Dominique de Calan : « Le smic ne relève pas du domaine politique »
publié le 2006-11-01
Dominique de Calan est délégué général de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) :
Quelle est votre conception du salaire minimum ?
DdC : Nous avons toujours pensé à l’UIMM que le salaire minimum ne devait pas avoir d’autre référence que la réalité économique et non pas relever de l’action politique comme c’est actuellement le cas. Le débat est constamment pollué par cette confusion des genres. On le voit à propos de sa fixation et du rendez-vous annuel du fameux coup de pouce au smic décrété par l’Etat. Le smic devient très vite un instrument au service de finalités électorales. D’autre part, nous n’arrêtons pas de recourir à l’indexation alors qu’elle est théoriquement interdite. Ces revalorisations successives ont conduit à un écrasement des salaires, ce qui décourage les classes moyennes. Nous ne sommes pas contre l’idée d’un plancher et contre un principe de solidarité, mais cela doit être seulement du ressort de l’Etat et de la fiscalité. En France, non seulement le smic est déconnecté de la réalité économique, mais nous avons le temps de travail le plus bas d’Europe, ce qui explique la perte de compétitivité et un taux de chômage record.
Quelles réformes préconise votre organisation ?
DdC : L’Etat doit se limiter à ses prérogatives régaliennes. La fixation du smic, sa revalorisation doivent être de la compétence des partenaires sociaux ou bien d’experts indépendants. Nous sommes également en faveur d’un salaire minimum garanti sur l’année. Enfin, il faut qu’il soit en lien avec les niveaux de vie et la réalité économique du territoire. Pourquoi le salaire minimum devrait-il être équivalent à Paris et dans un village breton ?
Que pensez-vous du débat actuel en Allemagne à propos d’un éventuel smic légal et national ?
DdC : Il n’y a pas de consensus en Allemagne autour de ce sujet et le débat est très rude. Je pense que les partisans de cette évolution demandent, après la réunification, une forme de rattrapage des revenus qui soit contraignante, ce qui n’est évidemment pas bon pour l ‘économie allemande. Mais si un salaire minimum national émergeait finalement chez notre principal concurrent à l’exportation, ce serait une bonne nouvelle pour la France ! Quant à l’idée d’un salaire minimum européen, je crois personnellement que de peur d’être challengée par des régions entières où les coûts de la vie et les niveaux de rémunération sont peu élevés, l’Europe riche cherche surtout à se protéger de l’Europe pauvre sans s’interroger sur la logique économique.
Propos recueillis par Frédéric Rey
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