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Intérim : le compromis britannique

publié le 2008-07-10

Au Royaume-Uni, l’égalité des droits entre intérimaires et salariés permanents ne sera effective qu’après une période de carence de douze semaines. Explications par Richard Pond, chercheur au Working Lives Research Institute.

interim

Au mois de mai 2008, le Trade union Congress (Tuc) et la Confederation des Industries Britanniques (CBI) sont parvenues à un accord sur les droits des intérimaires, qu’est-ce que cela va changer pour les travailleurs intérimaires britanniques ?

Le Royaume-Uni compte environ 1,5 millions de travailleurs intérimaires, soit 5% de l’ensemble des salariés, et leur nombre augmente en particulier dans plusieurs secteurs tels distribution, hôtellerie, banque, assurances, transports et communications. Les salariés temporaires, dont beaucoup sont des migrants, ne bénéficient pas de conditions aussi favorables que les salariés permanents, cela en termes de garanties d’emploi, vacances, et prestations sociales et leur rémunération est souvent inférieure de 30% selon une source syndicale.

Cependant, il faut noter que pour attirer les plus qualifiés, des grandes entreprises de travail temporaire comme Adecco ou Manpower garantissaient des avantages sociaux à leurs intérimaires. L’accord conclu entre le Trade Union congress (Tuc) et l’organisation des entreprises de travail temporaire, Recruitment and Employment Confederation, (REC) permet d’instaurer une égalité pour tous. Cela étant dit, cette égalité n’est pas encore parfaite, l’accord britannique prévoit en effet un délais de 12 semaines avant que cette égalité ne s’applique. Deuxième exception, les intérimaires ne bénéficient pas des mêmes droits à la retraite que les salariés permanents.

Pourquoi ces différences ?

Les organisations des entreprises de travail temporaire considèrent qu’une égalité totale mettrait en péril le besoin de flexibilité pour l’économie et serait préjudiciable à l’emploi. Le gouvernement de Gordon Brown n’était pas favorable à une directive et préconisait de mettre sur pied une commission, ce qui aurait surtout eu pour effet de retarder la question. Mais le Parti travailliste a essuyé un important revers aux élections municipales au mois de mai et sous la pression de son électorat, qui rejette ses dérives droitières, le gouvernement a changé d’attitude et a approuvé cet accord qui garantirait plus de flexibilité que le projet de directive.

En dépit de ses imperfections, les responsables du TUC se sont félicités de cette avancée sur un sujet qui cristallisait les blocages. Cette signature aura également permis d’ouvrir la voie à une harmonisation européenne qui était paralysée depuis 2003.

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