Dans Un autre monde, Stéphane Brizé instruit à nouveau le procès des licenciements. Vincent Lindon, après avoir incarné Thierry, quinquagénaire chômeur peinant à trouver un emploi dans la Loi du marché, puis Laurent, leader syndical combatif et finalement défait dans En guerre, est cette fois Philippe, le directeur d’un site industriel, 550 salariés, en majorité des ouvrières.
Dans Le parlement des invisibles, Pierre Rosanvallon exposait son projet : « Il répond au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne prise en compte ». Le livre Le Quai de Ouistreham publié en 2014 a imposé le thème de l’invisibilité en le liant à l’attente de reconnaissance, professionnelle et personnelle, dont l’absence « redouble la dureté des conditions de vie » et contredit l’aspiration à une société plus juste.
Le journal Le Monde a publié le 30 novembre dernier une tribune signée par 150 « cinéastes de la nouvelle génération », dont Julia Ducournau, Palme d’Or à Cannes. Elle alerte sur le risque « d’ubérisation de la majorité des cinéastes de fiction et de documentaire ». Jean-Marie Bergère fait le point sur une profession en plein bouleversement.
Les films, expériences vécues individuellement, mais en même temps très collectives, font toujours beaucoup discuter. C’est la force de l’image et de la mise en scène. Voici l’analyse tranchée de Denis Maillard, avant un dossier que Metis va ouvrir sur les métiers du « care » et leur place dans la société.
Le film « Demain » réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, vu par plus d'un million de spectateurs depuis sa sortie en salle en 2015 et diffusé depuis dans le monde entier, a reçu le César 2016 du meilleur documentaire. Notre dossier sur l'écologie et le travail est l'occasion d'un bref retour sur les raisons d'un tel succès.
L’acharnement d’un policier qui frappe une femme ou un homme à terre, les tirs tendus qui éborgnent (23 personnes ont perdu un œil lors des manifestations des Gilets jaunes), la brutalité d’Alexandre Benalla arborant indûment un brassard de la police, le policier qui filme les collégiens de Mantes-la Jolie agenouillés pendant plusieurs heures et qui s’enregistre disant d’un ton sarcastique « voilà une classe qui se tient sage », ces images qui constituent la trame du film Un pays qui se tient sage, nous laissent sous le choc.
Greed is good! Michaël Douglass le répète devant un public séduit. Il est Gordon Gekko, trader vorace, personnage principal du film d’Oliver Stone, Wall Street (1987). Il ajoute qu’elle (la cupidité, l’avidité, la gourmandise ?), exprime l’essence de ce qui fait progresser l’humanité dans tous les domaines de la vie, l’argent, l’amour, le savoir. Gordon Gekko est persuadé que sa fortune est méritée et que sa réussite est bénéfique à tous. La richesse des gagnants (les premiers de cordée ?) augmente la taille du gâteau. Peu importe qu’il y ait des (très) petites et des (très) grosses parts, Greed is good ! Il serait faux de n’y voir que cynisme. N’avons-nous pas associé « progrès » et « toujours plus », et cela dans tous les domaines et depuis plusieurs siècles ?
En plein confinement le film de Steven Soderbergh Contagion est un des plus téléchargés. N’a-t-on pas assez de la réalité dramatique d’une pandémie mondiale ? Que peut-on espérer trouver dans une œuvre de fiction inspirée d’épidémies passées, quand quotidiennement les politiques, les médecins et les commentateurs nous inondent de statistiques, de comparaisons, d’analyses et de supputations sur la propagation mondiale du Covid-19 et ses multiples conséquences ?
Le film de Mariana Otero en hommage à Gilles Caron, photojournaliste disparu au Cambodge en avril 1970 à l’âge de 30 ans, est beaucoup plus que « l’histoire d’un regard ». C’est une histoire de regards au pluriel, de regards qui se croisent, s’étonnent, se répondent, s’obligent. Le regard du photographe bien sûr, celui de la réalisatrice qui a raconté dans un film précédent (Histoire d’un secret) la mort de sa mère à l’âge qu’avait Gilles Caron au moment de sa disparition et enfin le regard de chacune des personnes photographiées.
Le film de Ladj Ly se conclut par une phrase tirée des Misérables, le best-seller de Victor Hugo publié en 1862 : « Il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs ». La référence à Victor Hugo pourrait être écrasante. Elle s’impose plutôt tant, 150 ans plus tard et à partir d’évènements différents, les mêmes convictions animent les deux créateurs. Celle que « l’instruction, l’accompagnement et le respect de l’individu sont les seules armes de la société qui peuvent empêcher l’infortuné de devenir infâme » et celle qu’un livre ou un film peuvent être d’utiles plaidoyers et d’efficaces cris d’alarme.
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