Guillaume Pepy, président de la SNCF depuis 2008 a pour mission de faire entrer la SNCF dans l’ère de la concurrence et la transformer en « entreprise de services multimodaux ». Il intervenait devant les journalistes de l’AJIS sur l’avenir de la SNCF le 7 décembre dernier.
Pour être compétitif, le président de la SNCF prend position pour une convention collective du ferroviaire qui puisse assurer la sécurité du transport de voyageurs (et de marchandises) et la santé du personnel sur les activités ferroviaires (24h sur 24 et 365 jours par an). Il veut engager « un processus de 2/3 ans » avec ses futurs concurrents pour éviter « dumping social et double-statut ». Concernant le transport de voyageurs, les grands opérateurs européens sont déjà dans les starting blocks : Veolia s’interesse aux trains Corail entre la France et l’Italie, Die Bahn mise sur les lignes à grande vitesse entre Bruxelles, Aix-la-Chapelle et Cologne.
« Si on ouvre à la concurrence en 2015, et que des « Ryantrain » viennent s’installer, ce ne sera pas une concurrence entre les services, mais entre les statuts sociaux. Il ne doit pas y avoir de règles différentes de temps de travail entre des conducteurs SNCF et d’autres ». Aujourd’hui, c’est le cas dans le fret. « Je ne dis pas qu’il faille aligner tous les cheminots ou les décranter. Je dis qu’il faut discuter » affirme le PDG.
Une négociation à l’échelon européen serait « idéale ». Première étape, se mettre d’accord en France pour créer un « cadre social harmonisé ». Cette convention collective pourrait prendre modèle sur celle du transport urbain, qui s’est entendu sur des règles commerciales et sociales communes. « Sinon la concurrence sera chaotique », comme c’est le cas sur le fret en ce moment. Il est soumis à la concurrence depuis 2007. Treize nouveaux opérateurs ont pris 20% du marché en trois ans. Seules les gares, les aiguilleurs et les horairistes sont sur de rester dans le giron de l’ancien monopole.
Poser l’intangible et discuter
« Pour les salariés, c’est un sacré choc ». Les indicateurs sociaux sont relativement inquiétants. François Nogué, DRH confirme « une perte de repère vis-à-vis de l’entreprise ». Le message « l’entreprise a changé, on ne sait plus où l’on se situe » a bien été entendu confirme Guillaume Pépy, le badge SNCF épinglé au revers de la veste. « L’entreprise veut apporter des garanties « mon métier, ma région, mon activité », sinon c’est destructeur », c’est pourquoi les collectifs de travail ou les brigades, comme on les appelle, sont essentiels. Plus la SNCF va changer, martèle-t-il à ses managers, plus il faut dire ce qui est intangible : la modernité, la sécurité du transport, le service public, la proximité »
La SNCF reconnaît aujourd’hui « quatre métiers » : celui classique de « transporteur, celui des services de proximité, de grande vitesse, et enfin ceux d’ingéniérie et de réseaux, notamment à l’étranger ». Les restructurations industrielles ont absorbé 300 millions € pour financer entre autre des mesures de requalification, la reconversion de salariés entre 50 et 55 ans. En cas de suppression de postes, la salariés sont incités à changer de métier. « On joue au maximum la mobilité fonctionnelle sur un même territoire ».
Pour répondre à l’inquiétude des salariés et bâtir ce « cadre social harmonisé », Guillaume Pépy accomplit depuis le mois dernier un « grand tour » de France sur 400 sites SNCF, qui s’achèvera en avril 2011.
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