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Le 7 février dernier, l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams, expliquait que la loi britannique devait trouver des arrangements constructifs avec la charia, notamment en matière de litiges conjugaux ou de différends financiers, afin de parvenir à une meilleure cohésion sociale au sein du Royaume Uni. Le 10 février, le premier ministre truc déclarait lui en Allemagne, lors d’une visite en hommage aux 9 Turcs décédés lors d’un incendie criminel , que vouloir assimiler les Turcs constituait un crime contre l’humanité. En faisant silence sur les Kurdes de Turquie où sévit toujours le tristement célèbre paragraphe 301 du Code pénal, qui sanctionne « le dénigrement de l’identité turque ». Le 20 décembre dernier à Rome, Nicolas Sarkozy avait appelé de ses voeux « l’avènement d’une laïcité positive » qui, « tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout ».

Trois déclarations donc, dans des contextes bien différents mais qui témoignent toutes de la grande difficulté des Etats européens face aux minorités nationales ou religieuses. L’intégration comme le multi culturalisme ont montré leurs limites et de ce point de vue la France, la Hollande, l’Espagne ou l’Italie ne sont pas en reste. Pour ne pas parler des Roms. Mais que faire ? Se replier sur la défense frileuse d’une identité qui n’est plus ? S’ouvrir à toutes les différences quelles qu’elles soient sans en privilégier aucune ? Curieusement nous ne sommes pas si loin du débat qui secoue le droit du travail. De fil en aiguille, de dérogations en contrats atypiques, de soft law en lois expérimentales, nous sommes passés d’une norme substantielle, universelle, obligatoire et assez homogène à des normes procédurales, éclatées, spécifiques, incitatives ou subsidiaires. Entre normes sociétales et normes du travail, les inter-relations sont multiples, et les interrogations aussi.

Claude-Emmanuel Triomphe

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