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Un syndicaliste français dans la cogestion

publié le 2006-12-01

/Jean-Jacques Cette est un pionnier. Secrétaire général du comité central des AGF, filiale du groupe d’assurance allemand Allianz, ce cédétiste est un des rares syndicalistes français à accéder aux instances de gouvernance d’une entreprise. En octobre 2006, Allianz adopte le statut de société européenne, mais maintient le principe de la cogestion cher aux Allemands. Conséquence : un des salariés des AGF, rachetées en 1997 par la firme munichoise, fait désormais partie des six représentants des salariés au conseil de surveillance aux côtés de quatre Allemands et d’un Britannique, salarié de Cornhill. Une première réunion a eu lieu le 14 décembre où il a été question des résultats obtenus en 2006 par rapport au budget prévisionnel et des objectifs pour les deux ans à venir. « Nous avons désormais une vision de tous les projets décidés par la maison mère », souligne Jean-Jacques Cette. Outre la supervision des comptes, le conseil de surveillance intervient aussi dans la nomination des dirigeants et la définition de la stratégie. Une aubaine pour ce réformiste venu tardivement au syndicalisme. En 1996, alors qu’il dirige un service au sein de la direction immobilière, les AGF se séparent d’une partie de leur patrimoine. « Les conséquences sur l’emploi étaient très mal gérées, ce qui m’a conduit à prendre des responsabilités syndicales à un moment charnière pour l’entreprise ».

Privatisation de l’entreprise, fusion avec Athéna et Allianz, mise en place des 35 heures, krach boursier de 1997 qui oblige les assurances à repenser leur stratégie économique… En l’espace de quelques années, l’entreprise change radicalement. « Aujourd’hui, les salariés des AGF travaillent 33,45 heures et perçoivent de bons niveaux de rémunération, mais le syndicalisme doit se battre pour le maintien de l’emploi, un objectif qui ne peut être efficacement porté que si on inscrit dans l’espace européen ». Allianz s’est doté d’un comité d’établissement européen, représentant les salariés de 24 pays, dont les prérogatives vont au-delà de ce qu’avaient prévu les directives européennes. « Cette instance sera, par exemple, informée de tout projet d’externalisation ou de restructuration. C’est primordial, pour autant tout réformiste que je sois, ce dialogue social a aussi ses limites. Mais s’il doit y avoir une mobilisation, elle se fera à l’échelon européen ».

Frédéric Rey

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