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Le climat d’intolérance et de xénophobie qui règne en Italie – où vivraient plus de 560 000 Roumains – comme en Roumanie a atteint un degré inégalé depuis novembre dernier :

Une Italienne agressée mortellement par un présumé coupable Rom, des ressortissants roumains passés à leur tour à tabac dans la banlieue de Rome, un décret voté en urgence permettant d’expulser massivement des immigrés, un ministre des affaires étrangères roumain qui envisage d’acheter, « un morceau de désert égyptien pour y mettre tous ceux qui nuisent à notre image »,

Les autorités roumaines sont très inquiètes pour leurs ressortissants et condamnent les «réactions xénophobes» et les expulsions par les autorités italiennes. En Italie, des responsables politiques ont exprimé la crainte d’une «vendetta» anti-Roumains en Italie et en ont appelé à l’unité pour « bloquer la haine et les polémiques ». Le chef de l’opposition, Silvio Berlusconi, estime lui que l’Italie aurait dû instaurer, comme l’a fait l’Espagne, un moratoire de deux ans qui implique que les Roumains et les Bulgares désireux de s’installer dans le pays doivent être préalablement munis d’un permis de travail.

Pas de réaction de Bruxelles

Cette crise a remis sur le tapis un problème qui date de centaines d’années : l’intégration précaire dans la société de type européen d’une bonne partie de l’ethnie rome. Des sociologues et des analystes soutiennent que « le problème des Roms est, en premier lieu, le problème de la Roumanie – où ils représentent plus de 2,5% de la population – puis, de l’Europe. En effet, le décret italien est allé très loin et le gouvernement affirme qu’ on ne peut pas faire plus, vu les normes de l’Union européenne ». A Bruxelles, il n’y a pas encore eu de réactions officielles. Les experts n’en soulignent pas moins que de telles mesures franchissent la ligne rouge : en effet, il n’est possible d’expulser des ressortissants communautaires qu’en « cas de menace suffisamment grave et actuelle touchant un intérêt fondamental de l’Etat ».
Ces faits sont à rapprocher de ce qui se passe dans plusieurs Etats de l’UE : réaction anti-arabes en Espagne, intolérance croissante des Britanniques face à l’immigration venue d’Europe centrale et en particulier de Pologne, pour ne pas parler de la France où l’on assimile si facilement délinquance et immigration. L’intégration des Roms est certes très spécifique mais elle renvoie à des questions plus générales concernant les migrants du continent qui voyagent à travers toute l’Europe, de Roumanie en Italie et de France en Finlande. Peut-on se contenter de les envoyer d’un pays à l’autre ? Comment organiser un travail conjoint des réseaux sociaux de tous ces pays ? Peut-on en rester à des limitations de plus en plus drastiques et à des politiques de quota à courte vue ?

Claude-Emmanuel Triomphe

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