EDITO
Jean-Marie Bergère
Faut que ça change
Nous ne sommes pas d’accord sur grand-chose, mais unanimes pour « que ça change ». Robert Charlebois chantait : Faut que ça change Quand on change change change Tout s’arrange. Quelques années auparavant, en 1956, Boris Vian dans sa très actuelle Complainte du progrès, se montrait moins volontariste : Maintenant, c’est plus pareil
Ça change, ça change.
Derniers articles
Radar Travail Environnement, rencontre avec Fabienne Tatot
En 2022, l’UGICT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens-CGT) a lancé son Radar Travail Environnement. Outil au service des salariés, acteurs des solutions à venir et du développement des commissions Environnement dans les Comités économiques et sociaux (CSE), la décision est prise de le déployer au niveau Confédéral de la CGT. Pour cela le travail de formation réalisé par la commission confédérale ETAP (Environnement et Transformation de l’Appareil Productif) est essentiel. Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’UGICT, membre du CESE, pilote ce Radar Travail Environnement. Michèle Tallard l’a rencontrée pour Metis.
Conjuguer progrès et sobriété
Nous vivons depuis bien longtemps dans une société du travail et de la croissance synonyme de progrès. Beaucoup remettent en cause son évidence. La crise sanitaire y contribue à sa manière. Au-delà des comportements individuels, la sobriété collective est-elle à l’ordre du jour ? À partir de ses lectures, Jean-Marie Bergère dessine des chemins.
Information « extra-financière » : reconquérir la souveraineté européenne
Depuis le début de l'année 2024, la directive européenne CSRD est en vigueur, imposant aux entreprises des normes de rapport extra-financier. Cette mesure vise à accroître la transparence des informations concernant leurs initiatives en matière de "durabilité". En juin 2021, Martin Richer en parlait dans cet article que nous republions. Comment mesurer la performance et les impacts d’une entreprise sur le réchauffement climatique, sur la protection de la biodiversité, sur le recyclage des matières premières ? Dans ces domaines complexes, les instruments portent le nom barbare de données extra-financières. Notre vaillant ministre des Finances s’est courageusement opposé à la vente d’une chaîne de supermarchés à des investisseurs canadiens. Si les légumineuses calibrées et les boîtes de petits pois sont des produits stratégiques, qu’en sera-t-il de l’information extra-financière ? Cette information que presque toutes les entreprises devront prochainement produire permet tout simplement d’évaluer leur performance, de guider les choix de gestion de leurs dirigeants et d’orienter les investissements.
Cinéma
Les films de la rentrée : Sages-femmes de Léa Fehner, et les autres
« Je n’ai pas signé pour ça ». Parmi toutes les sages-femmes qui exercent dans cet hôpital, Bénédicte est la plus expérimentée, celle qui accueille les nouvelles, celle qui semble la plus solide. Elle annonce sa démission. « Les horaires, je veux bien. Pas le temps de bouffer, de pisser, d’accord. Rater la petite enfance de mon fils pour un salaire de merde, ça me fait mal, mais OK, je peux le faire. Mais traiter mal les gens, ça, je ne peux pas ».
Les algues vertes
En 2015, une jeune journaliste, Inès Léraud, part en Bretagne enquêter sur les maladies professionnelles d’agriculteurs et d’ouvriers agricoles. Des pesticides seraient en cause. Très vite une autre actualité la rattrape. Malgré les alertes multiples et les PLAV, Plans de lutte contre les algues vertes qui se succèdent depuis 2010, ces algues prolifèrent dans plusieurs baies peu profondes proches de Saint-Brieuc. Elles représentent un risque mortel pour les animaux et les hommes.
L’établi
C’était il y a un peu plus de cinquante ans. En France, les accords de Grenelle puis les élections législatives de juin ont refroidi « l’explosion utopique » du mois de mai 1968. Décidés à « continuer le combat » en y associant plus étroitement la classe ouvrière, des militants parmi les plus politisés se font embaucher en usine. Robert Linhart, normalien, agrégé de philosophie, est l’un d’eux. Il « s’établit », selon l’expression de l’époque et conformément à un appel de Mao Tsé-toung pour que les intellectuels, qui sont « appelés à servir les masses ouvrières et paysannes » aillent, pour les comprendre, vivre la vie de ces dernières — « par exemple deux ou trois ans voire plus ». Le film de Mathias Gokalp, L’établi, raconte son aventure de quelques mois dans l’usine Citroën de la Porte de Choisy à Paris.
Bibliothèque
Voisins de passage. Une microhistoire des migrations
Dans Voisins de passage. Une microhistoire des migrations, Fabrice Langrognet, choisit « d’observer le passé à une échelle très serrée ». Il décrit de façon détaillée la vie de celles et ceux qui habitent entre 1882 et 1932 dans les immeubles mitoyens des numéros 96 à 102, rue de Paris à Saint-Denis. Plus de 500 personnes d’origine provinciale, étrangère ou coloniale, y louent, pour des durées très variables, de minuscules appartements. Les usines alentour embauchent.
Que sait-on du travail ? Une boîte à outil pour agir
« Que sait-on du travail ? » La Bible utilise le même mot pour "connaître" et pour "faire l’amour". Alors, ce livre roboratif publié en octobre va-t-il contribuer à nous faire aimer le travail ? Oui, certainement, car il invite à reconsidérer le reconsidérer comme facteur d’épanouissement pour les salariés et levier d’action pour apporter du progrès dans nos entreprises, trop longtemps aveuglées par l’omnipotence de l’emploi.
L’avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine
Dans L’avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine, Nicolas Duvoux propose de prendre au sérieux la subjectivité dans l’analyse du monde social. Il ne le fait pas pour souligner l’écart entre nos « sentiments » (de déclassement, d’insécurité,…) et la réalité objective des faits, des conditions matérielles d’existence et des intérêts, et discréditer dans le même mouvement ce que chacun ressent. Il souligne au contraire le risque qu’il y a à ne voir que le temps présent et à négliger « l’épaisseur temporelle de l’existence humaine, le sentiment de faire face à un implacable destin ou, à l’inverse, de maîtriser son avenir au point de pouvoir prétendre à une inscription dans une très longue durée ». Pour savoir quoi changer dans la réalité concrète, il faut déterminer « comment les gens construisent et ressentent subjectivement leur univers ».
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