par Christophe Teissier
R. Cussó, Quand la Commission Européenne promeut la société de la connaissance, Mots. Les langages du politique, 88, 2008
Cet article analyse la notion de société de la connaissance telle qu’elle s’exprime dans un ensemble de documents officiels de la Commission Européenne se référant à l’éducation et à la formation sur la période 1995-2003. L’auteur livre une analyse lexicométrique de ces sources (détaillées dans un tableau) aux fins de renseigner les interprétations, les conclusions et les propositions de la Commission, en somme le programme de la société de la connaissance. Quand bien même cette notion semble avoir largement perdue de son écho, le travail mené demeure intéressant en ce qu’il permet au lecteur de se ménager une distance critique à l’égard des mots, devenus usuels, associés à l’éducation et à la formation. On devine sans peine que ces derniers sont lourds d’implications pour la notion même de travail, terme d’ailleurs très largement employé dans le corpus de textes analysés. Les différentes dimensions du discours de la Commission sont donc identifiées et soumises à l’analyse : la « mondialisation », comme moteur central de changements présentés comme nécessaires ; la « réforme » ; la « compétitivité » et le « partenariat ». Le questionnement de l’auteur est fondamentalement politique : des discours se dégage « un nouveau référentiel politique qui octroie à l’action publique un rôle régulateur du lien entre la société civile et l’économie plutôt qu’un rôle redistributeur à l’intérieur d’une société politique liée à la sphère économique par une relation plus conflictuelle ». Vivifiant.
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