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Décidément, le gouvernement hongrois de Viktor Orbán récidive dans les mesures contraires aux valeurs de l’Union européenne, au premier rang desquelles, la liberté. Après avoir en début d’année restreint la liberté de la presse, c’est aux étudiants que la loi hongroise s’attaque, ce qui les a conduit à réagir massivement.

 

tilos

Que dit ce projet de loi sur l’enseignement supérieur ? Globalement, il s’inscrit dans la lignée des mesures d’austérité drastiques mises en œuvre depuis dix huit mois, mais pas seulement. Les fonds d’Etat consacrés aux universités sont diminués, les frais de scolarité augmentés, ils seront donc essentiellement à la charge des familles, les prêts de l’Etat ne couvrant qu’une petite partie des frais. Conséquence, les moins fortunés ne pourront plus poursuivre leurs études supérieures. Toutes mesures déjà adoptées sous diverses formes par plusieurs gouvernements de l’Union. Mais ce n’est pas tout, la loi prévoit d’interdire aux diplômés de travailler à l’étranger (entre 7 et 15 ans) et leur demande de prendre cet engagement par écrit. En cas de départ à l’étranger, les étudiants auraient à rembourser à l’Etat le coût de leur scolarité. La liberté de circulation, l’un des fondements de l’UE semble ici clairement mise à mal. Quant à la génération Erasmus, elle est ignorée.

 

Cette loi a fait réagir les organisations étudiantes autrichiennes et norvégiennes qui ont déposé des recours juridiques. Quelle va être la réaction de Bruxelles et quand interviendra t-elle ? Les pays frontaliers sont attentifs, ils sont les bénéficiaires de ces migrants diplômés, notamment les médecins à qui l’Autriche, par exemple, offre des salaires attractifs.

 

Café Babel Hongrie rapporte la réaction de Magor Papp, président de l’association des résidents médicaux hongrois. Il s’oppose à cette obligation de travail en Hongrie, même si elle est assortie d’une prime de 100 000 forints (soit 320 euros) par mois pendant cinq ans, une proposition à l’étude qui divise l’opinion publique hongroise. La majorité des médecins résidents en Hongrie y est majoritairement hostile.

 

Pendant que les étudiants manifestent, le pays va mal. Moody’s vient de le dégrader d’un cran, le faisant basculer dans la catégorie « spéculative » (junk) et ce trois jours après que la Hongrie ait sollicité un prêt du FMI, mettant à mal l’idéologie nationaliste que porte le gouvernement. Le site Hu lala relaie une étude du Nézöpont Intézet : 45% des Hongrois seraient prêts à abandonner la démocratie pour un système autoritaire qui leur garantisse la prospérité.

 

Les valeurs de Europe, zone euro ou pas, sont elles solubles… ?

 

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