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Travail temporaire : les Pays-Bas ont servi de modèle à la directive

publié le 2008-07-10

Aux Pays-Bas, l’interim est un phénomène largement répandu et la parité avec les employés permanents s’est imposée depuis longtemps par la voie de la négociation collective. Entretien avec Els Sol, professeur associée à la Faculté de droit de l’Université d’Amsterdam

Que va changer aux Pays Bas l’accord sur le travail temporaire, trouvé le 10 juin par les ministres européens ?

cyberinterim

Fondamentalement, cet accord ne va pas changer beaucoup de choses aux Pays-Bas. Nous avons déjà mis au point un système qui assure une rémunération égale au secteur du travail temporaire, dans le cadre des conventions collectives. Les partenaires sociaux néerlandais ont l’habitude de négocier, et leur accord, en fait, a servi d’exemple à la directive européenne. La seule différence mineure aux Pays-Bas par rapport à cette directive importante est que l’entreprise ayant recours au travail temporaire ne paie pas de frais pendant les seize premières semaines.

Comment se fait-il que les Pays-Bas aient eu une longueur d’avance sur l’Europe en la matière ?

Dans notre pays, les partenaires sociaux ont découvert plus tôt la pertinence d’une fonction allocative des agences de travail temporaire. Ils se sont arrangés pour que le système fonctionne mieux, et cela a été facilité par le fait que le pays est petit et qu’il est plus facile de mettre tous les partenaires autour de la même table qu’à l’échelle européenne. Il s’agissait pour les Néerlandais de combattre la rigidité de leur marché du travail, à cause de lois sur le licenciement, beaucoup plus dures qu’ailleurs en Europe. Pour contourner l’obstacle, le recours au travail temporaire s’est développé.

En quoi les lois sur le licenciement aux Pays-Bas sont-elles plus dures qu’ailleurs ?

Avant de pouvoir licencier, tout employeur doit non seulement aller au tribunal, mais aussi suivre une longue procédure auprès du Centre pour le travail et les revenus (CWI, équivalent de l’ANPE française) pour régler la question des indemnités de licenciement. Nous sommes confrontés à cette particularité depuis la seconde guerre mondiale. C’est un perpétuel sujet de discorde : les syndicats et la gauche ne veulent pas céder sur la question, pour conserver le même niveau de protection des salariés.

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