Robots : on attendait la peau douce
On attendait la peau douce, et on a eu le langage.
On attendait la peau douce, et on a eu le langage.
L’autre matin, un humoriste lançait à la radio un avis de recherche, les bonnes nouvelles ont disparu. Il s’en désolait pour nous et pour lui-même, rémunéré qu’il est pour nous faire rire, ou au moins sourire, à l’aube d’une journée de travail. Ce qui, n’en doutons pas, est plus facile lorsque l’actualité est légère ou pourquoi pas carrément amusante. Triste constat dans ce monde en surchauffe climatique et idéologique, les guerres, les attentats et les tremblements de terre rivalisant lorsqu’il s’agit de dénombrer les morts.
Tout le monde en convient. Il a fait très chaud cet été. Le dérèglement climatique est au cœur de nombreux articles, livres et autres interventions (« dérèglement » et pas « effondrement » ce qui, s’agissant du climat, ne veut rien dire !).
Le Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, Thibaut Guilluy, a rendu son rapport après plusieurs mois de travail dans le cadre d’une mission de « Préfiguration de France Travail ». Critiquant la position « d’opérateur isolé » qui serait actuellement celle de Pôle emploi, le rapport préconise de faire de France Travail un « animateur d’écosystème » au sein duquel les Missions locales deviendraient France Travail Jeunes et Cap Emploi, France Travail Handicap. Conjointement, il décrète la mobilisation des entreprises. La proposition #85 : « Passer de 70 000 à 150 000 entreprises activement engagées sur les programmes d’inclusion » donne la mesure de cette ambition.
Deux choses que nous faisons tous dans la vie ordinaire. Et tous les jours, et tout au long de la vie. Avec bien sûr des dominantes : apprendre en travaillant ou travailler pour apprendre lorsque l’on est élève ou étudiant. Travailler sans apprendre lorsque l’on exerce un métier répétitif. Ou un travail que l’on n’aime pas ou plus, et dont on aurait plutôt envie de se débarrasser (penser au refus de l’âge de départ en retraite à 64 ans). Ou bien apprendre en ayant un emploi, en travaillant, parce que chaque jour il y a des situations nouvelles, des problèmes nouveaux à résoudre. Ou parce que l’entreprise dans laquelle on travaille s’est organisée pour être apprenante, pour favoriser les occasions d’apprendre par la mobilité, par la prise de responsabilité, par le dialogue aussi.
En plus d’être citoyens, nous sommes (souvent) travailleurs et (presque toujours) consommateurs. Mais ce qui change, c’est que nous sommes en recherche de congruence, c’est-à-dire que nous essayons de faire en sorte que ces différents rôles ne se trouvent pas en contradiction. De même, les mutations du travail et de la consommation sont en interactions permanentes.
« L’usage du monde » : c’est le titre du beau livre de Nicolas Bouvier, un récit de voyage et d’initiation, mais d’un voyage dont on ne connait pas la durée. Une affaire de temps. La retraite et le moment où on la « prend », c’est aussi une affaire de temps, comme une vaste plage devant soi dont on ne connait pas la durée bien que l’on sache quel en sera le terme. Il serait largement temps d’enrichir le débat : les parcours (les carrières dit-on) sont hétérogènes et particuliers, composites et heurtés. Émaillés de périodes de non-travail : congés maternité ou parentaux, congés pour aider un proche, périodes de chômage, congés de formation ou de reconversion… Comment mieux les organiser et les prendre en compte ?
La même semaine, Jacinda Arden et Xavier Dolan ont annoncé, l’une qu’elle démissionnait de son poste de Premier ministre de Nouvelle-Zélande, l’autre qu’il arrêtait de faire des films. Quand Jacinda Arden déclare : « Je sais ce que ce travail exige et je sais que je n’ai plus assez d’énergie pour le faire honnêtement », Xavier Dolan dit « J’arrête par lassitude du métier… En plus j’ai l’impression d’avoir dit ce que j’avais à dire. Pour un long moment ».
Une nouvelle année : nul ne résiste aux comparaisons. Sera-t-elle meilleure (ce que l’on se souhaite tous) ou pire (ce que chacun redoute) ? Eh voilà la boite à malices ouverte, la boite à larmoyances diverses, des plus importantes (la guerre) au plus anecdotique (les éventuels délestages d’électricité).
Les changements d’emploi, d’entreprise, de métiers, de régions sont nombreux en ce moment. On en fait souvent des success-stories. À voir. Pendant ce temps-là les règles des assurances chômage et les pratiques des services publics de l’emploi changent, un peu partout en Europe. Les trajectoires opposées de la France et de l’Allemagne sont ainsi révélatrices.