En Autriche, la crise économique est quasiment passée. Après quelques mois de récession, la croissance est revenue (quasiment 3% !). De quoi résorber un déficit public qui avait explosé en 2009. Malgré une longue tradition d’orthodoxie budgétaire, les comptes sont en effet dans le rouge. Le gouvernement s’emploie donc tel un équilibriste à réduire les déficits sans tuer la croissance dans une bel exercice d’orthodoxie budgétaire et de justice sociale.
Sans nouvelle coupe budgétaire, les dépenses passeront de 52,2% du PIB en 2010 à 51,2% en 2012 et comme la croissance est revenue, les recettes fiscales devraient dans le même temps progresser de 3,5 milliards d’euros (par l’impôt sur le revenu et sur les sociétés). Pour 2012, les perspectives de croissance sont nettement plus faibles qu’en 2011 (de 3 à 0,9%), mais le principal poste de dépenses : l’enveloppe allouée à la santé et le social, connaîtra une légère augmentation.
La crise s’est manifestée en Autriche par un fort ralentissement économique (surtout à l’export). À l’été 2009, le chômage était au plus haut (4,8 %), avant d’amorcer une baisse en 2010 (aujourd’hui il est à 4,4%). Les jeunes, les migrants et les personnes peu qualifiées qui forment en général les plus grosses cohortes de demandeurs d’emploi ont été plutôt épargnés, même si leur taux de chômage reste élevé.
Favoriser le maintien dans l’emploi
La crise n’a pas conduit à des réformes majeures de protection sociale, rapportent des experts Autrichiens lors des Journées organisées par Astrees à Lyon. En revanche, le droit du travail a connu des changements substantiels, surtout dans la réglementation des services de l’emploi, le temps de travail et l’adaptation des contrats de travail.
En accord avec les partenaires sociaux, le paquet intitulé ‘marché du travail 2009′ a été la principale réponse gouvernementale à la crise : chômage partiel, retraite partielle et congé de formation. L’objectif étant de protéger l’emploi et de minimiser l’impact de la crise économique sur les employés. Conjointement à ces mesures, de nombreux employeurs ont profité des opportunités juridiques pour s’adapter à la crise : emploi à temps partiel, accord de suspension avec promesse de réengagement.
Les partenaires sociaux ont joué un rôle central pendant la crise économique. Alors que leur poids politique s’amenuisait depuis plusieurs années, le retour en 2008, d’un gouvernement de coalition de sociaux-démocrates et conservateurs leur a permis d’être réintégrés aux prises de décision et aux discussions parlementaires sur le pack.
Soutenir les revenus
Une réforme fiscale a été mise en œuvre plus tôt que prévue, pour que les impôts pèsent moins sur les classes moyennes. Au lieu de changer le taux d’imposition sur le revenu, la réforme a introduit des exonérations d’impôts pour les entreprises et les familles. Le taux de pauvreté est redescendu à son niveau d’avant crise (12%). L’État a aussi débloqué des fonds pour l’investissement en infrastructure et en recherche et développement ou encore des mesures comme un programme de rénovation thermique de l’habitat.
Si les salariés ont soufferts des coupes salariales suite à la réduction de leurs heures de travail, les pertes ont été en partie compensées par des primes de la part des employeurs et des allocations indexée sur le chômage : environ 55% du salaire net, en sus du paiement des allocations santé et retraite. En 2011, un quart de la population active travaille à temps partiel. Un taux en léger recul.
Autre mesure efficace pour éviter aux travailleurs de se retrouver sur le carreau : le pack 2009 a étendu l’éligibilité du congé de formation. Ce congé existe depuis 1998, il est accessible au salarié qui quitte son entreprise avec l’accord de son employeur. Tous ceux qui ont travaillé au moins 6 moins dans une même entreprise sont devenus éligible à une formation de 2 mois à un an. Histoire de remplir les universités et les centres de formation.
Enfin, le gouvernement a mis en place la retraite partielle. Elle est réservée aux hommes entre 58 ans et 67 ans et aux femmes dès l’âge de 53 ans et jusqu’à 60 ans. L’employé doit avoir cotisé au moins 780 semaines (=15 ans) à l’assurance chômage au cours de 25 dernières années. La retraite partielle correspond à une réduction de 40% à 60% du temps de travail. L’employé reçoit un ajustement salarial, au minimum 50% de la différence entre ses anciens salaires et son salaire après réduction de ses heures. Et l’employeur verse les mêmes charges sociales qu’auparavant. Tactique finaude pour éviter de creuser un trou béant dans les caisses de prestations sociales. À méditer…
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