par Cyprien Chetaille
A 57 ans, Bernadette Ségol, devrait être reconduite au poste de secrétaire générale d’Uni-Europa, lors du prochain congrès de l’organisation, qui débute à Athènes le 23 avril.
En 2011, Bernadette Ségol devient secrétaire générale de la Confédération Européenne des Syndicats et a accordé un entretien à Metis : « Together, we can ». Entretien avec Bernadette Ségol, future secrétaire générale de la CES.
Après sept années passées à la tête d’Uni-Europa, le renouvellement du mandat confirmera une belle carrière dans le syndicalisme européen, dont elle a grimpé un à un les échelons. Partie pour effectuer un stage à la Commission, après avoir une maîtrise de philosophie obtenue à Toulouse, Bernadette Ségol trouve un emploi d’assistante auprès du secrétaire général de la Fédération internationale du textile et ne va dès lors plus quitter Bruxelles. Un de ces « camarades » syndicalistes, peu amène, brocarde ce parcours plus bureaucrate que militant : « elle n’a jamais eu à défendre ses idées debout sur une caisse, dans une usine, pour se faire entendre par les gars ». Mais Bernadette Ségol n’est pas là pour philosopher. Elle s’enorgueillit au contraire, grâce à Uni-Europa, de rester au contact des réalités du monde du travail. « Ma priorité, c’est le dialogue sectoriel », martèle-t-elle de son accent toulousain que ses nombreuses années belges n’ont pas émoussé.
Uni-Europa, qui rassemble, des fédérations européennes des secteurs des services et de la communication (travail temporaire, banques et assurances, média…) a certes mené le combat contre la « Directive Bolkestein ». Bernadette Ségol peut également participer aux rencontres avec le patronat dans le cadre du dialogue social européen. L’organisation patronale BusinessEurope loue d’ailleurs son sérieux. La secrétaire générale d’Uni-Europa ne s’en méfie pas moins des débats trop généraux et politiques sur le social. « Il faut dépasser le niveau idéologique, estime-t-elle. Plus on parle de généralités, moins on a de chance de parvenir à s’entendre ». Elle n’éprouve d’ailleurs aucun remords à ne pas avoir pris part au dernier sommet social européen tripartite – cette réunion entre Commission, partenaires sociaux et Conseil qui précède, fort discrètement, les rencontre des chefs d’Etats et de gouvernements des Vingt-Sept. « Dans ce type d’exercice, je ne sais pas si l’on écoute vraiment l’autre, ou si l’on sait d’avance ce que l’autre va dire », justifie-t-elle.
La puissance d’Uni-Europa, avec ses 330 fédérations professionnelles affiliées et ses sept millions d’adhérents revendiqués, elle préfère l’utiliser pour un travail plus discret de négociations par branches. Une preuve de l’efficacité de ce dialogue sectoriel européen ? Elle affiche la déclaration conjointe, signée le 6 mars dernier, entre le patronat européen du travail temporaire et la fédération des syndicats européens du secteur. Au moment où les confédérations syndicale et patronales peinaient, lors du sommet social tripartite, à faire avancer le débat sur flexicurité, la déclaration sectorielle établit, elle, « clairement que le travail intérimaire ne doit pas se développer au détriment des droits et des conditions de travail des travailleurs ». « Dès que l’on parle avec des employeurs qui sont directement confrontés à des enjeux européens, on parvient davantage à réaliser des progrès, relève Bernadette Ségol. C’est le cas dans le travail temporaire, où le patronat veut être reconnu comme un partenaire fiable ».
Cette méthode des petits pas et des avancées concrètes, la secrétaire générale d’Uni-Europa compte l’utiliser pleinement pour redynamiser une Europe sociale en panne. « Les employeurs de BusinessEurope, tout comme les gouvernements et la Commission, en prêtant si peu d’attention réelle au social, risquent de scier la branche sur laquelle il sont assis, regrette-t-elle. Il faut que l’Union européenne gagne le soutien des travailleurs et des citoyens » Elle a appelé à voter « oui » au référendum sur la Constitution, ne croyant guère à la « crise salvatrice » que déclencherait son rejet. « Mais le « non » français est à respecter, reconnaît-elle. Il faut l’analyser, le comprendre, y compris dans ses motivations sociales, pour le dépasser ».
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