le big data, les robots, les chatbots, la réalité virtuelle, ce qu’on appelle l’intelligence artificielle, le métavers peut-être demain… Finalement, il est clair que pratiquement toutes les activités humaines sont touchées par ce phénomène.
Le travail est tout particulièrement concerné, et de très nombreux experts, chercheurs, syndicalistes, acteurs des organisations se sont déjà exprimés à ce sujet. Nous avons donné la parole à un syndicaliste qui a beaucoup contribué et négocié sur le télétravail et chaque participant a apporté sa connaissance et son expérience concrète. Le numérique produit des effets majeurs sur le travail, et la pandémie a permis d’explorer et d’expérimenter de nouvelles modalités d’organisation et de fonctionnement.
Ces effets majeurs sont nombreux. Ils concernent l’organisation du travail, le lien au travail et au lieu du travail, le rapport au collectif de travail, les nouvelles formes d’emploi, le management, les processus impliquant les humains et les machines, l’autonomie ou le fractionnement des tâches, etc. Il n’entrait pas dans notre objectif de mener une analyse fine de ces impacts, mais de rappeler que les conséquences n’en sont pas neutres vis-à-vis de l’humain au travail et du travail lui-même.
JMB : Je ne sais pas si Herbert Marcuse ou André Gorz ont subrepticement inspiré nos échanges — je viens de lire le livre de Christophe Fourel et Clara Ruault « Ecologie et révolution. Pacifier l’existence. André Gorz/Herbert Marcuse : un dialogue critique », mais notre travail était terminé ! Les considérations éthiques et la recherche du bien commun qui nous guidaient, excluent la tentation de consommer toujours plus, y compris de services numériques, que ce soit pour les loisirs ou le labeur ! Nous insistons sur les impacts négatifs du numérique sur la consommation d’énergie et de métaux rares.
Autrement dit est-ce que la folie de la connexion permanente, des réseaux dits sociaux ne tourne pas autour de deux grandes questions au cœur des religions (et parfois des philosophies) : la question de la sagesse et la question de la sobriété ?
BJL : La sagesse et la sobriété font partie des références et préceptes formulés par différentes religions et philosophies. Mais pour autant leur dimension humaniste s’adresse à tous.
La sobriété a une dimension politique et économique, mais aussi de « bonne santé » pourrait-on dire, en rapport avec notre usage collectif des ressources du monde, avec la consommation, avec l’écologie, mais aussi avec le partage des biens. Le numérique n’y échappe pas dans la mesure où il consomme de très nombreuses ressources, énergétiques ou naturelles, pour fabriquer et faire fonctionner les outils matériels et logiciels, ainsi que nos équipements individuels. Il est aussi très chronophage et potentiellement addictif.
La sagesse nous oblige à une prise de conscience de ces enjeux, à la fois au niveau des principes, des conséquences concrètes et des règles à mettre en place. Elle nous conduit à poser un regard différent sur nos comportements et activités, ainsi que sur le fonctionnement de nos sociétés et l’utilisation des technologies, sur la justice, notre responsabilité vis-à-vis des générations suivantes et sur l’avenir en général. La sagesse nous invite à une forme d’engagement à une pratique éthique et d’anticipation dans tous les domaines. Chacun peut trouver dans ses convictions les raisons de cette démarche.
JMB : Ce qui nous a semblé important est de sortir les débats sur « l’extension du domaine du numérique », des seules considérations techniques et économiques. Le « système technicien », à la main de quelques grandes entreprises, qu’elles soient américaines, chinoises ou européennes, n’a pas à gouverner le monde !
Vous évoquez les délicates questions de la transformation substantielle (peut-être irréversible) de ce qui définit « un homme » et ce sont bien là des questions essentielles. Ainsi dites-vous « L’humanité est engagée dans une transformation probablement plus profonde que nous le pensons aujourd’hui… » Que voulez-vous dire ? Jusqu’où avec la réalité augmentée, dans des mondes parallèles, un homme est-il encore un homme ? Un robot peut-il être une créature de Dieu ?
BJL : Oui c’est un des enjeux majeurs des changements induits par l’utilisation du numérique. Au premier abord, cette évolution s’inscrit dans une forme de continuité avec l’imprimerie et la diffusion des savoirs et des idées, ainsi qu’avec l’électricité, puis le téléphone, etc. À chaque étape, nous avons gagné en efficacité, en vitesse d’échange et en capacité de mise en relation. D’où le sentiment et le constat d’une accélération permanente dont parlent de nombreux auteurs. Mais derrière ces observations apparaissent les signaux faibles d’une évolution plus profonde et quasiment anthropologique que nous abordons dans le livre.
La réalité virtuelle et le métavers nous permettent déjà de pouvoir opérer dans des mondes virtuels. Certains robots humanoïdes, les chatbots, associés à de l’intelligence (dite) artificielle, sont de nouvelles manières d’imiter l’humain avec le risque de parvenir à faire passer ces développements matériels et/ou logiciels pour des opérateurs capables de dialogue et de relation, alors qu’ils n’ont pas de conscience d’exister ni d’autonomie.
Les humains sont libres de créer de nouveaux outils. Rien ne l’interdit. Ils ont des capacités de réflexion et de créativité leur permettant de faire évoluer le monde dans lequel ils vivent, mais à la condition de se poser en permanence et avec responsabilité la question des finalités et des conséquences de ces actes créateurs.
Ce questionnement se pose différemment selon les convictions de chacun, mais nous partageons le même monde et nous sommes parties prenantes de son avenir.
JMB : Le créationnisme n’a pas eu de place dans nos travaux ! J’ai été très intéressé d’entendre au contraire mes collègues croyants défendre l’idée d’un monde en évolution, loin d’une lecture littérale des textes bibliques définissant un monde créé par Dieu, permanent et stable. François Euvé, théologien et jésuite, qui a participé à nos travaux, a écrit un livre sur Darwin et le christianisme pour mettre au clair cette question.
Vous décrivez également les tentatives, de la part des autorités publiques (dont la Commission européenne), de régulation du « système numérique » et de son emprise sur nos vies quotidiennes, voire sur notre représentation de la vérité. Pensez-vous que nous ayons une chance d’aboutir à une régulation ? Comment imaginez-vous la complémentarité entre les régulations qui viennent « d’en haut » et les comportements individuels ?
BJL : On peut parler d’une dimension systémique du numérique, car il impacte tous les domaines de l’activité humaine, en faisant émerger de nouvelles pratiques relationnelles, informationnelles, productives, scientifiques, créatrices, etc. Le numérique change aussi les méthodes de la R&D et l’approche scientifique.
L’utilisation intensive des réseaux sociaux renforce la manipulation des informations et affaiblit nos capacités de recul et d’analyse. La diffusion de « fake news » perturbe notre approche de la vérité. Un brouillage des repères s’opère parfois, avec tous les risques sociétaux et politiques qui cela peut entraîner.
Nous générons ainsi, avec notre consentement passif, car accordé en échange de la gratuité des services, d’énormes quantités de données qui font l’objet d’analyses de toutes sortes grâce à de nouvelles méthodes mathématiques, ce qu’on appelle le Big data.
Nos actes, déplacements, paroles, notre santé, deviennent transparents. Les données qui les décrivent sont captées et exploitées par de grands acteurs du net, notamment pour un usage commercial, sans parler des organisations étatiques qui renforcent ainsi leur pouvoir de coercition. On entre alors dans une société du contrôle.
Les données, dans l’industrie ou la santé par exemple, ont une place de plus en plus déterminante dans la compétition économique. Il est indispensable de réguler leur captation, leur utilisation, leur partage dans certaines filières, et d’assurer la protection des citoyens, des industriels et des États démocratiques. L’Europe est en pointe dans ce domaine en promouvant le DMA (Digital market act) et le DSA (Digital services act) pour réguler les marchés et les services numériques autour d’un principe : « ce qui est illégal dans le monde physique le sera aussi en ligne ».
Le titre de l’ouvrage met en exergue la notion de bien commun. Comment le définit-on ? Et comment le protège-t-on si ce n’est par le droit des nations, des institutions internationales, des sociétés locales ?
BJL : Quel monde sommes-nous en train de construire et quel monde transmettrons-nous ? D’où l’autre question : quelle société voulons-nous ? Tel était l’objet de notre réflexion. Dans sa péface, Étienne Klein l’exprime en disant que les technologies numériques « … interrogent l’idée que l’on se fait de la société, de ce qu’elle devrait être ou ne jamais devenir… ». Et dans la postface, Thierry Magnin parle d’une « utilisation humanisante et créative des innovations numériques au service de la société ».
La réponse à ces interrogations est à chercher du côté de ce nous appelons le bien commun, au sens de prendre en considération la construction commune d’un avenir respectueux des humains, avec leurs individualités, leurs particularités et leurs différences. Cela nécessite de définir des modalités de partage et d’utilisation des moyens et des ressources, et donc l’élaboration de règles et d’institutions pour les faire vivre et les faire respecter, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui malgré des avancées notamment en Europe. Il manque à ce stade une sorte d’agence internationale du numérique, car les acteurs sont de dimension internationale voire supranationale. Seules des instances internationales peuvent réguler de manière efficace ce qui devient un moteur essentiel du développement et des conflits.
JMB : Des trois niveaux d’actions que nous définissons pour un « numérique au service du bien commun », celui des politiques publiques, des institutions ad hoc à créer et du droit, ne trouve sa pleine efficacité que lorsqu’il est soutenu, vivifié, par une culture intégrant des connaissances, des représentations, des valeurs, des considérations éthiques, partagées. Le numérique n’échappe pas à la règle selon laquelle les lois sans les mœurs qui en définissent « l’esprit », pour adopter le vocabulaire de Montesquieu, ne permettent pas de vivre en société, en tout pas dans une société désirable telle que nous l’imaginons autour de trois caractéristiques, l’environnement comme urgence, la démocratie comme principe et l’inclusion comme exigence. Le bien commun, que nous distinguons « des biens communs » est un idéal, sa recherche est le fondement de toute organisation sociale et politique. Il s’élabore en prenant en compte la diversité des cultures, elles-mêmes toujours en évolution. Le bien commun, dans ce sens, est plus que l’intérêt général. Il vise une « vie bonne ». Il a une dimension morale, politique et volontiers critique d’une société dominée par la consommation et les valeurs économiques.
Pour en savoir plus
Bernard Jarry-Lacombe, Jean-Marie Bergère, François Euvé, Hubert Tardieu, Pour un numérique au service du bien commun, Ed. Odile Jacob, 2022
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