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par Manager sous X

Avec une vie professionnelle, sociale, familiale et personnelle de plus en plus regardée à la loupe, il devient difficile d’exercer son libre arbitre et de défendre ses valeurs. En particulier pour une femme… manager !

Superwoman

Dès le matin, au réveil, la journée s’annonce chargée : vérifier que les enfants sont bien réveillés, jeter un coup d’œil sur l’agenda de la journée pour choisir sa tenue vestimentaire (la dernière formation en communication nous a montré que les vêtements étaient importants selon les sujets et les réunions de la journée !).

Aujourd’hui je commence par une réunion de calage avec mon équipe, j’enchaîne sur un entretien disciplinaire dont je sais d’avance qu’il va être difficile, j’ai une réunion avec des représentants du personnel en début d’après-midi et je termine par un entretien avec un candidat pour un poste de cadre dirigeant. Donc tenue classique (tailleur pantalon noir) et foulard (touche de couleur mais pas trop flash…).

La Babysitter arrivant, je dépose l’aîné à l’arrêt de bus, après avoir signé le contrôle (la veille je n’étais soi-disant pas disponible !) sur un coin du volant…

Sur le trajet, je commence les appels téléphoniques listés la veille pour optimiser le temps dans les embouteillages (j’ai effectivement une heure de trajet en voiture). Ce temps m’est précieux car mes interlocuteurs (souvent mes collègues ou mes collaborateurs) savent que je suis totalement disponible (comprendre pas dérangée par une intrusion dans mon bureau puisque je suis dans un habitacle fermé !).

Arrivée au bureau, j’ouvre ma boîte mail où la plupart des mails ont été traités la veille  jusqu’à 22h sur mon BlackBerry (vive la technique… et un peu moins l’addiction !). C’est d’ailleurs pour cela que mon aîné me faisait la remarque ce matin que je n’avais pas été disponible pour signer son contrôle ! Et je formalise les différents sujets (réponses, décisions, questions, réunions, …) traités le matin même sur le trajet.

La 1ère réunion commence avec mon équipe et porte sur la préparation des NAO (comprendre Négociation Annuelle Obligatoire) et la discrimination Hommes/Femmes, thème cher à nos organisations syndicales. En tant que femme, j’attire l’attention de mes collaborateurs  sur l’obligation d’appliquer une augmentation aux femmes en congé maternité. Quelques remarques me sont rapportées, reprenant des propos de managers qui ne comprennent pas pourquoi on devrait les augmenter alors même que du fait de leur absence pendant de longues semaines (surtout quand c’est un 3ème me dit-on…) elles n’ont pas contribué aux résultats collectifs de l’Entreprise ! Je ne démords pas de ma position. Elles seront augmentées au minimum de l’augmentation moyenne de leur catégorie que cela plaise aux hommes ou non !

La réunion terminée, je me prépare à recevoir le salarié pour un entretien disciplinaire : sa collaboratrice l’accuse de harcèlement moral et est arrêtée depuis plusieurs jours, en souffrance morale, validée par le médecin du travail. Le salarié arrive, accompagné d’un représentant du personnel et après lui avoir énoncé les griefs qui lui sont reprochés, je l’écoute. Il me raconte l’histoire sous un prisme complètement différent : la salariée souhaite rejoindre son mari en Province et ne veut pas démissionner. Comme j’ai depuis longtemps expliqué que je ne faisais pas de licenciement de complaisance, elle n’a trouvé d’autres solutions que de se faire licencier et ce motif lui semble être approprié car elle ne supporte plus que son manager lui demande de travailler et de rendre des résultats !! Il a bien entendu des témoignages de salariés présents et partis qui prouvent ses dires et affirment qu’il n’est pas « mauvais manager »… J’ai également dans le dossier des témoignages disant le contraire… A la fin de l’entretien j’explique que je vais prendre le temps de la réflexion avant de décider ce qui doit être fait. Je sais déjà que la décision ne va pas être facile car l’histoire montre que ce n’est pas « blanc ou noir » !

Après un déjeuner rapide (diététique oblige…) je reprends ma journée avec les Représentants du Personnel qui souhaitaient me voir au sujet justement de la discrimination H/F dans le cadre des NAO. J’explique que comme l’an dernier j’y accorderai une attention toute particulière car ce sujet me tient à cœur.

La fin de journée s’annonce enfin et je termine avec un candidat que nous avons déjà reçu avec notre PdG et pour lequel je vais faire une proposition d’embauche. La personne est ravie de venir nous rejoindre et prête à s’investir dans de nouveaux challenges.

Je reprends enfin ma voiture et sur le trajet appelle la maison : la petite dernière a-t-elle dîné ? L’aîné fait-il bien ses devoirs… La babysitter me rassure et je peux enfin décompresser ! 

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