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Le 1er juin 2017, Donald Trump a officialisé la décision promise lors de sa campagne électorale en annonçant le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur la maîtrise du risque climatique (également nommé COP21) signé en décembre 2015, puis ratifié par 146 Etats… dont les Etats-Unis. Cette décision s’ancre dans le vieux paradigme qui oppose les enjeux environnementaux aux enjeux économiques et sociaux, alors même que l’approche de développement durable menée par les entreprises (américaines ou non) consiste à rechercher la convergence de ces enjeux. Je propose dans cet article cinq voies de progrès pour celles qui souhaitent s’inscrire dans cette convergence.

 

– Cet article a été publié sur le site Management & RSE, le 13 juin 2017 – 


bateau

Image : « Le bateau échoué », huile sur toile, par François-Pierre Barry (1813 – 1905) peintre français

 

Les 146 Etats (plus l’Union européenne) qui ont ratifié l’Accord de Paris, couvrent 83,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Avec le départ des Etats-Unis, second émetteur mondial après la Chine (mais premier contributeur historique), ce taux de couverture va chuter à 65,7%. La Russie, qui n’avait pas encore ratifié l’Accord de Paris, a affirmé son soutien à cet engagement quelques heures avant l’annonce américaine, renforçant l’isolement des Etats-Unis sur la scène internationale. Dans le but de « rendre sa grandeur à l’Amérique », Trump rejoint ainsi vaillamment les deux seuls pays non participants à cet accord,… la Syrie et le Nicaragua. « America first, » vraiment ?

 

Ce coup porté aux efforts conjoints, fruits d’un enchaînement de longues négociations multilatérales est d’autant plus symbolique qu’il intervient en 2017, alors que nous fêtons les trente ans du développement durable. Certes, le terme de soutenabilité apparaît au 18ème siècle en Prusse dans la gestion forestière, comme le rappelle le chercheur Alexandre Rambaud[1]. Mais le véritable coup d’envoi a eu lieu en 1987, date à laquelle Madame Gro Harlem Brundtland, alors Ministre d’État de Norvège, définit l’expression dans son rapport « Our common future » : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »[2]. Cette définition en fait, institutionnalise un proverbe amérindien, citation dont beaucoup de politiques aiment endosser la paternité : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous empruntons celle de nos enfants ».

 

On comprend ainsi que ce qui est rejeté par cette décision de Trump, ce n’est pas seulement « le reste du monde » mais aussi le reste de l’humanité, y compris les enfants, présents et futurs, de ses administrés.

 

Cette décision a fait l’effet d’un coup de tonnerre mais n’est en rien une surprise. Durant sa campagne électorale, Trump avait qualifié le réchauffement climatique de canular (hoax) et avait émis un tweet pour préciser qu’il était « un concept créé par et pour les Chinois pour rendre l’industrie américaine non compétitive ». Il avait pris l’engagement de rompre (« cancel ») l’accord dans les 100 premiers jours de son mandat ainsi que de supprimer les mesures rendant obsolètes les vieilles centrales au charbon et de relancer l’extraction offshore de pétrole et de gaz. Une fois élu, l’un des premiers actes du nouveau Président a été la nomination de Scott Pruitt, un climato-sceptique notoire, à la tête de l’Agence pour l’environnement, puis d’enclencher le détricotage de toutes les mesures de transitions énergétiques décidées par l’administration précédente.

 

Lors du sommet du G7 fin mai 2017 en Sicile, Donald Trump a refusé de soutenir les accords de Paris et clairement laissé entendre qu’il pourrait rompre unilatéralement la participation de son pays à cet accord essentiel pour notre avenir commun. Lors de ce G7, les six autres dirigeants participants, mais aussi le pape François, qui a reçu le président américain au Vatican le 24 mai, ont plaidé pour un maintien de Washington dans l’accord scellé lors de la COP21. Ce maintien compte aussi des partisans dans l’entourage même de Trump, notamment le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, le secrétaire à l’énergie, Rick Perry, le conseiller économique de la Maison Blanche, Gary Cohn,… sans oublier sa fille aînée, Ivanka Trump.

 

Ce faisant, il a expliqué protéger la croissance et l’emploi, qui seraient handicapés par les mesures prévues dans l’accord. Comme l’indique le New York Times, le raisonnement tenu par Trump pour justifier ce choix est effectivement très simple : le soutien des Etats-Unis à l’accord « pénalise la création d’emplois et contredit sa promesse ‘America first’ »[3].

 

Dans cet article, je ne chercherai pas à dresser les probables implications du retrait des Etats-Unis, négatives pour l’ensemble des pays et pour les Etats-Unis eux-mêmes. Mais je me concentrerai sur l’analyse des raisons avancées par Donald Trump pour justifier ce choix : le développement durable pénaliserait la croissance, l’emploi et l’innovation.

 

Il me semble que les entreprises qui, à l’inverse de la croyance de Donald Trump, pensent qu’il est possible de trouver des solutions mutuellement gagnantes entre leurs objectifs économiques, sociaux et environnementaux, peuvent tourner cette décision à leur avantage en suivant cinq voies de progrès :


1 – Saisir les opportunités de croissance et d’emploi

Alors que Donald Trump menaçait clairement de rompre la ratification par son pays de la COP21 en affirmant que le développement durable tue la croissance et les emplois, la Business & Sustainable Development Commission (BSDC ; une ONG internationale centrée sur le développement soutenable) vient de montrer que se conformer aux objectifs du développement durable permettra la création de 12.000 milliards de dollars (11.334 milliards d’euros) d’opportunités business à saisir pour les entreprises, mais aussi de 380 millions d’emplois directs, le tout d’ici 2030. Voilà qui met à mal la rationalité du slogan « America First »…

 

L’impact emploi apparaît beaucoup plus élevé que ce qui ressort des estimations de l’OIT[4] si l’on en croit le rapport publié en juin 2015, « Travail décent et intégration sociale dans une économie verte », qui révélait que « l‘économie verte peut créer entre 15 et 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle mondiale en 2030 par rapport au maintien en l’état du modèle actuel ».

 

La BSDC identifie notamment quatre grands secteurs qui vont devoir se réinventer dans les décennies à venir et offrent des perspectives marchés importantes dues à la prise en compte des enjeux du réchauffement :

 

– l’alimentation et l’agriculture (2.300 milliards de dollars d’opportunités business d’ici 2030),
– la construction et l’urbanisme (3.700 milliards de dollars),
– l’énergie et les matériaux (4.300 milliards de dollars), et
– la santé et le bien-être (1.800 milliards de dollars).

 

Elle identifie également 60 tendances à suivre, qui sont autant d’opportunités commerciales et de marchés à conquérir pour les entreprises. Ces tendances représentent des segments de marché en croissance 2 à 3 fois supérieure à la croissance mondiale pour les 15 années à venir.

 

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Plus récemment encore, en mai 2017, l’OCDE a publié un rapport intitulé « Investing in Climate, Investing in Growth », qui montre justement qu’une approche intégrée, visant à la fois une croissance économique inclusive et les investissements permettant la maîtrise du réchauffement climatique , est non seulement possible mais souhaitable, à la fois pour les économies émergentes et pour les pays développés[5]. Il estime qu’une politique respectueuse du développement durable (et incluant les réformes structurelles et les politiques fiscales incitatives) peut davantage que compenser les impacts négatifs en termes de croissance de la lutte contre le réchauffement. Au global, il en résulterait un surcroît de croissance annuelle de 2,5% en moyenne pour les pays du G20 d’ici 2050, par rapport au scénario tendanciel (c’est-à-dire le prolongement des tendances actuelles)[6]. Si l’on ajoute à cela le bénéfice de ne pas subir les ravages dus au réchauffement, l’effet net sur la croissance à 2050 s’élève à 4,6%, ce qui est considérable. De surcroît cette politique serait aussi favorable non seulement à la croissance et l’emploi mais aussi à la compétitivité et au bien-être des populations.

 

 

infographie


OEDC

 

Même en respectant les contraintes d’émissions de carbone imposées par l’accord de Paris, la croissance mondiale prévue est significative et surtout – c’est le bon côté de la mondialisation – le développement rapide des pays « émergents » comme la Chine, l’Inde et le Brésil va continuer à faire reculer la pauvreté, si bien que 3 milliards de personnes vont venir grossir les rangs de la classe moyenne mondiale ces 15 prochaines années.


2 – S’appuyer sur les engagements des entreprises et des investisseurs

Comme l’a déclaré Lord Mark Malloch-Brown, ancien vice-secrétaire général des Nations Unies, « si le président Trump sort de l’accord sur le climat de Paris, je soupçonne qu’il sera surpris par l’impopularité de sa décision auprès des entreprises » (31 mai 2017). Effectivement, cette hypothèse concrétisée quelques jours plus tard, s’est heurtée aux politiques des entreprises, déjà engagées dans la transition vers un monde bas carbone. A part quelques exceptions, les entreprises américaines n’ont aucun doute sur la nécessité économique de s’engager en faveur de la lutte contre le réchauffement. Avant l’annonce de la décision de Donald Trump, elles lui demandaient avec insistance de rester dans l’Accord de Paris. Après cette annonce, elles refusent l’isolationnisme américain en proclamant « We are still in ».

 

Quitte à paraître naïf auprès de certains de mes amis, je crois qu’il ne faut pas bouder notre plaisir mais au contraire se féliciter d’un véritable renversement. Durant les négociations de la COP21, j’avais fait part de mon scepticisme quant à la pertinence des modalités d’une négociation trop importante pour être abandonnée aux seuls diplomates, qui laissait le monde des entreprises sur le bas-côté (voir mon édito dans Metis : « Le travail contre nature »). Les choses ont bien changé et les entreprises ont pris des engagements qui bien souvent sont concrets, mesurables et même concertés avec des ONG indépendantes. La poursuite de la lutte contre le réchauffement est désormais l’environnement business dans lequel elles se situent pour piloter leurs affaires, avec le niveau de visibilité et la continuité dont elles ont besoin.

 

Comme l’écrit la vénérable et respectée revue HBR, « les milieux d’affaires ne veulent pas quitter les accords de Paris. Même si Donald Trump et son équipe n’arrêtent pas d’affirmer que l’action contre le réchauffement climatique est défavorable à l’économie, la plupart des entreprises [américaines] sont en désaccord avec cette assertion »[7]. C’est même le cas des pétroliers, comme Chevron, Occidental Petroleum, ConocoPhilips et ExxonMobil, qui produisent du gaz naturel qui pourrait se substituer au charbon, davantage polluant, ainsi que de plusieurs industriels du charbon (comme Cloud Peak ou Peabody) ou encore du gaz (Cheniere Energy). « C’est pathétique de voir la plus grande entreprise pétrolière au monde comprendre mieux le changement climatique que le président » dira Bernie Sanders, l’ancien candidat à la primaire des démocrates.

 

La veille de l’annonce de Donald Trump, l’assemblée générale des actionnaires d’ExxonMobil, No 1 mondial du pétrole (dont l’ancien CEO est Rex Tillerson, actuel secrétaire d’Etat de Trump), a envoyé un message particulièrement clair aux investisseurs et à l’administration américaine en votant (à une forte majorité de 62% des voix) en faveur d’une résolution qui met leur société en demeure de proposer des stratégies compatibles avec le maintien du réchauffement climatique dans la limite de 2 degrés, comme prévu par l’Accord de Paris. Cette résolution était portée par le fonds de retraite de l’État de New York, l’un des principaux fonds de pensions publics américains et soutenue par BlackRock, le fonds d’investissement qui détient 11% du capital et le fonds d’investissement de l’Église d’Angleterre, contre l’avis de la direction de l’entreprise. L’année précédente, une motion identique n’avait recueilli que 38% des suffrages, ce qui marque la progression de la compréhension des enjeux par les actionnaires, de plus en plus sensibles à la maîtrise des risques.

 

En avril 2017, la coalition We Mean Business, qui fédère à ce jour 570 entreprises et 183 investisseurs, affirmait que « l‘Accord de Paris donne aux entreprises un cap à atteindre et le cadre sûr dont elles ont besoin pour faire des investissements d’avenir en matière d’innovation et d’infrastructure ».

 

Un groupe important de grandes entreprises a publié une lettre ouverte au Président dans la presse américaine, que vous pouvez découvrir ici. Elles y indiquent qu’en « stimulant le marché pour les technologies propres et innovantes, l’accord permet la création d’emplois et d’opportunités de croissance. Les entreprises américaines sont favorablement positionnées pour prendre le leadership de ces marchés. Sortir de l’accord limiterait nos possibilités d’accès à ces marchés et pourrait aussi nous exposer à des mesures de rétorsion ». Elles ajoutent que la participation des Etats Unis à l’accord leur permet de renforcer leur compétitivité et de réduire leur exposition aux risques business.

 

Le 10 mai déjà, 30 PDG avaient réuni leur signature pour demander publiquement la même chose. Parmi eux, ceux de 3M Company, Bank of America Corp., Campbell Soup Company, Cargill Inc., Citigroup Inc., Coca-Cola Company, Corning Incorporated, Dow Chemical Company, DuPont de Nemours, General Electric, Goldman Sachs, Johnson & Johnson, JP Morgan Chase, Morgan Stanley, Procter & Gamble, Tesla Inc., Unilever, Walt Disney Company… Quelques jours plus tôt, le 7 mai, un groupe d’investisseurs de long terme publiait un appel au G7 pour lui demander de maintenir l’accord et de piloter sa mise en œuvre aussi rapidement que possible. D’autres établissements financiers ont rejoint ce texte, qui réunissait le 22 mai plus de 280 institutions pour 17 milliards de dollars d’actifs gérés (voir sur le site de CERES).

 

En marge du sommet de Marrakech sur le climat, en novembre 2016 (COP22), quelque 360 entreprises basées aux Etats-Unis avaient déjà publié un appel dans le Wall Street Journal demandant à Donald Trump de respecter les accords de Paris, affirmant que « la prospérité de l’Amérique sera menacée si nous ne construisons pas une économie économe en hydrocarbures ». Et elles ajoutaient : « Agir maintenant permettra de créer des emplois et de stimuler notre compétitivité ». Depuis cette date, un millier d’entreprises et d’investisseurs ont signé cette tribune dénommée « les entreprises soutiennent une économie américaine bas carbone »[8].

 

stillin

A peine quatre jours après l’annonce par Donald Trump du retrait des Etats Unis de l’Accord de Paris ratifié par l’administration Obama, 902 entreprises et investisseurs, 125 villes, 9 États, et 183 universités lançaient l’initiative « We are still In », c’est-à-dire : « Nous sommes toujours dans l’Accord de Paris ». Ensemble, ce groupement représente 120 millions d’américains et contribue à hauteur de 6.200 milliards de dollars à l’économie américaine. Dans une lettre commune, ils précisent le sens de leur démarche : « Les signataires assurent que l’Accord de Paris est favorable à la création d’emplois, à la stabilité et à la prospérité mondiale. L’accélération de la transition énergétique propre des États-Unis est une opportunité – pas une contrainte – pour créer des emplois, stimuler l’innovation, promouvoir le commerce et assurer la compétitivité américaine ». En conséquence, ils s’engagent à tout faire pour que la réduction des émissions de CO2 (de 26 à 28 % en 2025 par rapport à 2005) promise par les États-Unis lors de la COP21 soit respectée, voire dépassée. Dans cette perspective, ils ont établi des contacts avec l’Organisation des Nations Unies pour que leurs efforts et ses impacts soient comptabilisés dans l’Accord de Paris, malgré le retrait de l’Etat fédéral.

 

Enfin, signe qui ne trompe pas, après l’engagement du monde des entreprises, puis des investisseurs, c’est celui de la superstructure qui les soutient, c’est-à-dire le monde de la finance, qui commence à basculer. La Task Force sur le reporting climatique, mise en place par le Conseil de stabilité financière du G20 fin 2015, présentera son rapport final en amont du G20 des 7 et 8 juillet. Mark Carney, le gouverneur de la Banque Centrale d’Angleterre qui préside aussi le Fonds de Stabilité Financière, a été saisi en 2015 par les ministres des finances du G20 sur la question du risque systémique que représente le changement climatique. Il a défini ce qu’il a appelé la « tragédie des horizons », et les trois risques à prendre en considération : les risques physiques (conséquences effectives d’événements climatiques et météorologiques sur les passifs d’assurance et sur la valeur des actifs financiers) ; les risques en responsabilité (les potentielles conséquences à venir, si des parties prenantes ayant souffert de pertes ou de dégâts dus aux effets du changement climatique cherchaient une compensation par ceux qu’ils tiendraient pour responsables) ; les risques de transition (risques financiers engendrés par un processus d’ajustement vers une économie moins carbonée)[9].

 

Le High Level Expert Group (ou HLEG, groupe d’experts européen sur la finance durable), lancé par la Commission européenne en octobre 2016, travaille activement sur une première série de recommandations sur la finance durable, qui seront présentées dans un rapport intermédiaire en juillet. Il faut aussi, bien sûr, mentionner les green bonds (obligations vertes) dont le montant d’émissions en 2016, 81 milliards de dollars, a presque doublé par rapport à l’année précédente.

 

Au travers de toutes ces initiatives menées par la « communauté financière », il s’agit de réorienter le fonctionnement des systèmes financiers afin d’atteindre les objectifs environnementaux et sociaux de l’Union européenne.

 

3 – Réaliser le découplage entre croissance économique et consommation de ressources

Les conseillers économiques de Donald Trump ont fait part de leur scepticisme quant à la possibilité de concilier (au moins en partie) la préservation du mode de vie de leurs concitoyens avec les objectifs du développement durable. Certes, ce n’est pas entièrement faux : pour réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre, il faudra s’attaquer à la surconsommation des ressources. Mais le découplage entre consommation de ressource et croissance est déjà à l’œuvre : il permet une croissance moins intensive en ressources, qui peut se révéler très favorable à l’emploi, comme l’a montré en France, l’exercice de prospective réalisé par France Stratégie[10]. Le rapport publié à cette occasion insiste sur les effets des nouvelles technologies mais aussi sur les changements de comportement, dont on surestime facilement la rigidité. « Jusqu’au début des années 1970, l’augmentation année après année du nombre de morts sur la route faisait figure de contrepartie inévitable du développement de la circulation automobile ; depuis, le nombre de kilomètres parcourus a été multiplié par deux, et le nombre de morts divisé par trois. Ce qui paraissait mécaniquement lié a été découplé ». L’effet sur l’emploi est puissant car découpler croissance et dégradations de l’environnement suppose souvent de tirer le meilleur parti des ressources naturelles, quitte à augmenter les inputs en capital ou en travail (non délocalisable) associés. « En agriculture par exemple, il est possible de découpler la progression des rendements des atteintes aux écosystèmes en mobilisant des techniques fondées sur l’agronomie et l’écologie telles que l’agroécologie ou l’agriculture biologique, mais au prix souvent d’un travail et d’investissements supplémentaires ». Les coûts de certaines technologies essentielles à la transition énergétique sont en forte baisse ce qui joue le rôle d’accélérateur (par exemple, celui des cellules photovoltaïques permettant de produire l’énergie solaire a chuté de 80% de 2010 à 2017).

 

Comme l’indique Dominique Méda, « Si nous nous engageons dans la reconversion écologique de façon intelligente, nous allons créer des emplois et même peut-être parvenir à « désintensifier » le travail, à condition de rompre avec la recherche obsessionnelle des gains de productivité au profit des gains de qualité et de durabilité »[11].

 

Dans pratiquement tous les secteurs d’activité, il existe pour les entreprises des opportunités considérables de se réinventer dans l’objectif de devenir plus durables et responsables, mais aussi de conquérir des nouveaux marchés. Il ne s’agit plus de perfectionner, d’optimiser, de rationaliser les business models existants mais au contraire de les transformer en profondeur. L’autopartage et le covoiturage (car-sharing) sont un bon exemple : ils permettent la réduction de la dépendance à la voiture individuelle, des émissions de CO2, des besoins en places de stationnement, des dépenses de carburant mais aussi de recréer du lien social, de changer les rapports à la consommation, de reconfigurer la ville (smart & mobile cities). C’est ainsi que fonctionne l’innovation : c’est la création de la voiture (innovation technique) qui a créé la ville moderne avec ses centres commerciaux en périphérie (innovation sociale)…

 

Le rapport de la BSDC cité ci-dessus détaille plusieurs approches possibles pour réaliser ce découplage, qui constitue un moteur pour la transition vers une économie soutenable. Il montre que les objectifs environnementaux, sociaux et économiques sont en grande partie convergents. En effet, au fur et à mesure que le système économique se tourne vers ces nouveaux business models, une nouvelle vision de l’économie émerge, qui change les règles sociales, réhabilite le travail et construit un nouveau contrat social, fondé sur l’autonomie et l’équité.

 

L’éco-conception est une autre approche prometteuse. Elle se fonde sur l’idée selon laquelle la consommation de ressources s’effectue certes au stade de la fabrication mais aussi plus tard dans le cycle de vie du produit, dans son usage. Selon Levi Strauss, 58% de la consommation d’énergie et 45% de la consommation d’eau liées à un jean (durant son cycle de vie) interviennent après sa production, quand le client lave et sèche son pantalon. Selon un chiffre communément cité – mais dont je n’ai pu tracer la source exacte – 70% des impacts sociaux et environnementaux d’un produit sont déterminés en amont, au moment du design et de la R&D.

 

Une étude menée par le pôle éco-conception et management du cycle de vie, à Saint-Étienne, et par l’institut de développement de produits à Montréal, avec le soutien de l’Ademe[12], rappelle les résultats d’une analyse de 119 entreprises en France, au Québec et dans l’Union européenne, selon laquelle 45 % des sociétés ont vu leurs profits augmenter (dont 6 % de manière importante) grâce à l’éco-conception. Par ailleurs, la marge bénéficiaire de ces innovations se révèle supérieure de 12 % à celle des produits fabriqués de manière conventionnelle. Et ce, sans compter toutes les autres retombées positives sur l’image de l’entreprise, la motivation et la fierté de ses employés, mais également des relations plus étroites avec ses clients et une plus grande capacité à créer de nouveaux produits.

 

La conversion vers les énergies renouvelables est aussi un moyen d’assurer le découplage entre croissance et consommation d’énergies fossiles. La décision de Donald Trump devrait conduire à une baisse de régime dans ce secteur, qui emploie aux Etats-Unis plus de 777.000 personnes (5 fois plus que les 160.000 travailleurs du secteur du charbon) et dont le taux de croissance est… 17 fois supérieur à celui du reste de l’économie. L’industrie solaire américaine progresse à un rythme annuel de 25%. A l’échelle mondiale, les énergies renouvelables représentaient en 2016 quelque 9,8 millions d’emplois[13].


4 – Faire éclore l’ingéniosité collective

S’imposer la contrainte de limiter les dégradations que nous faisons subir à l’environnement nous incite à sortir du cadre de notre modèle de croissance à bout de souffle. C’est un vecteur d’innovation puissant. C’est ainsi qu’une étude réalisée par Deloitte en 2012 met en évidence une corrélation positive entre la performance des grandes entreprises en matière de développement durable et leur capacité d’innovation : les grandes entreprises les plus performantes en matière de développement durable ont ainsi quatre fois plus de chances que les autres d’apparaître dans les classements des leaders mondiaux de l’innovation[14]. Deux économistes et professeurs à l’université de Savoie, Rachel Bocquet et Caroline Mothe, ont étudié le « Profil des entreprises en matière de RSE et innovation technologique » et constatent que « s’engager dans des programmes sociétaux et environnementaux semble pouvoir fournir de précieuses ressources et favoriser l’innovation produit ainsi que l’implication des employés qui accroit l’innovation de procédés »[15] (voir : « 2015, année RSE ? »).

 

L’exposition itinérante WAVE cherche à rendre concrète la vague d’ingéniosité collective qui traverse le monde[16]. En s’appuyant sur de nombreux exemples, elle en explore les principaux courants, et met en valeur ses réalisations sur tous les continents. Elle s’intéresse notamment aux cinq courants de l’ingéniosité collective qui structurent ces innovations par la capacité qu’ont les individus de trouver ensemble des solutions simples et efficaces pour faire mieux avec moins :

1- la co-création : on peut impliquer toute une communauté dans la création d’un objet ou d’un projet innovant.
2- l’économie du partage : le concept est que chacun possède des choses à partager, de sa voiture à ses talents de menuisier.
3- le mouvement des makers : tout le monde peut innover et changer le monde en créant ses propres objets.
4- l’économie inclusive : l’idée est de créer des entreprises ayant une valeur partagée – pour les entrepreneurs comme pour la société.
5- l’économie circulaire : tout est connecté, interdépendant ; les systèmes de consommation doivent donc être développés dans cette optique.

« Dans un système de plus en plus connecté et interdépendant, intérêts personnels et intérêt collectif convergent : le bien-être de chacun dépend de celui de tous les autres » nous rappellent les organisateurs. Prenons l’exemple du second point, l’économie du partage. Dans un rapport récent, Sustainable Brands mentionne deux start-up américaines, Gwynnie Bee and Rent the Runway qui permettent à leurs clients de louer leurs vêtements plutôt que de les acheter, ce qui émousse le gâchis liés aux effets de mode. Il rappelle que le textile représentait 8% de tous les déchets solides collectés par les municipalités aux Etats-Unis en 2013 et que l’industrie de l’habillement est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 20% de la pollution industrielle de l’eau[17].

 

La menace chinoise n’est pas là où Donald Trump voudrait la pointer : début 2017, le gouvernement chinois annonçait son plan d’investissement dans les énergies renouvelables, soutenu par un financement de quelque 360 milliards de dollars d’ici 2020. Signalant ainsi son intention de prendre le leadership mondial dans ce secteur d’avenir, il chiffrait aussi à 13 millions, le nombre d’emplois créés grâce à cette initiative. Dans le domaine énergétique, la Chine se pose ainsi en leader de l’investissement dans les énergies renouvelables mais aussi autours des questions relatives au changement climatique (finance verte notamment). Elle cherche à prendre l’espace laissé vacant par les États-Unis.

 

Le repli américain est bien résumé par l’apostrophe utilisée par Donald Trump pour justifier le retrait de son pays de la COP21, qui voulait signifier la défense de l’industrie américaine et de ses emplois : « J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris ». Elle sonne également la fin du leadership des Etats-Unis sur les affaires du monde. Mais Bill Peduto, le maire de cette ancienne ville sidérurgique de Pennsylvanie, qui a majoritairement voté pour la candidate démocrate lors des élections présidentielles, a immédiatement répliqué. « En tant que maire de Pittsburgh, je peux vous assurer que nous suivrons les directives de l’Accord de Paris pour nos administrés, notre économie et notre avenir »…

 

Pour comprendre comment réagissent les milieux sensibles à l’innovation, il faut faire un détour par la Silicon Valley. Quelques heures seulement après l’annonce du retrait américain par Donald Trump, Jerry Brown, gouverneur de Californie, annonçait la création d’une alliance climatique avec ses homologues de New-York et de Washington, « une coalition qui réunit les États américains engagés à respecter l’Accord de Paris et à prendre des mesures énergiques contre le changement climatique ». « Donald Trump a factuellement tort, » ajoutait-il, « l’économie américaine est stimulée par les exigences de l’Accord de Paris ». Simultanément, Elon Musk, l’une des figures de la Silicon Valley, fondateur de Tesla et SpaceX, annonçait sa décision de quitter sa fonction de conseil au Président : « Je quitte les conseils présidentiels. Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique et le monde ».

 

5 – Jouer la carte européenne

L’annonce par Donald Trump du retrait de l’Accord de Paris a au moins un mérite : une accélération de la mobilisation des différents acteurs plus que jamais convaincus par l’urgence de la lutte contre le changement climatique. En France, c’est dans cet esprit qu’Emmanuel Macron a réuni le 6 juin des organisations non gouvernementales, des entreprises et la communauté scientifique à l’Elysée, en présence des ministres chargés de la transition écologique, de la recherche et des affaires étrangères. Une nouvelle rencontre, sous un format identique, est d’ores et déjà programmée pour la fin juillet. Cette réunion a permis de donner une impulsion à l’élaboration par le gouvernement d’une feuille de route de l’action climatique, qui devait faire l’objet d’une présentation par Nicolas Hulot d’ici la fin juin.

 

« Nous sommes plus déterminés que jamais en Allemagne, en Europe et dans le monde à rassembler toutes nos forces » pour faire face au défi climatique, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel. Appuyée par la France, l’Allemagne, qui accueillera le G20 en juillet et la COP23 en novembre, semble particulièrement motivée à aller de l’avant. Selon la lettre « Actu-Environnement » du 7 juin, « outre la mise en place d’une politique de soutien à la recherche, Emmanuel Macron entendrait également mener une réflexion avec Angela Merkel pour mettre en place une taxe carbone européenne et pour renforcer les engagements de l’UE dans le cadre de l’Accord de Paris ». De telles initiatives qui prennent le contrepied des décisions de Donald Trump vont probablement se multiplier dans et hors des États-Unis dans les mois qui viennent.

 

La transition écologique est, par excellence, un sujet sur lequel une politique européenne aurait beaucoup de sens. D’autant qu’elle ne requiert pas seulement des investissements mais aussi une mise en mouvement de tous les acteurs économiques pour accompagner les transitions professionnelles, la formation, mobiliser les partenaires sociaux. Jean-Raymond Masson a examiné les dispositifs mis en œuvre dans les divers pays européens (ainsi qu’en Australie, en Chine, etc.) et montre la richesse – mais aussi la diversité – des initiatives[18].

 

« Pour nous européens, l’enjeu de la réduction des émissions de CO2 est associé à une formidable opportunité économique : opportunité en termes d’activité et d’emploi dans les secteurs de la transition énergétique, opportunité de rééquilibrage de la balance commerciale de l’Union et d’accroissement de notre sécurité énergétique, et enfin opportunité de régulation de la mondialisation et de lutte contre le dumping environnemental » écrivaient François Berthélemy et Antoine Guillou dans un récent rapport de Terra Nova intitulé « Pour une stratégie climatique audacieuse ; des propositions pour agir sans attendre »[19].

 

Il suffit de lister les 9 leviers d’action prioritaires identifiés dans ce rapport, pour comprendre que tous – à l’exception, peut-être du dernier – trouvent tout leur sens à l’échelle européenne :

 

– Promouvoir la diffusion des systèmes de tarification du carbone à l’échelle mondiale, sans viser nécessairement l’alignement des niveaux de taxation à court terme (il existe à l’heure actuelle dans le monde une quarantaine de systèmes de tarification du carbone, répartis environ à parts égales entre systèmes de quotas et systèmes de taxe).

 

– Mettre fin aux subventions aux énergies fossiles en Europe dans un contexte de prix bas du pétrole, et en faire un axe clé de la position européenne dans les négociations mondiales (sur la base des travaux de l’OCDE, on estime le soutien à la production et à la consommation de ressources fossiles dans le monde à un total de l’ordre de 160 – 200 milliards de dollars par an sur la période 2010-2014, dont une vaste majorité concerne des subventions à la consommation de produits pétroliers).

– Introduire dans l’EU ETS (Emission Trading Scheme : marché de quotas européens) une possibilité de modulation rapide de l’offre de quotas mis aux enchères, permettant de réagir aux facteurs exogènes entraînant une baisse de la demande de quotas.

 

– Réformer la gouvernance de la politique climatique européenne, en définissant des objectifs de baisse d’émissions par secteur fondés sur une vision européenne de l’économie bas-carbone.

– Intensifier l’engagement de la France et de l’Union Européenne pour obtenir une réforme des normes comptables IFRS permettant une bonne prise en compte de l’exposition aux risques posés par le changement climatique.

– Créer un cadre institutionnel permettant d’orienter les flux d’investissement vers les projets bas-carbone.

– Mettre en place des aides spécifiques pour l’innovation bas-carbone dans les entreprises.
Engager les travaux au sein des instances de normalisation internationales sur la lutte contre le changement climatique, visant à introduire un système international de « certification bas-carbone » des entreprises.

– Introduire en France une modulation des droits de succession sur l’immobilier en fonction de la performance énergétique des logements.


Conclusion

Il arrive, au grand bonheur des directeurs de la RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise), qu’une décision permette de faire converger les intérêts économiques, sociaux et environnementaux. Mais la vie réelle est plutôt faîte de ces tensions entre objectifs qu’il faut arbitrer. La décision de Donald Trump propose le cas – assez inédit – inverse : elle va à l’encontre des intérêts économiques, mais aussi sociaux et encore environnementaux de ses concitoyens comme de tous les habitants de la planète, présents et futurs. C’est la raison pour laquelle je crois qu’elle ne tiendra pas. Le moteur de l’histoire est davantage propulsé par les intérêts et les calculs économiques que par la morale ou la philanthropie… A rebours des intérêts américains, la décision de Donald Trump – qui ne pourra être effective qu’à la fin de son mandat compte tenu des délais de retrait prévus dans l’accord – recèle une importante part de bluff…

 

« La question, désormais, n’est pas de savoir s’il y aura ou non une transition énergétique – elle est inéluctable – mais il s’agit de savoir si on l’anticipe ou si elle s’impose à nous », avertissait justement Marie-Béatrice Levaux, rapporteure avec Bruno Genty d’un avis du CESE sur l’emploi dans la transition écologique[20]. La question de l’emploi est en effet majeure. Selon les deux auteurs, elle « n’est pas seulement une conséquence, ou une simple variable d’ajustement, de la transition écologique ; elle conditionne aussi la réussite de cette dernière. En effet, l’enrichissement en compétences et en qualifications, les transitions professionnelles et des créations d’emplois nouveaux doivent être envisagés avec un certain volontarisme comme partie intégrante des stratégies environnementales conduites par les autorités publiques et les acteurs économiques et sociaux ».

 

Le rapport du BSDC cité ci-dessus affirme que les entreprises qui s’investissent dans ces tendances et alignent leurs objectifs business aux Objectifs de Développement Durable dès aujourd’hui auront de 5 à 15 ans d’avance sur leurs concurrents dans les années à venir. De son côté, le World Resources Institute (WRI) avertit: « La réussite des entreprises exige qu’elles découplent leur croissance de l’augmentation des ressources consommées et de leurs impacts environnementaux. Celles qui s’y astreindront seront là pour longtemps pour servir leurs clients et leurs actionnaires. Celles qui refuseront seront supplantées par leurs concurrents ou de nouveaux entrants plus innovants et enclins à conduire les transformations nécessaires »[21]. De ce point de vue, le développement durable – et la transition énergétique en particulier – participent au mouvement général de turbulence compétitive qui s’est emparé des entreprises.

 

Lors de son allocution du 1er juin à la suite du retrait américain de l’accord de Paris, Emmanuel Macron a détourné le célèbre slogan de campagne de Donald Trump en affirmant que c’est désormais à la planète qu’il faut rendre sa grandeur. Alors oui, le mouvement lancé par les soutiens de l’initiative « We are still In » montre que l’Amérique que nous aimons est toujours vivante. Comme dans la fable du colibri, elle prendra sa part du travail : « Make our planet great again » !


Pour aller plus loin :

A la faveur de la rédaction de cet article, j’ai remis à jour mon argumentaire en faveur d’un développement durable plus volontariste, au travers des bénéfices financiers, économiques, sociaux et environnementaux qu’il procure, en recensant les études, recherches et travaux universitaires sur le sujet. C’est ici : « Le développement durable contre l’emploi ? »

 

[1] Alexandre Rambaud, enseignant chercheur en sciences de gestion à AgroParistech et chercheur associé à Paris Dauphine, Audition aux Bernardins, 21 avril 2017

[2] « Notre avenir à tous », rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies, 1987

[3] Michael D. Shear and Coral Davenport, « Trump Expected to Pull U.S. From Paris Climate Accord », New York Times, May 31, 2017

[4] Organisation internationale du travail ; associe les gouvernements, les employeurs et les syndicats de 185 pays.

[5] « Investing in Climate, Investing in Growth« , OECD Report, May 2017 

[6] Les pays du G20 représentent ensemble 85% du PNB mondial et 80% des émissions de CO2.

[7] Andrew Winston, « U.S. Business Leaders Want to Stay in the Paris Climate Accord », Harvard Business Review, May 31, 2017

[8] « Business Backs Low-Carbon USA statement« , texte et liste des signataires disponible: 

[9] Pour plus de détails, voir Abdeldjellil Bouzidi, Alain Grandjean et Mireille Martini, « Régulation financière et urgence climatique – Pour des normes prudentielles et comptables plus vertes », Rapport Terra Nova, 6 juin 2017 

[10] « Quelle France dans dix ans ? Les Chantiers de la décennie », Rapport de France Stratégie au président de la République, sous la direction de Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective, juin 2014

[11] « Quel avenir pour le travail ? Regards de Dominique Méda et Paul Jorion », Kaizen, 23 février 2016

[12] Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie; ADEME

[13] Rapport de l’IRENA, agence internationale sur les énergies renouvelables, 2017

[14] Deloitte, « The Sustainability-Innovation Connection: Making it work », 2012

[15] Rachel Bocquet et Caroline Mothe, « Profil des entreprises en matière de RSE et innovation technologique », « Management & Avenir », décembre 2013

[16] Par exemple à Paris La Villette en septembre 2014 mais aussi à Pékin en Chine en 2017 ; voir wave-innovation.com

[17] Eliot Metzger, Lindsey Longendyke et Samantha Putt del Pino, « Unchecked Consumption Is the Elephant in the Boardroom », Sustainable Brands, March 24, 2017

[18] Jean-Raymond Masson, « Fabrique des compétences « vertes » et innovation pédagogique », Metis, 3 décembre 2015 

[19] François Berthélemy et Antoine Guillou, « Pour une stratégie climatique audacieuse ; des propositions pour agir sans attendre », Rapport Terra Nova, novembre 2016 

[20] Marie-Béatrice Levaux et Bruno Genty, « L’emploi dans la transition écologique », Rapport du CESE, Juin 2015

[21] Samantha Putt del Pino, Eliot Metzger, Deborah Drew and Kevin Moss, « The Elephant in the Boardroom: Why Unchecked Consumption Is Not an Option in Tomorrow’s Markets », World Resources Institute Report, March 2017

 

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J’aime le débat, la délibération informée, folâtrer sur « la toile », lire et apprécier la vie.

J’ai effectué la plus grande partie de mon parcours professionnel dans le Conseil et le marketing de solutions de haute technologie en France et aux États-Unis. J’ai notamment été directeur du marketing d’Oracle Europe et Vice-Président Europe de BroadVision. J’ai rejoint le Groupe Alpha en 2003 et j’ai intégré son Comité Exécutif tout en assumant la direction générale de sa filiale la plus importante (600 consultants) de 2007 à 2011. Depuis 2012, j’exerce mes activités de conseil dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au sein du cabinet que j’ai créé, Management & RSE. Je suis aussi administrateur du think tank Terra Nova dont j’anime le pôle Entreprise, Travail & Emploi. Je fais partie du corps enseignant du Master Ressources Humaines & Responsabilité Sociale de l’Entreprise de l’IAE de Paris, au sein de l’Université Paris 1 Sorbonne et je dirige l'Executive Master Trajectoires Dirigeants de Sciences Po Paris.